
Pour ce second tour des élections régionales, la surprise n'est pas venue des urnes : la liste de François Patriat a recueilli 52,65% des voix en Bourgogne, se faisant ainsi réélire pour quatre ans à la présidence de la région. Du coup, en préfecture de Dijon, l'effervescence n'était pas vraiment au rendez-vous... Et même, seul le président réélu a fait le déplacement avant 23h, tandis que son challenger, François Sauvadet, est resté à sa permanence de campagne, heureusement assez proche du périmètre de la préfecture. Quant au Front national*, c'était silence radio...
Une grande maison vide rue de la préfecture...
Lorsque les premiers résultats partiels tombent en début de soirée vers 20h, donnant François Patriat vainqueur, pas un chat n'erre alors en préfecture de Dijon. Pas même le Front national, arrivé pourtant en premier dimanche 14 mars lors du premier tour. Mais des rumeurs circulent : François Patriat se serait retiré seul dans son bureau en attendant les résultats définitifs... Quant au FN, la bande serait réunie à Auxerre.
François Sauvadet (33,53% des voix) sera donc le premier à prendre la parole, aux alentours de 21h, depuis sa permanence de campagne place des Halles à Dijon. A cette heure-ci, à moins d'un coup de théâtre (impossible), François Patriat est alors clairement réélu... La liste de la majorité présidentielle, UMP-Nouveau centre, obtiendra au final 14 sièges : 5 en Côte d'Or, 1 dans la Nièvre, 5 en Saône-et-Loire et 3 dans l'Yonne.
François Sauvadet : 33,53 % des voix, 14 sièges... 4,2 min de discours montre en main
"C'est une campagne que nous savions difficile... Aussi, j'aborde ce deuxième tour avec un résultat qui est acquis et que nous savions d'ailleurs pratiquement acquis dès le soir du premier tour, avec la présence du Front national qui témoigne bien des peurs et des inquiétudes. Il y a une forte mobilisation pendant ce second tour : nous faisons en Côte d'Or un meilleur score et en Bourgogne, un score très largement supérieur à celui de 2004. Il y a une équipe qui va être là pendant quatre ans et tout ce que nous avons porté pendant la campagne, nous allons continuer à le porter avec une opposition qui sera constructive et engagée".
"Cap 2014" ?!
Et de continuer : "C'est une leçon qu'il faut tirer et il faut entendre les messages qui nous ont été adressés naturellement. Certains me disaient : "Vous prenez un risque personnel". Mais qu'est-ce que c'est que cette conception de la politique qui voudrait que l'on reste dans son fauteuil au moment où les temps exigent autant d'engagement ? J'ai assumé mes responsabilités, j'assume le résultat que nous avons conduit et je forme des vœux pour l'avenir de la Bourgogne. Mais il y aura d'autres enjeux, d'autres élections qui vont arriver... Maintenant, cap 2014 !".
Interrogé sur son souhait de siéger au Conseil régional ou non, le président du Conseil général de Côte d'Or est resté particulièrement vague : "Je siègerai au Conseil régional car je suis élu conseiller régional. La loi me donne la possibilité d'avoir trente jours pour prendre ma décision... que je prendrai donc au terme de ces trente jours !".
François Patriat : 52,65% des voix, 37 sièges... 4,3 min de discours montre en main
Une heure plus tard, comme prévu, François Patriat arrive à la préfecture de Dijon. "Il faut se dépêcher, il n'a que 15 minutes avant de partir pour France 3...", précise Safia Otokoré, deuxième sur la liste en Côte d'Or. Sa rencontre avec les journalistes ne traîne pas, le discours semble rôdé : "C'est une victoire de la confiance et de l'amitié qui nous a été renouvelée par plus de 300.000 Bourguignons. Nous avons plus de 100.000 voix d'avance sur notre adversaire, qui lui-même en fait 40.000 de moins que Jean-Pierre Soisson en 2004. Nous faisons nous aussi moins car il y a moins de participation. Il reste que nous progressons dans l'Yonne très nettement et que nous maintenons notre score dans la Nièvre. En Saône-et-Loire, nous restons au même étiage et en Côte d'Or, nous avons vingt points d'avance sur le président du Conseil général du département, ce qui n'est pas une mince affaire...".
"Je crois que nous avons mené la campagne qu'il fallait faire. Nous l'avons menée pendant quatre mois alors que nos challengers ont fait un mois et demi de campagne en pensant qu'en étant soutenus par des ministres très nombreux et par le gouvernement, ils pouvaient occulter la rencontre avec les Bourguignons. Nous, nous leur avons rendu compte de notre mandat et nous les avons interrogés sur leurs attentes. Vous savez, une équipe qui se représente six ans après dans la conjoncture que l'on connaît et qui fait un peu mieux que la fois précédente, ce n'est pas si souvent arrivé".
La grande distribution... des sièges
Avec 37 sièges (11 en Côte d'Or, 6 dans la Nièvre, 13 en Saône-et-Loire et 7 dans l'Yonne) de gagnés par la liste du rassemblement de gauche, Europe Écologie Bourgogne arrive à conserver six élus. Philippe Hervieu, chef de file des Verts au premier tour et cinquième sur la liste de François Patriat au second, s'est d'ailleurs déclaré "satisfait" du résultat. Le Parti radical de Gauche, lui, s'est affirmé plutôt déçu : "Les socialistes n'ont pas non plus le nombre de sièges qu'ils souhaitaient !, relève François Patriat. Le PRG avait deux élus en 2004, il aura deux élus pour 2010... C'est vrai qu'il pouvait espérer en avoir trois mais la montée du Front national fait que nous n'avons pas le nombre de sièges escomptés". Didier Martin, à la 13ème place en Côte d'Or, avait bien vu en estimant sa position de "charnière" une semaine plus tôt... Il n'a en effet pas été réélu.
Cela n'a pas empêché ce dernier de se joindre à la petite fiesta organisée par les socialistes au cellier de Clairvaux à Dijon, où François Patriat s'est fait accueillir par une chanson d'anniversaire : le président sortant fêtait en effet son 67ème anniversaire en ce premier jour du printemps... En revanche, aucun Europe Écologie en vue sur la piste de danse ou ailleurs. Plus tôt dans la soirée, Philippe Hervieu avait prévenu : "Nous, on aime le caractère spontané de la fête et pas les fêtes organisées"...
Petites phrases entre nouveaux collègues...
- François Sauvadet : "J'observe que François Patriat fait moins bien qu'il n'avait fait en 2004 et nous, nous faisons mieux".
- François Patriat : "Dans cette campagne, il y a des petits plaisirs... Quand je vois, par exemple, que nous sommes majoritaires dans le canton de Vitteaux**".
- François Patriat : "Maintenant, le combat... euh, l'affrontement, est terminé. Le temps du travail est venu alors oublions les petites phrases de la campagne : tirons un trait dessus et tournons-nous vers ce qui est notre tâche".
* Édouard Ferrand, liste Front national : 13,82%, 6 sièges (2 en Côte d'Or, 1 dans la Nièvre, 2 en Saône-et-Loire et 1 dans l'Yonne).
** Vitteaux est le fief de François Sauvadet puisqu'il y a été maire et y est resté conseiller municipal depuis.
