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Dijon / Bourgogne

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Billet de blog 27 octobre 2009

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"Pour le Taser, on s'en doutait un peu..."

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Créé par décret le jour de la Sainte Edvige, ça ne s'invente pas, le nouveau fichier de police destiné "à la prévention des atteintes à la sécurité publique" fait débat. Quelques jours plus tard, c'est la société Taser qui reconnaît que son pistolet électrique est susceptible de provoquer des accidents cardiaques... Une semaine de polémique sur laquelle revient Frédéric Paillard, secrétaire zonal de Bourgogne Franche-Comté pour le syndicat Alliance Police nationale.

Qui est susceptible de figurer dans le nouveau fichier conçu par le ministère de l'Intérieur ?


"Toute personne ayant une activité ou menant une action qui porte atteinte à la sécurité publique. Si par exemple vous êtes un militant écolo qui va s'enchaîner à un arbre, vous serez fiché. Et cette fiche sera alimentée sans qu'on vous le signale. Mais si vous vous tenez bien pendant dix ans (trois ans pour les mineurs), elle sera supprimée.

De même que le fichier Edvige en 2008, cette nouvelle base de donnée est largement critiquée. Qu'en pensez-vous personnellement ?


Il faut être objectif : on essaye simplement de légaliser quelque chose qui existe déjà sur papier et qui n'est pas encadré. Est-ce qu'il vaut mieux rester aux bonnes vieilles méthodes des fiches carton ? Je ne le crois pas. Ce fichier sera alimenté et consultable par les policiers des services de renseignements. Le policier de base ou le gendarme devront donc passer par leur chef de service pour faire des recherches. Il y aura une traçabilité qui obligera à rendre des comptes : si je consulte à titre personnel un fichier, je m'expose à ce qu'on me demande un jour des explications sur ces recherches, cela étant réprimé par les tribunaux et en interne.

L'idée d'être fiché pour un oui ou pour un non par la police, ça ne met pas vraiment à l'aise une société...


Mais on est déjà fiché partout ! Les fichiers de santé, des impôts, les fichiers clients... Cela ne suscite aucune réaction alors qu'ils sont tout aussi dangereux car pas toujours rigoureusement contrôlés. De plus, la police a toujours dérangé des gens qui avaient quelque chose à se reprocher... La crainte de la fiche, c'est la crainte que l'on découvre des activités illicites.

Quand est-ce que ce fichier sera mis en place ?


On ne le sait pas encore. La question est également de savoir si les fiches existantes des renseignements généraux seront réutilisées ou non pour constituer ce fichier. J'imagine que oui, en supprimant bien sûr les informations qui ne relèvent pas du nouveau fichier.

Justement, les informations ayant trait à l'orientation sexuelle ou à l'origine ethnique de la personne, comme le prévoyait Edvige, ont été supprimées du nouveau fichier. En tant que policier, vous étiez pour ou contre ?


Je trouve ça logique d'avoir enlever ces renseignements-là. C'est mieux comme ça, car il ne faut pas qu'on oublie que nous sommes dans un Etat de droit.

Ce nouveau fichier viserait avant tout les bandes et les groupuscules. Est-ce qu'il sera utile à Dijon ?


On n'a pas vraiment de phénomène de bandes chez nous. Bien sûr, il existe des rivalités entre les quartiers : les gens s'identifient à un territoire, c'est donc utile de savoir auquel pour mieux comprendre les choses. Des règlements de compte où des personnes finissent dans des gravières, ça c'est déjà vu à Dijon...

La semaine dernière, une autre polémique a agité le débat public : la société Taser a reconnu que l'utilisation de son pistolet électrique pouvait entraîner des accidents cardiaques. Comment a été accueillie la nouvelle par les policiers qui l'utilisent ?


On s'en doutait quand même un peu... En formation, on ne nous a d'ailleurs jamais présenté le Taser comme inoffensif. Vous savez, à partir du moment où c'est une arme, il y a forcément un danger. Le flashball, ça peut crever les yeux, le Tonfa aussi peut faire très mal. Même les techniques de base comme une clé de bras peuvent être dramatiques si on tombe sur quelqu'un souffrant d'une pathologie respiratoire non décelable. On peut tuer avec n'importe quoi même si le degré de dangerosité n'est pas le même. Le Taser, c'est quand même une arme non létale, sinon on ne s'en encombrerait pas et on utiliserait que notre arme de dotation.

A Dijon, par qui et comment est utilisé le Taser ?
Il existe une dizaine de Taser dans la ville, tous réservés aux unités spécialisées de type BAC (Brigade anti-criminalité). A ma connaissance, s'il y a eu quelques tirs de flashball, le Taser n'a encore jamais été utilisé à Dijon."

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