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Billet de blog 28 février 2011

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Le NPA est-il mort... ou vif ?

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Déchiré par des divisions idéologiques, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) ne doute pourtant pas de son avenir. Malgré cette assurance, la question des alliances politiques, de la baisse des effectifs ou encore du retrait progressif de son leader, Olivier Besancenot, pose une question cruciale : le parti sera-t-il encore debout pour la course à l'élection présidentielle de 2012 ? Eléments de réponse avec Sylvie Faye-Pastor, membre de la direction départementale du NPA en Saône-et-Loire, et Loïc Demay, militant du parti à Dijon...

Le NPA à l'heure des divisions

Une politique d'alliances gérée au coup par coup lors des élections régionales en 2010 et la présentation d'une candidate voilée lors de cette même échéance électorale : il n'aura pas fallu davantage d'éléments pour briser l'élan d'unité au sein du Nouveau parti anticapitaliste (NPA), suscité après sa création en 2009... "Véritable creuset anticapitaliste à gauche" pour Loïc Demay, militant au NPA à Dijon, le parti a découvert ses divisions à l'heure du choix des urnes, loin des mobilisations fédératrices contre la politique du gouvernement... Depuis, un tiers des effectifs a quitté la formation d'Olivier Besancenot, voire la moitié : au début du mois de février 2011, le NPA revendiquait 6.000 membres, dont 4.500 à jour de cotisation, sur 9.123 lors de sa création en février 2009 - selon l'introduction du congrès fondateur du parti (Lire ici).

Un resserrement des effectifs qui aurait pu susciter un nouvel unisson politique... Malgré tout, lors de son dernier congrès national du 11 au 13 février 2011, le NPA n'a pas vu se dégager de ligne politique porteuse d'un souffle nouveau. Alors que la motion d'orientation politique de la direction du parti recueillait 40,83% des voix, celle des identitaires - le noyau dur trotskiste - en glanait 27,8% et celle du courant unitaire - favorable à une union de la gauche - 27,2%...

"Le NPA a une culture démocratique, c'est pourquoi il est tout à fait normal que certains points de vue s'expriment et divergent ! La greffe entre ligne dure de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) et les nouveaux militants n'est pas encore aboutie ? Cette situation est tout à fait normale pour une jeune formation politique comme le NPA", commente Sylvie Faye-Pastor, membre de la direction départementale du parti en Saône-et-Loire. "Nous savions que ce serait difficile", précise Loïc Demay. Et d'ajouter : "Suite aux élections régionales, nous devions faire le bilan... Aujourd'hui, même si cette situation est handicapante, elle montre surtout que notre fonctionnement est parfaitement démocratique".

Une ligne politique trop dogmatique ?

Lors de ce même congrès, six membres de la direction du NPA ont pris le chemin de la sortie, récusant l'isolement d'un parti refusant toute alliance avec d'autres courants de gauche (Lire ici Libération.fr). "On ne peut pas dire pour cette simple raison que le NPA est dogmatique ! Cependant, nous nous sommes construits sur une ligne indépendante et anticapitaliste : comment imaginer une stratégie d'alliance avec le Parti de gauche, qui lui-même est favorable à une ouverture vers le Parti socialiste (PS) ? Le PS est libéral en de nombreux points ; nous ne pouvons pas nous allier avec cette formation politique qui a tendance a oublier sa vocation sociale", explique Loïc Demay.

Pour ce militant dijonnais, les six partants avaient d'ailleurs déjà un pied en dehors du NPA. "Selon moi, deux facettes de la politique s'opposent : la vision institutionnelle, qui prône la révolution par les urnes ; et celle qui privilégie l'action, même au-delà des mouvements de manifestation", remarque-t-il. Selon lui, cette question des modes d'action est également un facteur de division au sein du NPA et si "certains camarades ont quitté le parti, c'était peut-être pour leur attachement à une vision plus institutionnelle de la politique".

Au-delà des conflits sur les stratégies d'alliances et la méthode d'action du parti, quelques points d'entente ont tout de même été trouvés lors du récent congrès du NPA, nuançant quelque peu un regard uniforme sur la crise de cette formation politique. Deux textes ont par exemple recueilli un vote majoritaire, cristallisant les aspirations des militants : une tribune intitulée Nos réponses à la crise et une motion de solidarité avec les peuples tunisien et égyptien. Il n'est pas certain, pourtant, que cette unité éphémère puisse cacher vraiment les divergences qui s'expriment au NPA...

Olivier Besancenot, leader malgré lui... jusqu'en 2012 ?

Et le porte-parole du parti dans tout ça ? "Vous savez, Olivier Besancenot est facteur, il a sa famille... Notre parti se caractérise justement par le fait que nous ne faisons pas de politique professionnelle. Cependant, même si nous prônons avant tout une ligne citoyenne plutôt que celle du show médiatique, il a dû se plier à l'exercice face aux télévisions et dans les journaux : ce sont eux qui l'ont fait. Aujourd'hui, je crois qu'il préside le parti car personne n'a encore annoncé vouloir prendre sa suite...", résume Sylvie Faye-Pastor. En mars 2011, la question du porte-parolat sera débattue au sein du NPA. "La solution sera peut-être trouvée dans une multiplication des porte-paroles", remarque Loïc Demay.

Surtout, le congrès de juin 2011 tranchera la question d'une candidature spécifique au NPA ou d'un rassemblement plus large pour l'élection présidentielle de 2012. Si l'absence de son leader fédérateur est actée, l'avenir du NPA pourrait bien continuer d'être synonyme de mort à petit feu...

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