
Le rendez-vous a eu lieu vendredi 23 octobre à la Maison de l’Amérique Latine sur Paris. Près d’une centaine de personnes ont fait le déplacement pour assister à la réunion de lancement du SPIIL, le Syndicat de la Presse d’Information Indépendante en Ligne. Éditeurs de presse en ligne, associations, bloggers, diffuseurs de contenus : tous sont venus afin de promouvoir le développement de l'information de qualité sur Internet. dijOnscOpe aussi…
Un projet inédit et ambitieux
A l’origine de ce projet inédit, 7 acteurs de l’information indépendante sur le net : @rrêt sur images, Bakchich, Indigo Publications, Mediapart, Rue89, Slate et Terra Eco, qui décident début octobre de créer un syndicat professionnel à l’ambition bien prononcée : regrouper des éditeurs de presse en ligne.
Sachez que pour le moment, si ce statut particulier a fait l’objet d’une loi en juin dernier, les décrets d’application sont toujours en attente. Néanmoins, une première définition est d’ores et déjà donnée : est considérée comme éditeur de presse en ligne toute société remplissant ces principaux critères :
* avoir le numérique pour activité de référence ;
* diffuser de l’information politique et générale en lien avec l’actualité ;
* disposer d’un contenu d’information original et régulièrement renouvelé ;
* embaucher au moins un journaliste professionnel.
La reconnaissance officielle de la presse en ligne
Comme le souligne Maurice Botbol, Président du SPIIL et directeur d’Indigo Publications, « il est temps que l’information en ligne dispose d’un véritable statut d’éditeur de presse ». Programmée pour les semaines à venir, cette reconnaissance officielle va permettre toute une série d’avantages fiscaux et juridiques, telle que la baisse de la TVA, sans oublier l’accès aux subventions consacrées à la presse.
Ainsi, près de 20 millions d’euros seraient répartis dans les trois années à venir entre les différents éditeurs de presse en ligne. Un beau chiffre pour ceux qui ont créé leur société sans subventions ; à relativiser toutefois au regard des montants alloués à la presse papier (près de 600 millions d’euros pour la même période selon Edwy Plenel de MédiaPart).
En bref, le SPIIL aura pour mission principale de veiller à la transparence des aides financières accordées à la presse et l’intégrité des processus de délivrance des cartes de presse notamment, via la Commission Paritaire des Publication et Agence de Presse (CPPAP) et le Comité d’orientation du fond d’aides à la modernisation de la presse.
Liberté, égalité, fraternité
Président et co-fondateur de MédiaPart, Edwy Plenel considère ce projet fédérateur comme un enjeu fondamental de la démocratie et de la liberté de la presse. D’ailleurs, il reprend à son compte la devise du pays et la décline en valeurs constitutives du SPIIL.
Le premier enjeu est politique, il est celui de la « liberté du net contre l’offensive de diabolisation d’internet, qui n’est pas un égout pour nous mais notre support de référence. »
Le second enjeu est économique : « l’égalité des armes avec la presse papier ». Si nous faisons de la presse, alors nous devons disposer des mêmes droits que la presse existante.
Le troisième enjeu est d’ordre professionnel ; il est celui de la fraternité : « Au-delà de nos différentes histoires, le SPIIL doit être un lieu de rencontres des idées et non de confrontations concurrentielles. »
De belles paroles qui font échos chez certains et en fâchent d’autres, notamment les bloggers et les associations d’informations sur le net, qui se sentent exclus du SPIIL car incapables aujourd’hui de remplir les exigences du statut d’éditeur de presse en ligne. Ils pourront néanmoins intégrer le syndicat au titre de « membres associés », une notion à préciser toutefois dans les temps à venir.
Redorer le blason du net
Quelle crédibilité accorder à la presse en ligne ? Tourt l’enjeu est bien ici. Membre fondateur de Rue89, Laurent Mauriac soutient que la presse en ligne est l’une des alternatives à la crise que connaît actuellement la presse : « Internet n’est pas une échappatoire pour nous ; nous y sommes allés avec enthousiasme ! » Et ils ont eu raison puisque plus d’un million de visiteurs uniques consultent chaque mois le site d’informations généralistes. Le plus inquiétant finalement ? « Etre menacé par ses propres confrères ; devoir mener cette bataille pour la survie de la presse d’information contre d’autres journalistes »... comprenez contre le Nouvel Observateur notamment, dont les propos virulents dépréciant le journalisme sur internet ont stigmatisé le SPIIL ces dernières semaines. Toujours aussi direct, Edwy Plenel souligne lui le problème des régions et de la Province où devraient émerger de plus en plus de sites d’informations, histoire d’affronter « la vieille presse papier crispée et monopolistique, qui ne comprend pas les enjeux. »
Bref, nouveau jeu, nouvelles règles : Internet a obligé les journalistes à redescendre de leur piédestal. Pour le SPIIL, ce sont encore les valeurs traditionnelles du journalisme qui nous réunissent tous ; reste à demeurer vigilant pour ne pas s’enclaver du reste de la profession...
Contact :
Syndicat de la presse indépendante d'information en ligne (SPIIL)
Courrier : c/o Mediapart - 8, passage Brulon - 75012 Paris
e-mail : spiil.info@gmail.com
Tel : Maurice Botbol - 01 44 88 26 16
