
En déplacement dans le Jura, Nicolas Sarkozy a présenté mardi 27 octobre 2009 son plan d'aide à l'agriculture, réponse à l'ultimatum fixé la semaine dernière par les organisations syndicales. 1,65 milliard d'euros sur la table, dont un milliard de prêts bancaires bonifiés. Un discours qui n'a pas manqué de faire réagir les ténors politiques, à défaut d'entendre les premiers concernés !
"Je ne vous abandonnerai pas"
Le 16 octobre dernier, ils étaient plus de 50 000 en France mais aussi à Dijon, à se mobiliser pour dénoncer "la crise la plus grave depuis 30 ans" touchant le monde agricole. Blocages en tout genre, affrontements avec les forces de l'ordre, ils avaient promis de "passer à l'action" si le Président de la République ne prenait pas la mesure de la crise. Message a priori reçu par Nicolas Sarkozy, qui était, hier mardi 27 octobre, dans la capitale du Comté, Poligny, au cœur du Jura. Il a annoncé 650 millions d'euros de "soutien exceptionnel de l'Etat" et un milliard d'euros de prêts bonifiés (taux réduits) pour faire face à une crise "absolument exceptionnelle". Tout au long d'un discours durant lequel il aborde le thème de l'identité nationale cher à Eric Besson, il martele à plusieurs reprises qu'il ne "laissera pas la crise emporter notre agriculture". Un crédo qu'il aura à cœur "d'engager dans son intégralité avant fin 2009" a-t-il assuré. A quelques mètres, 25 agriculteurs (téméraires) ont bravé l'interdiction préfectorale en manifestant leur mécontentement avant d'être expulsés par les CRS.
"Un plan sans précédent"
Au total, ces mesures représentent 1,65 milliard d'euros, dont 650 millions d'euros à la charge directe de l'Etat. "Chaque agriculteur doit pouvoir vivre du prix de son travail et de sa production" a rappelé le Président, qui promet que les banques vont accorder un milliard d'euros de prêts sur une durée de cinq ans avec 60 millions pour baisser les taux d'intérêts (de 1,5% à 1% pour les jeunes exploitants). De plus, l'Etat promet de prendre en charge les cotisations 2009-2010 à la MSA (soit 50 M€), la taxe sur le foncier non-bâti (50 M€), la TIPP (Taxe sur les Produits Pétroliers) et la taxe intérieure de consommation sur le gaz naturel (170 M€). 120 M€ d'euros seront aussi consacrés au remboursement de 75% de la taxe Carbone lors du premier trimestre 2010. Des gros chiffres qui ne satisfont pas pour autant les agriculteurs, qui souhaitaient notamment un retour de la régulation au niveau mondial et européen. Reconnaissant les défaillances du système, Nicolas Sarkozy a demandé à la Commission européenne de prendre des initiatives afin de "limiter la spéculation croissante". A Gauche et à Droite, bien entendu, les avis divergent. Les syndicats avaient demandé 400 millions d'aide directe : ils sont servis. Mais les premiers à riposter sont les élus, qui engagent une joute verbale...
Vers un chèque en bois ?
Tout juste quelques minutes après la fin du discours, le sénateur-maire de Dijon François Rebsamen, qualifie ce plan d'urgence "de courte vue et de court terme, pour un monde agricole en péril", destiné selon lui à "calmer les agriculteurs et à apaiser une catégorie d'électeurs déçus (...) à quelques mois des échéances régionales". François Sauvadet, Président du Conseil Général de Côte d'Or et du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée Nationale, a rencontré le premier ministre lundi dernier. Il se félicite lui de l'annonce en avouant : "c’est ce que j’attendais du chef de l’Etat et ce que je lui demandais d’exprimer avec force", avant d'affirmer qu'il "prendra l'initiative d'une rencontre avec les organismes agricoles pour préparer la future loi de modernisation agricole". Rémi Delatte, le député-maire de Saint-Apollinaire se réjouit lui de "la réaction ambitieuse du gouvernement face au désarroi des campagnes". François Rebsamen de conclure : " Le Président de la République refusait en septembre dernier de "donner un chèque en blanc à la FNSEA ", mais ne risque-t-il pas aujourd’hui de donner, "un chèque en bois" aux agriculteurs ?"
