dijOnscOpe

Abonné·e de Mediapart

Billet publié dans

Édition

Dijon / Bourgogne

Suivi par 18 abonnés

Billet de blog 28 novembre 2009

dijOnscOpe

Abonné·e de Mediapart

Les jeunes écrivains locaux et le monde de l'édition - Episode 1 : le sort des jeunes auteurs régionaux

dijOnscOpe

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tandis que le Club des Écrivains de Bourgogne fête son 2ème anniversaire, dijOnscOpe a pris rendez-vous avec 4 auteurs dijonnais : Georges Thiéry, Chloë Malbranche, Bruno Lemoine et Jean-Luc Bourdon. 4 écrivains, 4 parcours singuliers, 4 étapes différentes sur le chemin de l'édition. Questions : Comment se faire éditer lorsque l'on est un jeune auteur ? L'édition représente-t-elle un parcours du combattant ou non ?

Georges a fait l'expérience de l'auto-publication et part à la recherche de vrais éditeurs; Chloë a déjà publié 2 ouvrages aux Éditions Vermifuge, une petite maison d'édition régionale. En contrepoint, le témoignage de David Demartis sur l'auto-édition, cofondateur des Éditions du Murmure et chargé d'économie du livre au Centre Régional du Livre.

Georges Thiéry, un jeune auteur en quête d'éditeurs : ses débuts en auto-publication


Poète et artiste-peintre, Georges occupe également un poste de technicien supérieur de fouilles archéologiques. "J'alterne des contrats en archéologie qui me permettent d'avoir une période où je me consacre à l'écriture et à la peinture. J'écris depuis 1999, j'ai compilé des carnets, j'en ai entre 70 et 80, ce sont des dessins et des textes imbriqués. J'écris surtout le soir, c'est presque une urgence pour moi de vider ma journée sur le papier. En 2007, j'ai commencé à être publié dans la revue Némésis, une revue basée sur le campus de l'Université de Bourgogne. J'ai également publié deux "poèmes-dessins" dans un fanzine parisien (Nimp magazine) en février 2008.


En 2008, j'ai choisi l'auto-édition avec le site Lulu.com et j'ai publié deux livres : "Les Sexes jaunes" et "Mots aux femmes". Ils sont en libre-téléchargement sur le site. Il n'y a pas de coût, il suffit de créer un PDF avec des images et l'on reçoit une réponse sous 15 jours. Puis, en 2009, j'ai publié "Les Jours tombent" sur Edilivre.com. Il n'y a rien à payer du moment que la couverture est sans image. Mais ce qui pose problème, c'est qu'Édilivre récupère déjà tous mes droits et qu'au niveau de la distribution, l'auteur est tenu de faire sa propre publicité et de vendre ses ouvrages; d'autant que les sites censés travailler avec Edilivre, comme Amazon ou Alapage, ne veulent plus le faire. Je dois acheter mes livres et les revendre, tout en sachant que les prix pour les auteurs deviennent valables à partir de 100 exemplaires achetés, donc cela représente des sommes énormes à avancer pour un jeune auteur !


Au final, je ne veux plus leur proposer de textes car Edilivre ne s'occupent pas de la distribution, ils se contentent d'imprimer les livres et de les mettre en vente sur internet. En plus, ils gardent mes droits d'auteur ! Aujourd'hui, je suis en quête d'un vrai éditeur car finalement, ce système revient à de l'auto-édition. J'ai pris contact avec le Centre Régional du Livre où j'ai rencontré David Demartis qui m'a orienté vers des maisons d'édition à Bourges et à Rennes". Justement, que pense ce professionnel de l'édition de l'auto-édition ?

David Demartis : un regard professionnel sur l'auto-édition


A la tête des Éditions du Murmure, David Demartis occupe également un poste de chargé d'économie du livre au Centre Régional du Livre. C'est surtout en sa qualité d'éditeur qu'il témoigne : "Je rencontre beaucoup de personnes qui veulent être éditées. Avant tout, j'essaie de poser un maximum de questions pour connaître leurs compétences, leur connaissance du métier et leur budget. Je leur décris l'activité, le travail de composition et s'ils veulent sous-traiter ou non à des imprimeurs. Ensuite, nous parlons de la commercialisation et du rapport avec les libraires : quel prix pour un livre, quel stock à prévoir, quelle viabilité économique du projet dans sa globalité ? En fait, nous voyons les principes de base de la création du livre jusqu'à sa diffusion entre les mains du lecteur.


Je reçois de jeunes auteurs qui ont malheureusement déjà signé des contrats d'auto-édition donc tout ce travail de conseils fait en amont est perdu ! Car une fois le contrat signé, on ne peut plus rien faire pour eux ! Ce sont des plateformes éditoriales, équivalentes à de simples imprimeurs qui montent un site. C'est comme si on achetait son propre livre au final. Tout cela n'est pas de l'édition pour les professionnels parce que généralement, les livres ne sont pas travaillés, leur qualité est souvent médiocre et ce sont des structures qui ne connaissent pas la chaîne du livre.
Attention, cela ne veut pas dire que ces livres sont mauvais, c'est surtout qu'ils sont noyés dans la masse. Internet est une possibilité pour ces auteurs de trouver leurs lecteurs, c'est bien pour cette raison que cela se développe. Mais sans s'en apercevoir, on a une catégorie d'auteurs/éditeurs entrain de naître mais dans laquelle aucun modèle économique viable ne se dégage".


De ce fait, quelle alternative choisir à l'auto-édition pour prétendre à l'édition ? Jeune auteur également, Chloë Malbranche a réussi à être éditée dans une petite maison d'édition régionale.

Chloë Malbranche : deux livres publiés aux Éditions Vermifuge, une petite maison d'édition régionale


En fin de thèse à l'université de Bourgogne, Chloë conçoit l'écriture comme "un moyen pour laisser s'expérimenter son inconscient". A la différence de Georges, c'est surtout son travail universitaire qui lui a ouvert les portes des Éditions Vermifuge, une petite maison d'édition régionale, située à Nolay et dirigée par Perrin Grimard. Cette maison d'édition se présente comme une alternative à l'auto-édition. Elle se veut "un laboratoire de littérature contemporaine" qui n'hésite pas à publier des thèses et des essais de jeunes auteurs. Ainsi, en 2006, après seulement 6 mois de démarches, Chloë réussit à faire éditer des extraits de sa thèse ("le retour de l'art mural à l'époque contemporaine"), dans son premier livre "Réminiscences et traces". Deux ans plus tard, nouvelle publication : "Le Radis de cristal", toujours aux Éditions Vermifuge.


"C'est une maison d'édition qui fonctionne bien. Elle est dirigée par Perrin Grimard et il est vraiment super ! Il fait beaucoup pour se faire connaître et faire connaître les auteurs qu'il édite. Il assure la distribution de mes livres. On peut trouver mes livres à la librairie Grangier, à Ciel Rouge mais aussi à la FNAC de Dijon. Bientôt, ils seront référencés dans toutes les FNAC de France. Je mène également d'autres projets. Déjà Perrin veut éditer ma thèse une fois qu'elle sera terminée, ma soutenance est prévue en février 2010.


Et puis, j'ai un autre projet né de mes interventions sur Radio Culture Dijon. Au départ, c'était seulement des virgules poétiques et aujourd'hui, ce sont des émissions de 15 minutes. Elles vont devenir un abécédaire surréaliste, écrit à 4 mains avec mon amie Marie-Angèle Pretot". Sur les ventes de ses livres, Chloë touche 10% et pour subvenir à ses besoins, parallèlement à sa thèse et à son travail d'auteur, elle donne des cours à l'Alliance française de Bourgogne et poursuit sa formation à l'IUFM pour devenir professeur des écoles.


Georges Thiéry et Chloë Malbranche, deux jeunes auteurs prometteurs qui expérimentent le monde de l'édition. 2e épisode demain, avec les témoignages de 2 écrivains plus confirmés : Bruno Lemoine et Jean-Luc Bourdon.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.