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Billet de blog 29 août 2011

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Le pouvoir d'achat en baisse, une simple vue de l'esprit? (Partie 1/2)

Le pouvoir d'achat des Français aurait reculé de 0,6% en un an selon le magazine 60 millions de consommateurs. Entre juin 2010 et juin 2011, les ménages auraient ainsi dû faire face à une perte de vingt euros dans leur budget mensuel.

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Le pouvoir d'achat des Français aurait reculé de 0,6% en un an selon le magazine 60 millions de consommateurs. Entre juin 2010 et juin 2011, les ménages auraient ainsi dû faire face à une perte de vingt euros dans leur budget mensuel. En cause : les prix des carburants, du fioul, du gaz, de l’électricité et de la viande. De son côté, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) prédit une hausse du pouvoir d'achat de 1% pour 2011. Qui a tort, qui a raison ? dijOnscOpe fait le point sur quelques vrais chiffres du coût de la vie...

Pouvoir d'achat, pouvoir d'acquérir

"Oui, il est indéniable que la vie est plus chère qu'il y a quinze ans, affirme Pierre Guille, président de la branche côte-d'orienne de l'association UFC-Que Choisir. Cela se constate surtout lors du passage du franc à l'euro. Depuis, le pouvoir d'achat est moins important". Mais avant d'aller plus loin, il faut d'abord se mettre d'accord sur la définition du pouvoir d'achat, "ce sujet de préoccupation des Français qui suscite controverses et malentendus" selon l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) : "En soi, le terme de pouvoir d'achat peut porter à confusion car il recouvre des acceptions très différentes". Pour Pierre Guille, il s'agit d'avoir la capacité financière de pouvoir acquérir des biens qui répondent aux besoins essentiels - la nourriture, le logement, les énergies et les transports - et optionnels - l'habillement et les loisirs.

Mais la définition de référence, plus précise, est donnée par l'Insee : "La notion usuelle du pouvoir d'achat correspond au pouvoir d'achat du revenu disponible brut. Le revenu disponible brut est le revenu qui reste à la disposition des ménages pour la consommation et l'épargne une fois déduits les prélèvements fiscaux et sociaux. Il comprend en particulier les revenus d'activités (pour les ménages, les salaires et traitements bruts, pour les entrepreneurs individuels, les bénéfices réalisés), les revenus du patrimoine (dividendes, intérêts et loyers), et les prestations sociales (allocations familiales, minima sociaux, pensions de retraite, indemnités de chômage...). Enfin, l'évolution du revenu disponible brut est corrigée de la hausse des prix des produits consommés. L'inflation est donc prise en compte dans le calcul du pouvoir d'achat." (Lire ici la définition en entier).

Histoire et déboires des prix à la consommation

Aussi, pour pouvoir parler du pouvoir d'achat, il faut d'abord considérer les prix des produits consommés. En France, ces derniers ont été multipliés par 63 entre 1945 et 1995, et par 13 depuis 1950, d'après une étude publiée en 1996, Du blocage des prix vers la déréglementation, 50 ans de prix à la consommation (Consulter ici). "Depuis 1960, les prix ont ainsi été multipliés par 7,6 en France, 3,3 en Allemagne, 11,9 au Royaume Uni et 23,4 en Espagne. En France, la hausse annuelle a été démesurée dans l’immédiat après-guerre (1945- 1949). Entre 1950 et 1961, période d’expansion, elle a ralenti fortement sous l’effet de nombreuses interventions de l’Etat, bien que la forte remontée en 1958 ait montré les limites d’une politique des prix très contraignante.

Entre 1961 et 1971, la hausse fut contenue sous l’effet des contrats de régulation des prix, les excédents de produits agricoles exerçant aussi une influence à la baisse. Les hausses de salaires, suite aux évènements de 1968, relancèrent les prix. À partir de 1971, la situation s’aggrava avec la crise monétaire et les tensions sur les marchés de matières premières (deux chocs pétroliers en 1974 et 1979). Après les fortes hausses, la décélération des prix fut ensuite très prononcée de 1982 à 1986 du fait d’un fonctionnement plus concurrentiel de l’économie, des modifications de fiscalité et de la chute des prix du pétrole. Depuis, l’inflation se maintient à moins de 4 %. Entre 1949 et 1995, les prix des produits manufacturés ont été multipliés par 10, ceux de l’alimentation par 13 et ceux des services par 36. Ce sont ces derniers dont la part en valeur dans le panier du consommateur a le plus augmenté : en 1995, ils pèsent deux fois plus qu’en 1949. Les prix du tabac ont été multipliés par 14 et ceux de l’énergie par 16,5".

Les prix passés au détecteur d'augmentations...

Après 1995, les prix à la consommation ont continué d'augmenter. Néanmoins, le pouvoir d'achat des Français s'est également accru, à en croire l'Insee : "Après avoir vigoureusement augmenté durant les années de forte croissance (+3,4% par an en moyenne sur 1998-2002), il a globalement ralenti sur les dernières années (+1,9% par an en moyenne sur 2003-2006). Mesurée par habitant, par ménage ou par unité de consommation, la croissance du pouvoir d’achat est un peu plus faible en raison du dynamisme démographique".

L'Insee note par ailleurs que "malgré cette progression, de nombreux ménages ont l’impression que leur pouvoir d’achat se dégrade"... Ainsi, l'impression que les prix augmentent plus vite que les revenus ne serait qu'une simple vue de l'esprit ? Pour en avoir le cœur net, nous avons retrouvé les prix de quelques produits de consommation courante datant de 1995/1997, en les comparant à ceux de 2011. En voici le résultat :

  • Prix d'un timbre pour les lettres de moins de 20g : 0,42€ (2,80F) > 0,60€

Infos : le prix du timbre est passé de 0,58€ à 0,60€ en juillet 2011 mais la Poste s'est néanmoins engagée à ce que le prix du timbre "reste stable en 2012". Le prix des timbres aurait augmenté de 11% en cinq ans (Lire ici l'article du Monde.fr sur le sujet).

  • Prix d'un ticket de cinéma : 5,30€ (34,73F en moyenne en 1997) > entre 7,50€ et 9€

Infos : Dans un article publié sur son site, le Sénat titre : "Le cinéma : un luxe populaire". Entre 1960 et 1990, "le prix du billet aura été multiplié par 16,8 quand le prix moyen des biens de consommation l'aura été par sept. Mais l'importance du facteur prix dans le processus de prise de décision des spectateurs doit être relativisée, et ce même si la concurrence de la télévision a fortement modifié la hiérarchie des prix. Car, d'après les études réalisées par le CNC [ndlr : Centre national du cinéma et de l'image animée], le prix des places ne constitue pas un obstacle majeur à la fréquentation cinématographique, même au cours des périodes où l'évolution de ce prix s'avère être supérieure à celle de l'indice général des prix. En fait, et au même titre que d'autres spectacles plus onéreux, le cinéma n'apparaît cher que lorsque le film n'a pas tenu toutes ses promesses (Lire ici l'article du Sénat et ici l'article d'Alconis.com sur le sujet).

  • Prix d'une baguette de pain : 0,60€ (3,97F en 1997) > 0,90€

Infos : Selon l'Express.fr, "dès septembre 2011, la baguette va encore augmenter de cinq centimes, avec un prix compris entre 75 et 95 centimes, franchissant même dans certaines boulangeries le seuil symbolique des 1 euros. Dans les grandes surfaces, approvisionnées par des industriels qui fabriquent des baguettes pré-cuites ou surgelées, il faut aussi s’attendre à une hausse d’environ 8%. La baguette devrait alors dépasser les 50 centimes. Pour justifier cette décision, les boulangers invoquent la flambée des cours du blé, nécessaire pour fabriquer la farine. Les cours ont en effet presque doublé en un an, passant de 130 à 237 euros, selon l’association nationale de la meunerie française" (Lire ici l'article de l'Express.fr).

  • Prix d'un litre d'essence super : 0,80€ (5,93F) > 1,526€

Infos : Dans un communiqué reçu mardi 19 juillet 2011, Éric Besson, ministre chargé de l'Industrie, de l'Énergie et de l'Économie numérique auprès du ministre de l'Économie, faisait le point sur l’évolution des prix des carburants, affirmant qu'une nouvelle flambée des cours avait pu être évitée (Lire ici le communiqué).

Selon l'Insee, entre 2009 et 2010, les prix de l’énergie ont fortement augmenté : +10,0 %. Cette augmentation traduit celles des prix des produits pétroliers (+14,4 %), dans le sillage des cours du pétrole brut : +23,2 % pour les fiouls domestiques et +13,4 % pour les carburants. Dans le même temps, les tarifs du gaz de ville ont augmenté de 6,9 % et ceux de l’électricité de 2,4 % (Consulter ici l'étude).

En 2006, la part de budget (7,3 %) que les ménages français ont consacré à leurs dépenses d’énergie est proche de celle qui prévalait avant le premier choc pétrolier de 1974. Elle a atteint un pic en 1985 (10,2 %), du fait des fortes hausses des prix énergétiques et de l’utilisation croissante de l’automobile. En 1987 et 1988, la baisse des prix relatifs consécutive au contre-choc pétrolier a permis une forte diminution de cette part. Elle s’est ensuite stabilisée et depuis 2002, avec la nouvelle montée du prix du pétrole, elle s’est accrue de nouveau de 0,5 point. Aujourd’hui, ces dépenses en énergie se partagent quasiment pour moitié entre énergie à usage domestique et carburants. Parmi les dépenses de chauffage, le gaz est devenu la source la plus utilisée. Depuis 2002 et sous l’effet des fortes hausses de prix, les achats de carburants diminuent en volume, du fait d’une baisse du kilométrage parcouru et des consommations unitaires des véhicules. Le gazole, qui demeure moins onéreux que l’essence sans plomb, poursuit son essor (Consulter ici l'étude de l'Insee).

  • Prix d'un paquet de 20 cigarettes blondes : 2,36€ (15F) > 5,90€ (prix moyen par paquet)

Infos : Entre 1991 et 1996, le prix du paquet de cigarettes a été multiplié par deux selon l'Insee (Lire ici l'étude sur le sujet). Depuis, son augmentation n'en finit plus : selon Le Parisien.fr, "le Premier ministre a annoncé mercredi 24 août 2011 une hausse "quasi immédiate" du prix du tabac. Une mauvaise nouvelle pour les fumeurs qui vont devoir débourser 35 centimes de plus pour se payer le paquet de cigarettes. Il franchit ainsi le seuil symbolique des 6€ en passant de 5,90€ à 6,25€. C’est la deuxième hausse en quelques mois, puisque le tabac avait déjà augmenté de 6% en novembre 2010" (Lire ici l'article).

  • Prix d'une consultation médicale : 17€ (110F) > 25€

Infos : Pour en savoir plus sur le sujet, consulter ici l'étude publiée sur le site de la Sécurité sociale.

  • Prix d'un appartement de 85m2 dans le quartier Montchapet, à Dijon : 75.000€ (500.000F) > 220.000€

Infos : Selon l'Insee, "le logement occupe une place majeure dans le budget des ménages. En 2008, ceux-ci consacrent plus du cinquième de leur revenu disponible brut aux dépenses courantes de logement (nettes des aides), soit deux fois plus qu’aux dépenses d’alimentation ou de transport. La dépense moyenne pour se loger s’élève à 9.400 euros par an et par logement. Elle augmente à un rythme très soutenu en 2008 (+3,3%, après +2,8% en 2007). En cause, la très forte augmentation des dépenses d’énergie (+8,3% par logement). Les locataires du secteur libre et les non accédants subissent les hausses les plus importantes (respectivement +3,5% et +3,4% par logement en moyenne). Les locataires du secteur social bénéficient de loyers plus bas que les locataires du parc privé mais leurs charges sont en revanche plus élevées. L’énergie et les charges représentent en moyenne 34% des dépenses de logement pour un locataire du parc social contre 26% pour un locataire du parc privé. Le loyer du secteur social augmente moins fortement que dans le secteur libre en 2008" (Consulter ici le document de l'Insee).

  • Smic horaire brut : 5,64€ (37F) > 9€ / Smic mensuel brut : 952,75€ (6.249,62F- 39h) > 1.365.03€ (35h)

Infos : En principe, le Smic (Salaire minimum interprofessionnel de croissance) augmente chaque 1er janvier. Mais lorsque l'inflation a augmenté d'au moins 2% par rapport à l'indice constaté lors de la dernière revalorisation du Smic, une revalorisation doit intervenir en cours d'année. Fin mai 2011, l'indice des prix à la consommation n'avait progressé que de 1,9 %, ce qui excluait toute revalorisation automatique du Smic au 1er juillet. Selon les chiffres de l'Insee, la barre des 2% n'a à nouveau pas été atteinte en juin (1,96% d'inflation). Ce qui explique qu'il n'y a pas eu de revalorisation automatique du Smic le 1er août (Lire ici l'article de Boursier.com sur le sujet).

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