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Billet de blog 31 août 2011

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Le pouvoir d'achat en baisse, une simple vue de l'esprit? (Partie 2/2)

«Quel est le problème qui vous paraît le plus important pour la France?», interroge un sondage Ifop* publié mardi 30 août 2011. La dette et les déficits publics? L'emploi? Non, ces deux sujets sont placés ex aequo en deuxième position. En obtenant 28% des votes, le pouvoir d'achat arrive en tête des préoccupations des sondés… La situation est-elle réellement alarmante? Après avoir fait le point sur quelques vrais chiffres du coût de la vie dans la première partie de l'article publiée lundi 29 août 2011, dijOnscOpe interroge les comportements de consommation des ménages…

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«Quel est le problème qui vous paraît le plus important pour la France?», interroge un sondage Ifop* publié mardi 30 août 2011. La dette et les déficits publics? L'emploi? Non, ces deux sujets sont placés ex aequo en deuxième position. En obtenant 28% des votes, le pouvoir d'achat arrive en tête des préoccupations des sondés… La situation est-elle réellement alarmante? Après avoir fait le point sur quelques vrais chiffres du coût de la vie dans la première partie de l'article publiée lundi 29 août 2011, dijOnscOpe interroge les comportements de consommation des ménages…

Le taux de pauvreté a augmenté de 0,5% en 2009

Le taux de pauvreté en France augmente et pour une fois, c'est même l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) qui le dit... Dans une étude publiée mardi 30 août 2011, l'Institut national de la statistique révèle en effet que "le taux de pauvreté à 60% de la médiane - correspondant à un niveau de vie inférieur à 954 euros par mois en 2009 - a augmenté de 0,5 point entre 2008 et 2009, pour revenir à un taux voisin de celui de 2007. De plus, par rapport au seuil de pauvreté, les personnes pauvres disposent d’un niveau de vie plus faible qu’en 2008. En effet, l’intensité de la pauvreté, qui mesure l’écart entre le niveau de vie médian des personnes pauvres et le seuil de pauvreté, passe de 18,5% à 19,0%. En 2009, 8,2 millions de personnes vivent en dessous de ce seuil en 2009, dont la moitié vivent avec moins de 773 euros par mois" (Consulter ici l'étude complète).

Par ailleurs, en 2009 toujours, "10,1% des actifs ayant au moins 18 ans sont pauvres, soit 2,8 millions de personnes. Même si le taux de pauvreté des chômeurs diminue de 1,1 point par rapport à 2008 et celui des personnes occupant un emploi reste relativement stable, la situation s’est dégradée pour l’ensemble des actifs puisque la proportion de pauvres parmi ces derniers était de 9,5% en 2008. La forte augmentation du nombre de personnes au chômage, qui figurent parmi les catégories les plus fortement touchées par la pauvreté, explique cette évolution. Néanmoins, en 2009, le taux de pauvreté baisse pour les chômeurs, population qui s’est modifiée avec la crise : plus âgés et plus qualifiés que les chômeurs de 2008, le montant de leur allocation chômage est plus élevé. Par ailleurs, les chômeurs ayant connu des périodes d’emploi ont pu bénéficier pour la première fois du complément de revenu induit par le RSA. Au sein des personnes occupant un emploi, ce sont les non-salariés qui sont touchés par la hausse de la pauvreté : leur taux de pauvreté passe de 15,3 % à 16,9 % entre 2008 et 2009".

L'Insee conclut que d’une manière générale, "les crises ont un impact plus fort sur le niveau de vie des non-salariés que pour les autres catégories du fait d’une plus grande sensibilité de leurs revenus à la conjoncture économique. En euros constants, le niveau de vie médian des non-salariés recule de 0,8% alors que celui des salariés augmente de 1,4%". De même, "le niveau de vie médian des retraités augmente de 1,3% en euros constants en 2009. Leur taux de pauvreté est stable, à 9,9%".

Des choix cornéliens...

Ainsi, le niveau de vie des ménages les plus aisés a continué d'augmenter - bien que moins rapidement que les années précédentes pour certains d'entre eux - quand celui des plus modestes a diminué. Il n'est donc pas faux de dire que le pouvoir d'achat augmente en France (ndlr : 1% en 2011 selon l'Insee) mais pas pour tout le monde. Selon Pierre Guille, président de la branche côte-d'orienne de l'association de consommateurs UFC-Que Choisir, "la crise et les hausses des prix à la consommation qui s'en sont suivis ont obligé les ménages à faire des choix de consommation. Ceux qui ont eu des rentrées d'argent régulières ont changé volontairement leur mode de consommation".

Pour les ménages au budget stable, le poids croissant des dépenses "contraintes" ou à "engagement contractuel" (ndlr : logement, chauffage, téléphonie, assurances - soit plus du quart du revenu disponible brut), à cause duquel la progression du pouvoir d'achat a ralenti à partir de 2003 selon une étude du Conseil national de l’information statistique (CNIS - Consulter ici l'étude), ont obligé à se restreindre sur des besoins plus "optionnels", type vacances, habillement... Dans son rapport sur La France en transition – 1993-2005, de novembre 2006, le Conseil supérieur de l’emploi, des revenus et des coûts (CERC) attribue d'ailleurs le hiatus entre perception et réalité du pouvoir d’achat au passage à l’euro et à la part croissante des dépenses "contraintes".

Le CNIS souligne que cette évolution de l’Indice des prix à la consommation (IPC) et des dépenses contraintes affecte d’avantage les ménages plus modestes. Car si les ménages aux revenus stables peuvent faire des choix de consommation, les autres, ceux qui ont connu des difficultés financières - causées par le chômage, la maladie, les contrats précaires, etc -, doivent faire face à des choix parfois cornéliens...

Vous aussi vous craquez pour ce bel écran LCD ?

"Si les recettes ne suivent pas les augmentations des dépenses, cela entraîne des choix à faire et des changements de comportement dans notre mode de vie, note Pierre Guille. Il faut faire des choix de consommation et certains ne choisissent pas les besoins essentiels ; ces personnes se privent d'une alimentation de qualité ou alors elles se surendettent sans être en capacité d'assumer les charges de ce crédit".

Trois kilos de pommes valent un t-shirt à cinq euros chez H&M. Et pourquoi se priver d'un écran plat lorsque qu'une publicité vous propose de payer en "5, 10 ou 20 fois ou en trois fois sans frais" ? "Vous craquez pour ce bel écran LCD HDTV 1080p de 42 pouces à 1.199 euros et vous le voulez pour ce week-end ? Le montant de votre achat étant compris entre 300 et 4.000 euros, vous avez la possibilité d'étaler vos remboursements sur 5, 10 ou 20 mois ou de fixer le montant de vos mensualités selon votre budget. A vous de décider à quel rythme vous désirez financer votre écran. Autre option : vous pouvez même le payer en trois fois sans aucun frais !", indique le site de Darty.com (Lire ici). Dans ces conditions, difficile de résister aux tentations et de ne pas rogner sur, par exemple, les fruits et légumes ; quoi qu'en disent les campagnes indiquant qu'il faut manger cinq fruits et légumes par jour...

* Selon l'Ifop, "le sondage a été mené sur un échantillon de 1013 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (sexe, âge, profession de la personne interrogée) après stratification par région et catégorie d’agglomération" (Consulter ici le sondage).

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