
Alors que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, la Constitution et la loi de 1905 garantissent la liberté de conscience et condamnent la discrimination en raison de la religion, le Sénat a institué une loi qui, au delà de son titre général, vise spécifiquement certaines femmes musulmanes. La discussion d'amendements a bien montré que c'était l'islam qui était visé. Un tel vote est raciste, islamophobe : il constitue une population entière comme un problème et un danger.
Au lendemain d'un attentat contre une mosquée, causé par un ancien élu RN qui partageait les mêmes convictions que Julien Odoul et bon nombre de sénateurs, l'étalage d'un tel racisme institutionnel est insupportable. La déshumanisation des femmes portant le voile atteint un nouveau palier et un sursaut collectif est indispensable.
Le détail du scrutin public montre que 115 hommes pour 48 femmes ont voté pour ce texte. C'est un rappel que le sexisme, invoqué comme alibi pour stigmatiser le port du voile, déshumaniser celles qui le portent, censurer leur parole et la diversité de leurs motivations, est une chose bien partagée au Sénat. Chez les sénateurs républicains, ce sont 93 hommes pour 37 femmes qui prétendent dire à une femme comme elle doit s'habiller pour être émancipée. Combien de ces hommes accepteraient de démissionner pour laisser leur place à une femme et assurer la parité dans leurs rangs ?
Le racisme et le sexisme de ce texte suffisent à le condamner. On peut aussi noter à quel point ce vote participe aussi à invisibiliser les problèmes réels de l'école. On voudrait nous faire croire que le simple port d'un voile est une atteinte à la neutralité. Mais depuis 30 ans, toutes les forces politiques ont participé à la privatisation croissante des sorties scolaires, dont beaucoup se font maintenant avec des entreprises privées qui en profitent pour assurer une publicité auprès d'un public très jeune.
D'une façon plus générale, alors que le gouvernement diminue de moitié les fonds sociaux des lycées pour les élèves précaires, alors que le désespoir des personnels se manifestent par des suicides et que la réaction du gouvernement relève du plus parfait mépris, pointer comme problème fondamental de l'école des femmes qui s'investissent dans les activités scolaires de leurs enfants montre bien à quel point la volonté de déshumaniser et rabaisser les musulman-es a pris le pas sur toutes les autres priorités.