Le drapeau de la terre,ruisselant de lumière,
Flotte enfin librement
Au sein du firmament!
De chaque Marseillaise
ôtons les mauvais dièses!
Nuançons en bémols
L'amour de notre sol!
Les hymnes militaires,oublions-les sans peine!
A chacun deux patries:
La terre et puis la sienne:
Tel est notre pari!
Qu'à jamais du dieu Mars
Disparaissent les traces!
La paix entre terriens
Est le beau et le bien!
Les bottes de la haine
Foulant l'herbe des plaines
Ne feront plus la loi
Ne glaceront d'effroi!
Plus de damnés sur terre,
Fini les prolétaires!
Ni vaincus ni vainqueurs
Jurons-le tous en choeur!
Que la voix des poètes
Délivre la planète
Du joug du "tien",du"mien"
Indigne des humains!
Levons nos étendards
A la gloire de l'art!
Aux disciples d'Orphée
Réservons nos trophées!
Allez, enfants du monde,
Proférez à la ronde:
Marron, blancs noirs ou jaunes:
Il n' y a pas maldonne!
Nous partageons la même terre
Mais nul n'en est propriétaire!
Et c'est piteux, c'est triste, vain
D'en faire déguerpir son prochain :
c'est se mettre au ban des humains.