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Billet de blog 1 mai 2020

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Je suis attentif à la défense de la dignité et de son expression, par la démocratie, le dialogue et la paix et tente de comprendre les ressorts profonds qui meuvent les événements.

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Célébration du 1er mai : attention, prêt·e·s ? partez !

Depuis 130 ans, la célébration du 1er mai n’aura jamais été tant attendue, contenue, ni densifiée : dans les Hautes-Pyrénées, pays de respect et de civilité s’il en est, la préfecture vient d’annoncer peu avant le crépuscule que toute manifestation est interdite ce jour de 0h à 23h59. La minute de l’anniversaire mobilisera les horloges pour ne pas devoir être reportée aux calendes françaises !

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Dans les Hautes-Pyrénées, le respect des consignes sanitaires, d’autrui et des institutions est d’une certaine manière inscrit dans une bienveillance historique (climat parfois exigeant, chaleur humaine) : les manifestations à Bagnères-de-Bigorre ou même à Tarbes, le chef-lieu, n’ont pas jusqu’ici amené les forces “de l’ordre” à se mobiliser massivement ni à intervenir violemment 

Dans le même esprit, cependant bien décidé à laisser percevoir une détermination sans faille, contenue, mais persévérante, l’Union locale de la CGT de Bagnères-de-Bigorre souhaitait simplement déposer ce matin une banderole arborant des slogans pour la défense des salariés du privé, des retraités et des chômeurs, sans rassemblement.

Seulement à partir de 11h30, de façon planifiée, le Collectif 65 contre les violences familiales appelait à un « rendez-vous convivial respectant la distance sanitaire », invitant à son tour à venir déposer auprès de l'arbre de la Liberté (ou de ses restes ?), banderoles, textes...

Bien plus tard, à partir de 16 h, nous-mêmes, invitions à un troisième temps de dépôt, distancié des premiers, sur le thème de la fête internationale du muguet de liberté.

Publics différents, thématiques complémentaires, respect des consignes sanitaires, mais aussi affirmation de valeurs citoyennes constitutives du vivre-ensemble espéré pour bientôt.

Contre toute supposition vraisemblable selon les organisateurs, ces actions symboliques déclarées en préfecture, qui appelaient, de façon planifiée, en trois temps séparés de la journée, à respecter les mesures barrières et à ne pas s’attarder sur les lieux par respect des normes sanitaires viennent d'être interdites.

Même une centaine de personnes (hypothèse préfectorale) se déplaçant à des heures différentes, entre 10 h et 17 h, sur un espace ouvert créent-elles un attroupement ? Faut-il un service d’ordre ?

Dans l’arrêté préfectoral, deux mentions interrogent :

Illustration 1
© préfecture des Hautes-Pyrénées

La préfecture aura fait l’hypothèse de l’irresponsabilité, tant des organisateurs que des personnes individuelles qui se présenteraient.

Elle en aura déduit que les organisateurs ne sont pas en mesure de maîtriser des débordements hypothétiques, en doublant voire triplant la participation estimée sans apporter un quelconque argument.

Elle n’a pas envisagé d’assumer son mandat officiel d’encadrement de la police ou de la gendarmerie, habituel et très léger pour toute manifestation publique, alors qu’ici, il ne s’agissait que de quelques dizaines de personnes déposant des affiches au long d’une journée et non de centaines ou de milliers.

Elle met en doute la responsabilité de l’organisation pacifique, respectueuse de toutes les règles sanitaires par une coercition stricte à l’encontre des organisateurs, en les menaçant par avance :

Illustration 2
© préfecture des Hautes-Pyrénées

Révélateurs sont ces petits arrangements avec les déclarations des manifestations qui laissent à penser qu’est redoutée l’expression de plus en plus visible de voix mettant en cause la gestion et la politique gouvernementales :

Il est cité faussement dans l’arrêté que le but de cette action citoyenne est de « dénoncer les atteintes aux libertés, les incohérences, les contradictions et la non-transparence du gouvernement » alors que l’objectif déclaré était « imaginer le monde d’après et commencer à le formaliser ».

Ce lapsus révèle-t-il la pensée profonde qu’ont de leur propre action les membres de l’administration de l’État ? Avec les interdictions ici et là, bavures ou non, qui s’en prennent aux banderoles affichées sur des murs, l’interdiction par la préfète du Gers de l’opération lampion ce soir à 22 h, ne faut-il pas s’interroger sur la marge de liberté que rêve de laisser à ses sujets la royale macronie ?

En cette période de risque sanitaire potentiel, le préfet des Hautes-Pyrénées aura été précautionneux à l’excès respectant en cela l’adage populaire : « En mai, ne te découvre pas d’un fil ! »

La question subsidiaire porte ainsi sur le choix de cette minute parmi tant de milliers d’autres : devra-t-on en garder le sens symbolique de La minute du travail ?

Mais l’espoir pointe à l’horizon, bien loin de ces dénis d’intelligence collective citoyenne, qui par des conjonctions de contre-pouvoirs puissants et coordonnés va l’emporter prochainement sur l’époque de la coercition brutale :

ces deux exemples donnent institutionnellement du corps à nos revendications locales :

« Lettre ouverte au président de la République,

de citoyens, associations, maires, présidents de régions et de départements, entreprises, gilets jaunes, acteurs de la transition écologique, sociale et démocratique…

pour l’appeler à construire ensemble le monde d’après.»

https://www.democratieouverte.org/nouslespremiers-scenario-democratique/

et cet autre

«  25 organisations de la société civile, dont Attac, la CGT, le DAL, ou encore Greenpeace

appellent à se mobiliser pour un vrai plan de développement des services publics et une revalorisation des métiers d'utilité publique :

1er mai : « plus jamais ça ! »

« Même confiné·e·s, manifestons toutes et tous le 1er mai, depuis chez soi, avec des pancartes, banderoles ou en envahissant les réseaux sociaux.

Rendons visibles, exprimons ce que nous voulons en France comme ailleurs :

un changement de cap, pour un futur écologique, social, féministe et démocratique ! ».

https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/290420/1er-mai-plus-jamais-ca

co-signataires : Alain Bonneau, Anne de Brouwer, Michelle Setti

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