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En Bigorre

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Billet de blog 20 juin 2020

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Je suis attentif à la défense de la dignité et de son expression, par la démocratie, le dialogue et la paix et tente de comprendre les ressorts profonds qui meuvent les événements.

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François Roux « Je prône des Conseils Citoyens pour un Plan de Développement Local »

Qu’il y ait une exposition de 4x4 sur la commune de Bagnères-de-Bigorre ou sur le site du Carré Py, pourquoi pas. Mais je suis totalement contre – et je l’ai dit sans aucun ambage et sans aucune circonvolution – “TOTALEMENT CONTRE” des essais de ces véhicules sur les chemins ou dans les forêts et cela, si demain je suis élu maire, sur la totalité de la commune de Bagnères-de-Bigorre.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1
Montgaillard (65) Rando 4x4 2018 © Noïc Smal

En B.- Q1 D’un point de vue général, comment envisagez-vous la tenue de ce 2e salon pro 4x4 et SUV prévu les 19 et 20 septembre prochains ? Cela questionne doublement dans la mesure où l’affiche que Didier Devaux présente sur son site 1 affiche ouvertement “4e salon à Bagnères” alors qu’il s’agit du second et y appose le logo de la mairie et de la CCHB, notamment.

Ce salon offroad, je le connais bien dans la mesure où on me l’avait présenté dans le cadre d’une organisation privée, dans un lieu privé. Je vous parle de la genèse : moi, j’ai connu ce salon à Tournay, dans une chasse privée ; ça ne m’avait pas choqué plus que ça, puisque toutes les démonstrations étaient faites dans un lieu privé. Et dans un lieu privé, on y fait ce que l’on veut. Après, tant qu’il y aura des 4x4 – il ne faut pas se cacher les choses – il y aura des manifestations de cette nature.

Moi, en ce qui me concerne, je vais être très clair : Qu’il y ait une exposition de 4x4 sur la commune de Bagnères-de-Bigorre ou sur le site du Carré Py, pourquoi pas. Mais je suis totalement contre – et je l’ai dit sans aucun ambage et sans aucune circonvolution – “TOTALEMENT CONTRE” des essais de ces véhicules sur les chemins ou dans les forêts et cela, si demain je suis élu maire, sur la totalité de la commune de Bagnères-de-Bigorre.

En B.- Y compris les routes goudronnées ?

F. R.- Je parle pour l’instant des chemins, parce que, si vous voulez, leur idée, c’est de faire des promenades dans les chemins, ou de faire des démonstrations dans ces chemins. C’est quand même de nature à dégrader ces parties de nature, qui sont très souvent utilisées par des piétons ou par des VTTistes, et je trouve un peu dommage d’aller contribuer à la dégradation de ces lieux qui passent souvent au fil du rasoir des zones naturelles.

Après, des 4x4, il en passe sous mon nez toute la journée, là, sur le goudron et sous le nez de ma maison. Après, si vous voulez, une fois qu’est entendue cette chose-là, je crois qu’il faut savoir se mettre autour d’une table, et expliquer dans quelles conditions acceptables cette rencontre peut se faire. Mais, je me répète une seconde fois, en ce qui concerne les zones qui flirtent avec les zones naturelles, et tous les chemins et forêts, et notamment qui sont sur la commune de Bagnères-de-Bigorre, dans l’hypothèse où je serai élu, je ne donnerai pas l’autorisation d’utilisation des chemins sur la commune. Voilà. Ça, c’est très clair.

En B.- Q2 L’aspect économique local est-il important pour vous, en tant que maire/candidat à la mairie, dans l’organisation de ce salon ? comment le comprenez-vous ?

Je pense que de parler d’écologie et d’économie, ce n’est pas un gros mot et il n’y a aucun problème là-dessus ; et c’est vrai que tous les écologistes que je côtoie et qui sont dorénavant dans ma liste sont tout à fait d’accord avec moi pour évaluer dans ce sens. Après, c’est vrai qu’aujourd’hui, où l’on parle d’urgence écologique, où l’on parle de la couche d’ozone, etc., pour moi, le 4x4 n’est pas le meilleur moyen de locomotion à valoriser, sauf quand c’est indispensable évidemment, pour l’activité économique, car nous sommes dans un coin où il y a beaucoup d’agro-tourisme, dans des coins qui ne peuvent être accessibles qu’avec ces véhicules-là.

Et c’est pour ça que je pense qu’autour d’une table et dans une concertation, et dans le cadre du “bien-vivre ensemble” d’ailleurs, sur un territoire, que l’on peut trouver un bon compromis qui soit satisfaisant pour tout le monde.

Je crois que je suis très clair. Je ne voudrais pas que vous pensiez que je suis en équilibre sur une chaise à essayer de me justifier ; mais en même temps, il y a dans ma liste des personnes qui utilisent leur 4x4 à titre professionnel, ce qui est tout à fait légitime : autrement, ils ne peuvent pas vivre.

Et c’est là, si vous voulez, que j’en ai un peu marre que l’on me traite aujourd’hui d’écologiste intégriste parce que je me suis allié avec le B.E.C., et que l’on veuille faire croire à tous les gens du territoire qu’on va revenir à la bougie, si l’on vote pour François Roux.

En B.- Q3 Je voulais vous rappeler que le 26 mai, le gouvernement a décidé de soutenir l’industrie automobile à hauteur de plus de 8 milliards d’euros […] Cependant, depuis le 24 décembre 2019, la loi d'orientation des mobilités 1 prévoit […] Dans ce contexte contradictoire, quelle direction votre décision peut-elle prendre ?

F. R.- Je comprends ; mais je crois que le problème de l’emploi dans notre pays aujourd’hui, avec ce problème de crise sanitaire, devient un sujet majeur ; et comme je vous le disais tout à l’heure – écologie / économie, ce n’est pas un gros mot – que le gouvernement soutienne l’industrie automobile, notamment les voitures, entre guillemets “propres”, puisque les voitures électriques vont être largement favorisées, ou les voitures hybrides … alors après, certes, il y a le problème qu’aujourd’hui, ces batteries, on ne sait même pas si l’on peut les recycler quand elles sont en fin de vie. Donc, il n’y a pas de vraie solution sur tout ça, mais il est évident qu’il faut économiquement limiter la casse et que les choses soient compensées de façon cohérente et raisonnée et – je crois que c’est l’intention du gouvernement – que l’on favorise les véhicules les plus propres possible.

Parallèlement à ça, tout ce qui est transports en commun doit être favorisé, et si on le ramène dans notre département des Hautes-Pyrénées, et plus encore sur la Haute-Bigorre, c’est vrai qu’il va falloir favoriser les mobilités douces… je suis très très très en adéquation avec le pan des écologistes qui veulent des pistes cyclables sécurisées, des voies vertes, des pistes piétonnes sécurisées, inciter les gens en partance de Bagnères-de-Bigorre à monter par exemple à la station de La Mongie le plus possible dans le cadre de transports collectifs et c’est vrai que ça aussi, c’est une réalité. Après, je pense qu’entre ce qui se décide au niveau de l’État et ce que l’on peut mettre en mouvement au niveau d’un territoire, il peut y avoir de la marge ; et que tout ce qui pourra in-ci-ter à utiliser les transports collectifs, à prendre le vélo ou à marcher à pied ne sera qu’une bonne chose. Regardez, moi-même, je suis à 2,5 km de mon bureau ici, j’y vais à pied, j’ai une voiture qui a presque un an, elle a 4000 km. Vous voyez que je marche beaucoup.

En B.- Disons qu’il y a deux poids deux mesures. La question tournait autour du fait qu’il y a une loi des mobilités qui prévoit des transitions douces etc. et puis ce soutien inconditionnel à l’industrie automobile alors que des erreurs manifestes ont été faites par le groupe Renault-Nissan en prévoyant une surproduction. Et donc s’ils sont obligés aujourd’hui de réduire leur production, …

F. R.- Je sais bien.

En B.- Donc ça, c’est une caution à une industrie où Carlos Gohsn 2 a eu une vision mégalomane des possibilités de développer l’automobile. Et donc l’État s’asseoit sur ces erreurs-là et c’est une catastrophe car c’est tout un·e chacun·e, les citoyen·ne·s qui le payent.

F. R.- D’accord. Mais je me répète : l’appui qu’il y a à l’industrie, c’est d’abord pour produire les véhicules les plus propres possibles : je crois qu’il y a une Zoé de génération n°2 qui est sortie où l’on amplifie le nombre de km (500?) ; si vous achetez demain une Zoé, vous allez avoir le maximum d’accompagnement de l’État parce que c’est un véhicule dit “non polluant” de prime abord, …

En B.- Les 4x4 et SUV 3 sont conçus sur un principe tout à fait différent, et comme les Zoé se vendaient peu, les gros constructeurs Peugeot, Renault-Nissan etc. ont misé sur des véhicules lourds et donc beaucoup plus polluants : je me rappelle d’un rapport que France Stratégie, l’Institut de conseil auprès du Premier Ministre qui avait publié, il y a exactement un an 4 qu’il fallait réduire le poids des véhicules car c’était la cause majeure des pollutions.
F. R.-Bien sûr.

Inventaire des polluants © ATMO Occitanie (pdf, 585.5 kB)

En B.- Q4 Dans une petite région comme la Bigorre, la qualité de l’air est prisée depuis très longtemps : encore dans les années 1960-70, des enfants fragilisés par des difficultés respiratoires y étaient envoyés, tout comme cela avait déjà été le cas une cinquantaine d’années auparavant, après la guerre de 1914-18, pour les soldats victimes de l'ypérite.

Comment envisagez-vous l’articulation de cette richesse patrimoniale de l’air de la montagne, boisée, avec le développement d’un “tourisme motorisé durable” ?…durable, par le fait qu’il souhaite être durable, et aussi puisque l’industrie automobile est sponsorisée par l’État.

F. R.- Comme je vous l’ai dit précédemment, je pense qu’il faut INCITER à se mouvoir collectivement. Sur les sites touristiques, je pense que c’est une chose indispensable pour la qualité de l’air. Après, il faut favoriser le co-voiturage, je trouve que c’est indispensable. D’ailleurs, il m’avait été présenté un produit : Rezo Pouce 5, qui est un système de co-voiturage : en fait il s’agit d’un système de Bla-bla-car territorial gratuit. Rezo Pouce permet une mobilité plus active des personnes âgées qui sont seules et habitent des coins reculés du territoire ; et ça répond aussi à une urgence sociale, compte-tenu du principe de gratuité important par rapport à des difficultés sociales que certaines personnes rencontrent.

Illustration 3
Rezo Pouce © Rezo Pouce

En B.- Ce n’est pas pour vous restreindre dans votre expression, mais je vous interroge à propos de la qualité de l’air et le fait que la mairie de Bagnères soutienne ce salon. Or ce soutien est en contradiction avec le maintien de la qualité de l’air ici.

F. R.- Alors, de toutes les façons, durant la campagne du 1er tour, il y a des personnes qui m’ont interrogé sur ce sujet : j’essaierai de mettre autour d’une table tout le monde, pour essayer de voir comment on peut trouver un bon compromis. Si on n’arrive pas à trouver un bon compromis, comme je vous l’ai dit, dans l’hypothèse où je serai élu, il n’y aura pas de circulation de ces véhicules sur la commune de Bagnères-de-Bigorre dans les zones que je considère comme “naturelles” ; et je n’ai pas envie non plus d’un défilé de véhicules sur la commune.

En B.- Le risque aussi, ce sont les quads et les moto-neiges.

F. R.- Alors, les quads et les moto-neiges, de plus en plus aussi, on va vers de l’électrique. J’ai d’ailleurs failli il y a peu me faire renverser par un quad électrique. Mais on n’est pas sur un territoire où il faille faire la promotion de ce type d’activité.

En B.- Q5- Concernant le tourisme, également, la Bigorre est très attractive : les loisirs pédestres, cyclistes, aquatiques, équestres, hivernaux, attirent les vacanciers du Grand Sud-Ouest et de l’Espagne du nord, et de plus en plus de l’Italie, l’Allemagne ou la Grande Bretagne.

Comment imaginez-vous la cohabitation entre des personnes soucieuses du calme, de la relation à l’environnement naturel et celles qui privilégient l’accès motorisé aux chemins ?

F. R.- L’accès motorisé aux chemins, ce n’est pas ma priorité. Dans le cadre de ce qu’on appelle l’économie des quatre saisons, on peut mettre en mouvement un certain nombre de choses sans qu’on ait besoin de moteur. Vous avez à juste titre parlé d’équitation, mais vous n’avez pas parlé du parapente qui est une activité non polluante, vous n’avez pas parlé du trail, du VTT, du kayak, du cyclisme en général qui ne sont pas des activités polluantes – l’association La Pyrénéenne qui organise une manifestation chaque année n’a rien de polluant …

En B.- Ce qu’il s’agit de faire, c’est peut-être définir une vision globale du tourisme qui délimite…

F. R.- Mais dans la vision du tourisme telle que je la vois, nous avons un territoire qui est d’une richesse exceptionnelle et je ne pense pas que la priorité soit à faire la promotion d’activités motorisées. Après, il peut y avoir un lieu pour cette activité, extrêmement ciblé mais qu’il n’y ait pas une profusion anarchique de ça.

En B.- Le fait est que par ce salon – dit le 3e, en fait le 1er, puis désormais le 4e qui n’est que le second – cette communication vise en fait à instituer une régularité industrielle – ce ne sont pas ces gens-là qui sont premièrement impliqués… forcément, parce qu’ils font partie de tout un système dont ils ne sont que la partie évidente, émergée…

F. R.- Bien sûr,

En B.- … mais parler de tourisme ou d’économie, alors que ce sont des gens qui cherchent, avec la Fédération du 4x4 6, voyez, à enfoncer un coin dans la porte pour essayer d’instituer ce salon de façon durable, ou pérenne …

F. R.- Écoutez, si ça se fait sur un domaine privé…

En B.- C’est déjà le cas à Montgaillard, ou à Tournay…

F. R.- … c’est une autre affaire, mais sur le domaine public, je ne suis pas favorable à un développement de ces activités. 7

En B.- Ne pas favoriser ces activités sur le domaine public, c’est une chose, les restreindre, c’en est une autre.

F. R.- Je crois qu’on est capables entre adultes de se mettre autour d’une table, je pense qu’on est capables de ça encore aujourd’hui, et que tout le monde comprenne que dans le cadre du “bien vivre ensemble”, on peut arriver à trouver un compromis qui soit acceptable pour tout le monde, mais sans que l’on favorise le développement de ces activités.

En B.- Q6- Ici, la montagne est, pour les locaux, une ressource : la forêt, le pastoralisme sont des activités séculaires, bien vivantes et renouvelées. Du fait de l’érosion des pluies, des fontes de neige importantes et assez brèves, de quelques semaines, les investissements du département et des communes constituent un budget conséquent, actualisé chaque année.

Comment les loisirs motorisés, qui par leur passage répété creusent des ornières, fragilisent les écosystèmes déjà soumis aux exigences du réchauffement climatique, peuvent-ils s’inscrire selon vous dans le développement durable des vallées ?

F. R.- Là, j’ai répondu : « C’est non ! »

En B.- Vous avez répondu mais ce non, est-ce qu’il ne passe que par une concertation ? En essayant de convaincre des gens qui ne demandent qu’à se développer, expliquer, cela risque de ne pas suffire…

F. R.- Non, ces chemins ne seront autorisés à des 4x4 que dans le cadre d’activités professionnelles.

En B.- Je pense qu’il faut avoir non seulement une concertation, mais aussi une forme de limitation des activités professionnelles.

F. R.- Il faut essayer de faire de la pédagogie et expliquer que …

En B.- La pédagogie, l’an dernier on en a parlé dans tous les sens et cette année, ça continue car ils ont des intérêts économiques et …

F. R.- Il faut arriver à mettre des gens qui ne s’entendent pas autour d’une table.

Moi, je prône la concertation. Dans le cadre des élections municipales, je prône des Conseils Citoyens, d’accord, donc, si entre personnes qui ne se ressemblent pas, on n’est pas capables de se mettre autour d’une table, j’en tirerai les conséquences. Et là, on verra ce qu’on fait. Mais au départ, je crois que la concertation est nécessaire : on est dans un trop petit territoire…

En B.- Ça, je suis tout à fait d’accord. Car on va arriver à des situations de plus en plus clivées, il faut éviter ça …

F. R.- Il ne faut pas. Il faut éviter tout ça. Il faut arriver à mettre tout le monde autour d’une table et parvenir à trouver un compromis dans lequel on puisse définir des conditions qui sont celles où l’on ne puisse pas utiliser des chemins forestiers ou des zones qui flirtent avec des zones naturelles pour des activités de 4x4.

En B.- La question, c’est bien des zones qui flirtent… car l’an passé, ils avaient bien emprunté les routes goudronnées, mais ils ont emprunté le chemin de Nabias, jusqu’aux Palomières. La question, c’est donc de limiter. Mais dans la mesure où ces gens-là continueraient d’instituer leur salon, et ce parcours de 60 km quand même, est-ce que ce n’est pas une promotion de toute leur affaire, contraire à un intérêt commun ?

F. R.- Oui, oui.

En B. - Q7- Un exemple plus ancien nous vient de Haute-Savoie, où « la pollution de la vallée de l’Arve (et Pays du Mont Blanc) est telle qu’elle a justifié la mise en place d’un Plan de protection de l’atmosphère (PPA) dès 2010.»

En Nord-Pas-de-Calais / Picardie, cela fait déjà 14 ans que les promeneurs et les défenseurs de l’environnement identifient les causes et s’opposent, le jeudi 6 avril 2006, au « premier salon européen des loisirs verts et du 4X4, où un circuit est organisé en forêt de Chantilly et d'Ermenonville ».

Et en Suisse, le Grand Conseil de la République et canton de Genève proposait, dès le 7 octobre 2002 une « motion concernant les véhicules tout-terrain 4x4 en milieu urbain :

protégeons les piétons, les cyclistes et les automobilistes !” »

À l’heure du réchauffement climatique, cette accidentologie attestée 8 et une pollution aggravée 9 se conjuguent à un changement économique majeur. 10 Comment pensez-vous que la Bigorre pourrait tirer un enseignement de ces exemples historiques et scientifiques ?

F. R.- Je ne connaissais pas ces exemples-là, je vous le dis franchement.

En B.- Est-ce qu’on peut tenir compte de cette expérience-là ?

F. R.- Cette expérience-là, je vous dirais que je serais prêt à rencontrer les personnes qui ont mis en place cette expérience, pour savoir comment on pourrait mettre en mouvement une idée de cette nature sur le territoire, ici.

En B.- Ça me paraît indispensable de tenir compte de ces expériences-là, parce que …

F. R.- Dans la mesure où je ne les connais pas, j’aimerais savoir comment ils sont arrivés à cet élan que je considère comme positif.

Quand j’ai vu, pendant la première partie des Gilets Jaunes, il y avait des 4x4 dans le département qui bouffent 25 litres aux 100, qui avaient le gilet jaune sur le pare-brise de leur voiture, non pas parce qu’ils étaient en adéquation avec le mouvement mais parce qu’ils trouvaient que l’essence était trop chère …

En B.- Et puis il y a eu aussi le fait que la vente des véhicules neufs était en chute libre – et les pollutions diminuaient aussi – du fait des améliorations des moteurs par l’industrie automobile, mais à partir de 2018, c’est remonté largement, puisque les constructeurs ont vendu davantage de SUV et de 4x4. Donc, la pédagogie, c’est une chose ; mais quand on a en face des personnes qui sont, je ne dirai pas des hommes de paille, mais des personnes qui sont portées par l’industrie opportuniste, qui elle-même est soutenue par l’État, et que l’on voit ces trois régions qui luttent contre les conséquences de ça, …

F. R.- J’osais imaginer que ces deux mois de confinement durant lesquels tout le monde, toute la France a constaté que la nature reprenait ses droits … entendre à Orly chanter les oiseaux … il y a eu un émerveillement général et j’espérais qu’il allait y avoir une prise de conscience collective, que, finalement les gens allaient se dire : c’était super, on va essayer de faire un effort. Mais le premier jour du déconfinement, là c’était…

Illustration 4
ATMO - Évolution des concentrations moyennes journalières en oxydes d'azote entre le 1er février et le 30 mai 2020 © ATMO

En B.- Les gens, malgré leur bonne volonté, sont toujours prisonniers des règles techniques que leur impose la société, à toute époque d’ailleurs, mais à la nôtre encore davantage. Et forcément, les décisions ne peuvent venir que des institutions, que ce soit de l’État ou des collectivités. Et les personnes s’adapteront aux conditions qui seront concertées, éventuellement, mais avec des limites.

F. R.- Bien sûr, mais je vais vous dire quelque chose : je suis quelqu’un qui sait mettre les gens autour d’une table ; et rien ne sera décidé sans qu’on mette les gens autour d’une table. Même en matière de mobilité dans le centre ville.

En B.- Mais Jean-Jacques Sabatier et d’autres du 4x4 n’ont pas du tout les mêmes intérêts quand ils parlent de Bobos, etc.

F. R.- Oui, mais même Jean-Jacques Sabatier, je ne vois pas pourquoi il est tombé amoureux, du jour au lendemain, de 4x4. Ce n’est pas parti d’un mauvais sentiment, si vous voulez.

En B.- Je n’ai pas d’aversion pour des personnes particulières. Aujourd’hui, je ne me bats pas contre des personnes, mais pour des idées.

F. R.- Moi non plus. Au départ, Jean-Jacques Sabatier a dit : « Je pense que c’est bien pour le territoire, parce qu’économiquement ce sera bien parce que ça fera venir du monde pendant deux jours, ça va remplir les hôtels, les restaurants, etc. » C’est parti d’un bon sentiment, et compte tenu que ce salon existait déjà, sur la commune de Tournay et – je me répète – sur une zone privée, et que c’était quelque chose qui était un peu reconnu, je comprends que… et je ne le blâme pas d’avoir eu cette idée-là. Mais après, il faut savoir la contenir par rapport à des attentes générales, c’est une manière de gérer le territoire : il ne faut pas, il ne faut surtout pas opposer les gens.

En B.- Il ne faut pas opposer les gens mais il faut avoir une vision temporelle, une vision plus élargie, plus prolongée, pour un projet de territoire auquel les personnes ne peuvent pas être partie immédiatement, car chacun y voit son intérêt à court terme.

F. R.- De toute façon, vous le verrez au second tour, je vais proposer un Plan de Développement Local, dans lequel il faut mettre en synergie l’ensemble des compétences du territoire avant d’aller chercher ce qui se passe ailleurs. Et, que ce soit en matière d’écologie, en matière de culture, que ce soit en matière d’économie, que ce soit en matière d’éco-tourisme, de promotion des circuits courts, etc. je crois qu’on a les synergies aujourd’hui sur notre territoire qui permettent de mettre en mouvement un Plan de Développement Local cohérent.

En B.- Dans ce cadre-là, je vous propose la question 8 :

En résumé, votre action politique en faveur du développement de notre région, qui souhaite selon la CCHB dont votre commune est partie, se rapprocher du label “Esprit du Parc Naturel” (des Pyrénées) 1, vous paraît-elle conciliable avec des formes d’évolution du vécu de la montagne, simultanément soumise à des conditions de survie et d’adaptation de plus en plus difficiles des espèces ?

F. R.- L’intention est bonne, mais il faut être cohérent avec ses idées.

L’“Esprit du Parc Naturel”, c’est pour ça que les gens viennent en vacances ici.

En même temps, ce ne sont pas les collectivités qui assurent la promotion de ce salon. Mais elles ne sont pas obligées de s’associer, sur l’image.

Moi, je vous dis dans les yeux aujourd’hui que si je suis élu, le tampon de Bagnères sera sous conditions. Donc ce n’est pas sûr encore aujourd’hui que j’arrive à m’entendre avec tout le monde pour que l’on mette le tampon de la mairie de Bagnères-de-Bigorre pour soutenir ce salon. Ça sera sous conditions de concertation.

En B.- Sous conditions de concertation, je pense que vous allez avoir des oppositions, déjà avec Julien Robbé qui est franchement opposé à la tenue de ce salon. Après, je ne vois pas comment vous allez vous entendre si vous ne prônez que de la pédagogie ou de la concertation avec quelqu’un qui dit : « il faut avoir une vision, il faut aller plus loin… »

F. R.- Oui, mais moi, ma vision, c’est un Plan de Développement Local : ne pas faire du tourisme de masse mais faire du tourisme de qualité pour les familles. Il faut arrêter de croire ici que nous sommes dans les Alpes, et que l’on peut faire tout et n’importe comment. Ici, on répond à TOUTES les conditions pour faire un super-tourisme familial. Et je ne pense pas que les gens qui viennent ici, en Haute-Bigorre, viennent ici pour faire du 4x4. De toute façon, ce ne sera pas quelque chose qui sera mis en avant dans les activités touristiques que je défendrai.

Et je regrette qu’il ait fallu attendre cette élection municipale pour parler de l’“Économie des quatre saisons”. Et que c’est une économie qui est adaptée à l’évolution des conditions climatiques. Et il faut se mettre en relation avec tous les acteurs du territoire pour savoir, dans le cadre du Plan de Développement Local, comment on peut à très court terme palier à l’hiver sans neige.

En B.- Le Plan de Développement Local pourrait déjà commencer par les relations entre la mairie de Bagnères et la CCHB car il y a le poids de la pensée ; et si Bagnères a un plan très efficace, mais aussi un plan de formation, un plan de prévention du chômage, et de cohérence : pourquoi créerait-on pas aussi une Réserve d’Air Pur 11, après la Réserve Internationale de Ciel Étoilé, il y a d’autres régions qui ont valorisé cette image… 12

F. R.- Sur toutes ces thématiques-là, il faut aussi que Bagnères soit un “lieu d’expérimentation”.

En B.- Là, je vous rejoins. Alors je vous propose la question 9 :

En conclusion et pour élargir la discussion, je me permets de rouvrir le rapport sénatorial du 19 février 2014, intitulé :

Patrimoine naturel de la montagne : concilier protection et développement

Pensez-vous que votre initiative, concertée avec les trois député·e·s – dont un avait signé l’an passé la pétition contre le premier salon du 4x4 organisé à Bagnères-de-Bigorre – pourrait déboucher sur une actualisation de cette Convention Alpine adaptée aux conditions pyrénéennes actuelles  ?

F.R.- Et le Parlement de la Montagne 13, ils ne l’ont pas mis en musique, ça ?

Vous savez qu’au niveau de la région Occitanie, Mme Delga a monté un Parlement de la Montagne, il y a déjà quelques années.

En B.- Ça, je ne l’ai pas vu.

F. R.- Mais cette idée de faire une charte sur ce principe-là, je serais d’accord. Mais je voudrais être sûr que le Parlement de la Montagne ne l’ait pas déjà mis en musique… VOYEZ : « Sur le modèle du Parlement de la Mer, le Parlement de la Montagne donne la parole aux habitants et aux acteurs de tous les secteurs de l’économie montagnarde : agriculture, agroalimentaire, artisanat, industrie, tourisme, thermalisme, services…

Cette instance d’échanges et de propositions permet d’orienter l’action régionale au plus près des attentes des territoires et des habitants de la montagne.»

Voyez, c’est ça qui m’avait intéressé. Il a été installé en janvier 2018. Alors, je ne l’ai pas bûché, mais par mon engagement – et dans l’hypothèse où l’on serait élus –, en adéquation avec l’initiative qui a été prise par la Région d’Occitanie avec ce Parlement-là, je souhaiterais, par rapport à ce qui peut remonter de l’émanation citoyenne, mettre à disposition en fonction des thématiques des budgets participatifs : pour qu’il puisse y avoir de véritables réalisations qui sont attendues des citoyens. C’est pour ça que j’aimerais, en même temps, que l’on soit territoire d’expérimentation… C’est un coup de volant à 180° !

Je ne suis pas du tout dans l’idée de dire : voilà, à partir du moment où l’on m’a élu, j’ai un programme, j’applique mon programme, je crois que c’est une manière archaïque de voir les choses. C’est pour ça que, dans le cadre du Plan de Développement Local que je souhaiterais mettre en mouvement, on va proposer une vision du développement du territoire, avec une prise en compte véritable des propositions des habitants ; c’est quelque chose qui manque aujourd’hui.

* * * *

Notes

1http://www.ulteamdp.com/http://www.ulteamdp.com/nos-activites/salon-off-road-pyrenees

extraits : « L’édition 2019 du salon Offroad est terminée, il est temps de se projeter sur septembre 2020. La transition s’est brillamment déroulée, le salon a enfin trouvé sa place. Un lieu majestueux pour accueillir et organiser l’expo afin de lui donner le rayonnement qu’elle mérite.

- Merci à Monsieur le Président de la communauté de communes du Haut-Adour

ainsi qu’à Monsieur le Maire de Bagnères de Bigorre pour leur soutien logistique au travers des services municipaux.

- Merci la FF 4x4 pour votre soutien de la première heure et votre énergie.

- Merci du fond du coeur à nos bénévoles pour l’immense travail accompli, merci pour votre dévouement, grâce à vous nous n’avons peur de rien et pouvons partir à la guerre sereins !

L’équipe de charme et de choc !

2https://fr.wikipedia.org/wiki/Carlos_Ghosn#Mitsubishi

3Fakir n° 91 déc.2019-fév. 2020, page 8 : 4x4. 3,5 milliards, c’es le budget consacré par les marques automobiles pour promouvoir leurs 4x4. Rebaptisés SUV : « sport utility vehicle ». Gros 4x4 quoi. Les ventes de ces modèles en France ont grimpé de 30 % en un an ! multipliées par sept en dix ans ! Et alors que le secteur automobile devait baisser ses émissions carbone, au contraire, il les augmente. »

4https://www.strategie.gouv.fr/publications/faire-enfin-baisser-emissions-de-co2-voitures

extraits : • « La seule baisse significative des émissions réelles de CO2 des voitures neuves – 6 grammes de moins en 2009 – correspond à un pic des ventes de petites voitures concomitant à une chute des ventes de SUV. »

• « Un bonus-malus indexé non seulement sur les émissions de CO2 comme aujourd’hui, mais aussi sur le poids du véhicule, comme c’est le cas en Norvège, contribuerait à dissuader les ménages d’acheter des voitures toujours plus grosses et plus lourdes. D’autant qu’ils les utilisent le plus souvent en « autosolistes » : 90 % des allers-retours domicile-travail en France sont effectués avec une seule personne à bord. »

Illustration 5
Bonus-Malus intégrant le poids des voitures en Norvège - proposition pour l'UE | France Stratégie © Gouvernement norvégien et France Stratégie

5https://rezopouce.fr/page/L_autostop_avec_Rezo_Pouce

et

https://rezopouce.fr/page/Collectivites

« Vous souhaitez proposer un nouveau mode de déplacement sur vos communes, qui soit efficace, rapide à mettre en œuvre et éco-responsable ? Pourquoi ne pas choisir Rezo Pouce ? »

6http://www.ulteamdp.com/nos-activites/salon-off-road-pyrenees

extrait : « - Merci la FF 4x4 pour votre soutien de la première heure et votre énergie.

- Merci à nos exposants fidèles, aux nouveaux pour votre engagement à la réussite de cette manifestation. »

7ibid. « L’édition 2019 du salon Offroad est terminée, il est temps de se projeter sur septembre 2020. La transition s’est brillamment déroulée, le salon a enfin trouvé sa place. Un lieu majestueux pour accueillir et organiser l’expo afin de lui donner le rayonnement qu’elle mérite. »

8https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/09/17/a-berlin-le-4-4-en-ville-fait-polemique_5511398_3234.html

« L’accident en question a été d’une rare violence. Dans la soirée, un automobiliste a perdu le contrôle de son véhicule, une Porsche Macan. Sur le trottoir, deux jeunes hommes, un garçonnet de 3 ans et sa grand-mère, ont été tués.[…] « De telles voitures, grosses comme des tanks, n’ont rien à faire en ville », s’est emporté sur Twitter Stephan von Dassel, maire de l’arrondissement central de Berlin-Mitte, où s’est produit l’accident. « Elles bousillent le climat, elles sont menaçantes, et chaque erreur de conduite met des innocents en danger de mort »»

9https://www.atmosud.org/actualite/trois-semaines-de-deconfinement-quel-impact-sur-la-qualite-de-lair-en-region-sud

« Pendant la période de confinement, la mise en place des restrictions de sortie a généré une baisse drastique de la circulation. Depuis le déconfinement, le trafic a partiellement repris et engendre ainsi une augmentation des NOx, principaux traceurs du trafic routier. »

Et carte mondiale des pollutions aux particules fines en temps réel (PM2,5, PM10, O3 [ozone] et NOx [dioxyde d’azote]) : https://aqicn.org/map/world/fr/

10https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/06/08/la-crise-economique-provoquee-par-le-coronavirus-pourrait-etre-la-plus-vaste-depuis-cent-cinquante-ans_6042176_3234.html

« Plus qu’une crise passagère, elle craint que la pandémie ne laisse des « cicatrices » profondes et durables sur les économies à cause de la « baisse des investissements », de l’« érosion du capital humain chez les chômeurs » et de la « désintégration du commerce mondial ». En raison de la pandémie, entre 70 millions et 100 millions de personnes pourraient tomber dans l’extrême pauvreté. […] « Nous devons admettre qu’il y a des limites à notre capacité à dire le futur », plaide l’économiste Branko Milanovic, citant la « nature incontrôlable » de la crise et son « étendue mondiale».

11http://www.lavie.fr/actualite/ecologie/palmares-ecologie-2016/palmares-de-l-ecologie-2016-en-france-24-10-2016-77166_855.php Les Hautes-Pyrénées n° 1 sur le podium français dans la catégorie “qualité de l’air”.

voici les critères et les sources de ce classement national :http://www.lavie.fr/actualite/ecologie/palmares-ecologie-2016/les-huit-criteres-du-palmares-2016-de-l-ecologie-02-11-2016-77376_855.php

• Nous avons pris en compte les rejets de polluants atmosphériques (les rejets industriels d'oxydes d'azote et d'oxydes de soufre), les concentrations moyennes en milieu urbain des principaux polluants (oxydes de soufre, oxydes d'azote et particules fines), ainsi que les pics de pollution à l'ozone. Nous avons également pris en compte les lauréats de l'appel à projets « Villes respirables en 5 ans ».

Sources : AASQA, Irep, ministère de l'Écologie.

et dans le classement environnemental de juin 2020 établi par l’Université de Yale, la France se situe dans le Top10 mondial en ce qui concerne la qualité de l’air : https://epi.yale.edu/sites/default/files/files/FRA_EPI2020_CP.pdf

—> ce qui démontre que les Hautes-Pyrénées sont la 10e région mondiale à l’air le plus sain de la planète !

12https://www.easyvoyage.com/actualite/pays-du-nord-grand-gagnant-de-l-air-pur-82424 la Finlande

http://www.rfi.fr/fr/ameriques/20151225-air-pur-canada-vendu-bouteille-chinois-pollution-pekin-vitality-air et déjà,e le 29/09/2011 Le magazine du voyageur https://www.liligo.fr/magazine-voyage/ou-trouver-de-lair-pur-8953.html

13https://www.laregion.fr/Parlement-de-la-Montagne

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