Dimanche, c'est Paris-Roubaix. Plus que du cyclisme, c'est un mythe de forçats. De la poussière, de la boue, des crevaisons et des chutes… L'occasion pour "Chasse-patate" de se remémorer parmi les 106 éditions précédentes, grâce à l'Ina, Youtube et Dailymotion, les grands moments en vidéo de cet enfer du Nord pavé de mauvaises intentions…
Paris-Roubaix, c'est le bistrot de l'Arbre au carrefour du même nom, la voiture balai bondée et le vélodrome décati, c'est la course sélective par excellence, celle où on gagne à la pédale sans lever le fessier de sa selle, en se ruinant le dos au gré des secousses…
1949: Le frère Coppi vainqueur ex-aequo. En tête, le Français André Mahé se trompe de route et rentre sur le cultissime vélodrome roubaisien par le mauvais côté. Du coup, Serse Coppi (le frangin du grand Fausto) franchit la ligne en vainqueur. Malgré les véhémentes protestations du Campionissimo pour faire reconnaître le succès de son cadet, la direction de course déclare Mahé vainqueur ex-aequo…
1968: L'année des premières. Innovation sur le parcours, avec la découverte de la terrifiante "trouée d'Arenberg" par l'ancien coureur Jean Stablinski, chargé de trouver de nouvelles difficultés pour que la course conserve son intérêt. Même pas peur, Eddy Merckx s’adjuge son premier succès à Roubaix. À la fin, dans les douches, le Cannibale sera le seul à remercier Stablinski, les autres l’insultant copieusement. «La Drève des Boules d’Hérin» entre à jamais dans la légende de l'enfer du Nord.
1978: Moser en solitaire. Rien de mieux qu'un peu de musique italienne pour accompagner le grand Francesco dans ses derniers kilomètres, paletot de champion du monde sur le dos, avec Bernard Hinault laissé loin derrière…
1981: Le Blaireau en héros. Hinault tient sa revanche, lors d'un dernier kilomètre sublime, où il règle au sprint Moser et Roger Vlaeminck, dit Le Gitan, pourtant grand spécialiste de l'épreuve (quatre victoires). Lui aussi avec le maillot arc-en-ciel sur les épaules, 25 ans après Louison Bobet, Hinault ne lâche rien question mauvaise humeur comme dans le final et déclare: «Cette course est une connerie.» Pour l'apaiser, un peu de Bach pour accompagner le doux souvenir…
1985: Marc Madiot au courage. Le Mayennais emporte à 26 ans "la reine des classiques", devant des calibres comme Sean Kelly ou Eric Vanderaerden. Dans le froid et sous la pluie, il gagne l'une des édition les plus épiques, malgré la voix réconfortante de Jean-Paul "Polo la science" Olivier…
1990: Planckaert d'un boyau. L'épreuve la plus serrée de l'histoire, à l'issue d'un sprint de forcenés entre le Belge Roger Planckaert et le Canadien Steve Bauer…
1992/93: Gibus le doyen. Gilbert Duclos-Lassalle fait partie des rares coureurs a réussir le doublé sur Paris-Roubaix. Sa deuxième victoire d'affilée est d'autant plus belle que le Pyrénéen est alors âgé de 38 ans, quand il coiffe Ballerini lors d'un sprint homérique…
1996: Le triplé des Mapei. Le sorcier Patrick Lefévère, directeur sportif d'une équipe italienne ne marchant pas qu'à l'eau claire, asseoit sa réputation de tacticien hors-pair, et Johan Museeuw, le Lion des Flandres, s'impose devant Bortolami et Tafi, premier de ses trois succès impeccables…
2002: Museeuw le vieux lion. Au terme d'une édition bien culte, bien boueuse, bien "avec des chutes et de la souffrance", le roi des Flandres Johan Museeuw se fait la belle à 50 km du vélodrome et résiste héroïquement en roulant au milieu des pavés, oubliant ses 36 ans à chaque coup de pédale et arrachant un troisième Paris-Roubaix…
2008: Le roi Boonen. Nouveau maître des classiques, Tom Bonnen fait encore plus fort qu'en 2005 et règle un sprint surpuissant face à Cancellara et Ballan. Et reste le favori du 107e épisode de la saga nordiste, dimanche, pour conserver son titre et entrer dans le club fermé des triple vainqueurs…