Pau-Hautacam, grande étape de haute montagne ? Oui mais tout s'est joué entre le sommet du Tourmalet et le pied d'Hautacam.
Devant, la descente et la vallée ont anéanti les illusions cocardières de Di Gregorio, l'échappé français du jour. Derrière lui, deux monstres rouleurs, Voigt et Cancellara, n'ont fait qu'une bouchée de ses 6 grosses minutes d'avance en haut du Tourmalet. Au pied d'Hautacam, il lui en restait moins d'une.
Entre les favoris, les écarts se sont creusés dans la même portion d'étape. Cunego, Valverde et les autres petits prétendants lâchés dans les derniers kilomètres du Tourmalet peuvent eux aussi en vouloir au tandem très haut débit de la CSC. Ils perdaient tant sur le plat que la dernière ascension leur a été un soulagement : sans elle, la perte aurait été bien plus lourde. Drôle d'étape où l'ultime difficulté maintient les écarts plus qu'elle ne les creuse.
Mainmise des Saunier Duval sur le Tour ?
Oui pour qui se contenterait de lire les classements d'étape : Ricco en solitaire à Bagnères-de-Bigorre dimanche, doublé Piepoli-Cobo à Hautacam lundi.
Mais on a rarement vu étape aussi instable et imprévisible que celle de lundi (sauf Ricco qui annonçait Piepoli vainqueur...). Qu'il est loin l'interminable septennat de l'autocrate Armstrong. Après la bouffonerie des usurpateurs (Landis, Rasmussen, Vino...), le Tour 2008 poursuit sa crise de régime. Le peloton se donne des allures de grande AG confuse. Ou prépare son congrès de Reims : avant le Tourmalet, on comptait plus d'échappés que de contributions socialistes, et comme les "psologues", le télésuiveur, du Tourmalet à Hautacam, allait de perplexités en incertitudes : les CSC roulent mais pour un Schleck ou pour un Sastre ? de Menchov ou Evans lequel est le moins mal ? les Kohl ou Nibali peuvent-ils briguer un poste ? Ricco peut-il passer en force et jouer l'opinion contre le peloton ?
Au petit jeu de la métaphore, le coeur balance : le Tour 2008 est-il socialiste (partage des richesses) ou libéral (concurrence libre et non faussée) ?
Prise de pouvoir de Cadel Evans ?
Oui mais une seconde...
Les Alpes, vite les Alpes !