Billet de blog 4 mai 2013

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Le 5 mai, nous serons tous des sans-culottes

Francis Daspe, secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée, considère que les véritables déficits dont souffre la France sont d’ordre démocratique et social. Il est favorable à un changement de système politique, à condition de redonner « ses lettres de noblesse à la notion de souveraineté populaire » et à l'aspiration à l'égalité : « la VIe République sera celle de l'accomplissement de la République sociale ou ne sera pas…»

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Francis Daspe, secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée, considère que les véritables déficits dont souffre la France sont d’ordre démocratique et social. Il est favorable à un changement de système politique, à condition de redonner « ses lettres de noblesse à la notion de souveraineté populaire » et à l'aspiration à l'égalité : « la VIe République sera celle de l'accomplissement de la République sociale ou ne sera pas…»


Pourquoi faire une VIe République ? Faire une VIe République pour quoi ? Telles sont en définitive les deux questions essentielles posées par la marche citoyenne prévue le 5 mai à Paris qui vise à demander une VIe République. Bien souvent ces deux interrogations s’entrecroisent au détriment de la seconde pour laquelle les réponses restent trop évasives.

Car répondre à la première question reste plutôt aisé. L’urgence de la situation ne laisse pas la place au moindre doute. Le pouvoir se délite inexorablement et continuellement. L’obsolescence de la Ve République s’accélère aujourd’hui de manière manifeste. La Ve République est un régime à bout de souffle. Par son inertie et son fonctionnement, elle constitue l’un des aspects majeurs de la crise. Il n’est plus possible de continuer comme avant en se contentant de quelques rustines dérisoires. Ce n’est pas de simple remaniement ministériel ou de référendum sur une improbable moralisation de la vie politique dont la France a besoin. Pas plus que d’une cosmétique déclaration de patrimoine vouée à une stérilité certaine. C’est bien de système politique qu’il faut changer. Les véritables déficits dont souffre la France sont d’ordre démocratique et social.

Que proposer en lieu et place de cette Ve République finissante ? Il ne peut s’agir d’une simple mécanique institutionnelle déconnectée des enjeux démocratiques et sociaux du quotidien. La finalité du combat est claire : rien moins que la sauvegarde de l’esprit de la res publica. Le parallèle avec la situation prévalant il y a plus d’un siècle est éclairant. Si l’adversaire était alors la monarchie, aujourd’hui il s’agit des oligarchies dans leur grande diversité et leurs solidarités implicites. Nous pourrions en effet reprendre la célèbre apostrophe de Léon Bourgeois adressée à ceux qui s’étaient finalement résignés à se rallier au tournant des XIXe et XXe siècles à la IIIe République, faute d’alternative immédiate crédible : « Vous acceptez la République ? Fort bien ! Mais acceptez-vous le bilan de la Révolution ? » Dans la circonstance présente, demandons pareillement à ceux qui militent pour une nouvelle République : « Vous convenez de la nécessité d’une VIe République ? Fort bien. Mais acceptez-vous qu’elle serve de levier au vaste projet de transformation sociale et d’émancipation tant individuelle que collective ? » L’ambition doit se fonder sur la concrétisation d’une implication citoyenne qui redonne ses lettres de noblesses à la notion de souveraineté populaire et sur un autre partage des richesses qui ne fasse pas la part belle au capital, à la rente et à l’héritage. Voilà en quoi doit consister la boussole de tous ceux qui participeront ou soutiendront la marche citoyenne du 5 mai.

Il ne peut en effet y avoir de véritable retour en tous domaines de l’intérêt général sans changement du cadre institutionnel, mais surtout sans élargissement de la pensée afin d’inclure en son sein la revendication démocratique qui s’exprime en chaque lieu de la société, et de mettre au premier plan l’aspiration à l’égalité sociale. La dimension symbolique que revêt cette date est particulièrement forte. Le 5 mai 2012, le vote des Français s’était traduit par la défaite sans appel de Nicolas Sarkozy et de sa politique de classe et de caste. Le 5 mai 1789, s’ouvrait la réunion des Etats Généraux qui lançait le début de la Révolution française, prélude au grand chamboulement dont nous sommes collectivement les héritiers redevables.

La rénovation institutionnelle doit donc s’inscrire pleinement dans l’accomplissement de la République sociale. La tyrannie de la seule politique possible dont les libéraux nous rebattent les oreilles a profondément alimenté la crise politique que nous constatons aujourd’hui. L’éloignement de nombreux citoyens de l’implication politique s’explique par le sentiment que rien ne peut changer. Il est nécessaire de réinsuffler des enjeux idéologiques et politiques à l’exercice du pouvoir : ce n’est pas leur présence qui rebute les citoyens de s’intéresser à la chose publique, mais leur dilution dans le concept de gouvernance qui les spolie de leur part de souveraineté dont ils sont dépositaires. De manière identique la question du partage des richesses n’est pas neutre : elle préempte certains comportements dans l’accès au pouvoir et de son exercice (ou de son non exercice).

Cet appel à une marche pour la VIe République constitue une étape décisive dans le processus de révolution citoyenne plus que jamais marquée du sceau de l’impérieuse nécessité. Le 5 mai, nous serons tous des sans-culottes. Formons nos bataillons et marchons tous à Paris !

Francis Daspe, secrétaire général de l’AGAUREPS-Prométhée (Association pour la gauche républicaine et sociale – Prométhée)

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.