Pour défendre l’idée d’une « citoyenneté permanente » et pour répondre à l’invitation qui nous est faite de nous exprimer librement dans ces états généraux « Off » de la presse, voici ma contribution au débat.
Pluralisme :La pluralité des médias ne saurait souffrir d’exception. Chacun doit pouvoir exprimer librement sa pensée de manière contradictoire avec une autre. C’est cela qui fait et fera avancer la démocratie, ce qui la rend vivante et créatrice de voies nouvelles, de nouveaux courants de pensée.
Mais l’éclosion d’une pensée « non officielle » ne plait décidément pas aux politiques.
De fait, le problème actuel semble plutôt se trouver dans un « faux pluralisme » des médias, la grande masse d’entre eux, (à l’exception sans doute de ceux qui refusent ces états généraux « organisés »), étant contrôlés par la même classe dirigeante, qui y distille qu’elle le nie ou non, sa « pensée unique » !
Pensée dominante qui voudrait que seule, l’action du gouvernement, et à sa tête, le chef de l’état en personne, soit l’unique référence agissant pour le bien public !
Le « bien public », on connait la chanson : libéralisme, croissance, travailler plus pour gagner…, etc…, bref tout l’attirail de la pensée unique libérale et capitaliste ! Où est la pluralité d’opinion ? Où est-elle quand le pouvoir ne supporte pas la contradiction ?
Or, il advient que les citoyens, tout aussi responsables que leurs prétendus représentants officiels, commencent à trouver que la coupe est pleine, avec les journaux « autorisés », tant écrits que parlés.
Ce sont ces mêmes citoyens qui réclament aujourd’hui, une offre réelle de médias libres, télévisés, écrits ou parlés, dont l’indépendance puisse être garantie, comme celle de la liberté de culte (là aussi, on est en droit de se poser des questions sur les orientations récentes de la politique élyséenne) ou celle de l’indépendance de la justice (on voit également que même de coté, ça pêche !!).
Le financement des médias ne devrait pas pouvoir venir des lobbys, des groupes de pression économiques et politiques, ni des multinationales, tous, pouvoirs exorbitants capables de museler à coup de crédits ou de sanctions économiques, voire de rachats purs et simples, n’importe quel média ou journaliste qui ne serait pas aliéné à leur pouvoir.
Tout média, dans une authentique démocratie, devrait se trouver à l’abri, protégé par décret, ou par une loi organique, de tous moyens de pression sur sa ligne éditoriale ! Une sorte de loi de séparation des médias et de l’état ! On ne peut que rêver !
Au lieu de cela, nous assistons à une chasse aux sorcières contre les derniers résistants, ceux qui tentent de s’échapper à cette main mise, par le biais de l’internet, qui pourraient aujourd’hui être rattrapés par la loi, ce qui va à l’encontre de toute liberté de la presse et de l’internet ! (Médiapart, Rue 89, Backchich, …). A quand la censure électronique ?
Plus grave : Aujourd’hui, le journal qui veut protéger ses sources, ne le peut plus, à cause des décrets sur les risques « antiterroristes » ou quand la « sécurité de l’état » est en jeu ! Facile ....
En résumé, si la presse était réellement libre, l’état et tout autre pouvoir, qu’il soit économique ou politique, ne devrait pas pouvoir "même" tenter de limiter sa liberté d’expression.
Il faut donc que la prochaine constitution protège mieux l’indépendance éditoriale, politique, économique et culturelle, des journaux quels que soient leurs supports et leurs financements.
Participation :Participation ! Cela fait penser irrémédiablement à la « démocratie participative » d’une certaine SR, avec ces fameux échanges structurés de campagne, … procédure immédiatement ringardisée par ses « amis » du PS, au vu de ses résultats à la présidentielle !
Et pourtant ! Il y a beaucoup à en dire et ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain.
S’il est un média interactif par essence, c’est bien celui qui s’installe d’emblée sur Internet et c’est probablement dans ce type de média que « l’interactivité démocratique » s’exprime le mieux (commentaires d’articles, forums …).
Pourtant, il me semble que des progrès doivent être encore réalisés dans la relation journaliste – lecteur. Il semble qu’elle doive, elle aussi, répondre à des règles ; mais lesquelles ?
Le journalisme est un métier. Etre lecteur n’en est pas un ! Mais c’est aussi le lecteur qui fait le média, car celui-ci n’existe que parce qu’il est lu !
Sans doute faut-il que le lecteur et le journaliste «se forment », "s'épousent" réciproquement, dans ces dialogues, en testant des échanges d’inégale qualité.
Nous sommes donc dans une relation de « Je t’aime, moi non plus ! », car le lecteur a la critique facile et même acerbe, quand il ne trouve pas matière à l’expression de son mécontentement ou de sa satisfaction. Comportement subjectif et irrationnel, opposé à celui du journaliste qui a construit son article, l'a structuré sur une base documentaire, donc rationnelle. Le lecteur s’appuie alors facilement sur l’article, pour rebondir, souvent de manière désordonnée, imprévisible, dans des artifices parfois susceptibles de détruire l’intérêt de l’article pour les autres lecteurs. Des modérateurs viennent parfois rectifier un propos abusif, mais le mal est fait. On en oublie la substance de l’article.
Or un article rapportera des faits, un billet livrera une opinion, ouvrant au débat. Mais le lecteur est-il toujours suffisamment éclairé pour réagir au quart de tour, comme il le fait, et toujours de bonne foi (quand il est honnête)?
Comment redéfinir la relation journaliste – lecteur, quand le lecteur n’est pas formé au journalisme et qu’il ne pourra que livrer une réaction d’humeur, rarement une information ou un rappel de faits qui seraient ignorés du journaliste…
Relation inégale donc, en qualité, mais qui donnera aussi au journaliste, l’occasion de rebondir, d’argumenter, d’approfondir, de prolonger son article, pour le plus grand bénéfice des lecteurs.
C’est donc bien d’une relation « affective » qu’il s’agit et qui ne souffrirait donc pas d’une règle écrite ? Disons que cette relation de "passion" a le mérite de donner naissance à quelques beaux textes donnant du "grain à moudre", pour la réflexion individuelle. Et ça, c'est très précieux et il faut le garder.
Pour le reste, sur cette relation passionnante, j’avoue mon incompétence… Je lirai avec plaisir les contributions d’autres lecteurs ou journalistes sur le sujet.