Suite de ma contribution initiale,
Sur le pluralisme, je voudrais ajouter à ma contribution précédente, que le CSA devrait être une instance totalement indépendante (de l’état et des groupes privés), telle une institution comme la CNIL, que son directeur ne devrait pas pouvoir être nommé par le pouvoir en place, mais par un vote des deux chambres. Il devrait être choisi en priorité parmi les responsables et techniciens de l’audiovisuel public ayant fait leurs preuves, eux-mêmes n’ayant pas été nommés non plus par le pouvoir.
A propos de la « com » du pouvoir en place, il faudrait également limiter et contrôler (grâce au CSA) le nombre et la durée des interventions du pouvoir, par une loi votée par les deux chambres.
Dans cette même loi, il faudrait comptabiliser le temps d’intervention en « com » du pouvoir en place, dans le temps imparti au parti proche du pouvoir, celui dont le représentant au pouvoir est issu.
Journalisme :Cette fois, c’est le mot « journalisme » qui m’interpelle. Rude métier que celui-là de nos jours. On peut d’ores et déjà saluer ceux et celles qui tentent de faire « bien » leur métier, vaille que vaille, pour offrir, apporter au lecteur sa matière à réflexion quotidienne !
Et dans votre questionnement :
Qu’attendrait le lecteur vis-à-vis de la logique de marque par rapport à celle du contenu ? Comment hiérarchiser l’information ? Faut-il choisir entre flux et sélection ? Faut-il séparer le commentaire de l’information ?Les champs de réponse sont vastes. En plus, le lecteur standard n’existe pas. Moi, un lecteur lambda, ne suis même pas un échantillon représentatif du lot général !
Alors je ne peux que livrer mon sentiment.
J’aurais une large préférence pour une logique de contenu, pour lire des articles d’ une sélection de sujets de société (sociologie du quotidien – philosophie – aspirations de l’humanité – évolutions de la civilisation contemporaine – futur de notre civilisation) me paraissant importants. De ces sujets dans lesquels le lecteur a brusquement envie de s’impliquer (toujours au titre de la « démocratie participative » du « citoyen permanent »).
L’actualité, l’ensemble des médias la diffuse de manière pléthorique, dans des flashs d’infos à longueur de temps, souvent en boucle. Cela est stérile, et même contreproductif.
Dans certains médias (ce n’est pas le cas chez Médiapart), beaucoup de journalistes poussent quelque fois l’analyse de cette actu, un peu trop loin, sans que le lecteur ait eu le temps de prendre véritablement connaissance du détail de l’info, parfois facilement tronquée. De fait, ce n’est alors plus véritablement du journalisme. Le cas est plutôt fréquent à la télévision, car les journaux abordent des sujets « accrocheurs », pour faire de l’audience !
Des chroniques politiques, économiques s’enchainent sur les brèves d’infos pour exploiter leurs contenus, sans que véritablement, le lecteur ait eu le temps de se faire sa propre opinion sur les faits et ses conséquences. Les faits justement devraient faire l’objet d’un exposé plus minutieux, hiérarchisé dans l’importance des conséquences possibles, mais sans donner à ces conséquences une consistance de probabilité trop grande !
Il est absolument nécessaire de détailler plus l’information pour le lecteur et surtout de séparer de cette info, les commentaires, les opinions qui peuvent troubler la vision, la perception des infos par le lecteur.
Que ce soit à propos de faits divers, ou des dérèglements climatiques, ou à propos de la crise financière, puis économique, nous avons assisté pour une part non négligeable de journalistes tous médias confondus, à un véritable déchaînement, comme s’ils recherchaient tous « un os à ronger » substantiel, leur permettant enfin d’exprimer leur indicible talent. Quand la « com » est, de surcroît organisée par le pouvoir qui s’est aliéné les dits médias, nous sommes alors constamment dans la manipulation d’opinion.
Supports et Gratuité :L’un des meilleurs supports de l’info et des journaux est sans conteste le WEB ! Mais tout le monde n’a pas accès à ce moyen. Le journal papier est encore un bon moyen, s’il est facilement disponible. La radio est totalement incontournable. Beaucoup plus que la télé, pour le journal d’actualité.
Le rôle de l’écrit par rapport à l’audiovisuel reste primordial. Dans les vidéos, de l’image et du son ne restent souvent que les images dans la mémoire des gens ! Un texte qui relaierait une vidéo, ainsi que font déjà Médiapart ou Rue 89, en étoffant leurs articles de vidéo de Dailymotion, permet de garder quelques références importantes. Bien sûr, le pouvoir d’expression d’un film est sans commune mesure avec le texte, mais celui-ci permet le recul et la réflexion, tandis que l’image capte tout l’intellect, sans laisser de place réelle à la capacité d’analyse du lecteur.
Les gratuits sont très appréciés, surtout des jeunes. Mais ceux-ci ne sont pas suffisamment vigilants sur la qualité de l’info qui est ainsi diffusée. Ils ne cherchent pas à savoir si la ligne éditoriale est parfaitement libre d’exprimer ses opinions dans ses chroniques ou ses commentaires. De fait, certains gratuits ont été créés justement pour atteindre cette frange de l’électorat qui n’achètera jamais un journal, pour orienter leurs opinions.
Pour ce qui concerne la gratuité, je suis plutôt contre. D’une part, car je reste persuadé que c’est au lecteur à choisir son média en le payant. Je suis convaincu que, lorsqu’il paye, il achète, non pas une opinion pré-formatée pour lui ou ses idées, mais un accès à une information de qualité transmise par de vrais journalistes qui auront collecté et vérifié correctement l’information, que les commentaires qui s’en suivront prendront le parti d’analyser exhaustivement toutes les conséquences possibles des faits.
Il va de soi, qu’en payant son journal, le lecteur achète aussi l’indépendance de son journal.Car si son journal est contraint de boucler son budget en laissant entrer dans sa trésorerie des fonds publicitaires, ou pire de l’argent des lobbys cherchant à orienter l’opinion, il ne pourra plus se fier à l’information ou aux commentaires diffusés.
Il apparait donc, dans l’idée d’un respect mutuel du lecteur et du journaliste, que ceux-ci doivent « se payer » l’un et l’autre, l’un avec de l’argent en achetant son journal, l’autre en livrant une information sûre, accompagnée d’une analyse rationnelle des faits. Le seul moyen pour que la confiance s’installe entre eux et dure longtemps !