Tout juste 30 piges, et déjà nostalgique. Comme tout amateur de ballon rond. Souvenirs d’euros.
1984. J’ai 6 ans, et c’est ma toute première virée au stade, dans le mythique Parc des Princes. De cet Allemagne-Espagne du premier tour, il ne me reste aucun souvenir. Si ce n’est que mon père, mon frère et moi étions à fond pour l’Espagne. Ce n’est que plus tard que j’ai compris qu’on était plus prosaïquement à fond contre l’Allemagne.
Ma deuxième rencontre, en revanche, je m’en souviens beaucoup mieux. J’ai toujours six ans, mais quelques jours de plus. L’Espagne est toujours présente, mais cette fois, je la hais. Car en face, c’est la France qui s’avance.
Quelle chance : assister à la finale de l’Euro. A la première victoire des Bleus dans une compétition internationale. Sur le moment, comme disent les footeux «je ne réalise pas».
Certes, du but de Platoche, l’idole de ma vie, de la bourde d’Arconada, le gardien espagnol, je ne verrai rien. Seulement une armée de dos qui se lèvent et me cachent la vue.
Mais de ce jour, j’ai conservé une passion et un drapeau tricolore, précieusement placé dans un placard de ma chambre d’enfant.
1988 : Marco Van Basten à la télé, en vrai, en direct. Le même qui, tous les dimanches, dans le générique de Téléfoot, inscrit sous le maillot de l’Ajax la bicyclette la plus pure de l'histoire du foot.
Un but qui n’a d’égal que sa reprise de volée en finale contre l’URSS de Dassaev. ( Vidéo de tout l'Eurovu par Van Basten)
1992 : Platoche est entraîneur. J’aime Franck Sauzée. Je chéris Jean-Pierre Papin. J’adule Christian Perez . L’espoir est immense. La désillusion terrible.
1996 : J’ai 18 ans, je m’emmerde royalement pendant la demi-finale France-Tchécoslovaquie. Dans ma tête, la solution est claire. Il faut virer Jacquet . Et remplacer l’imposteur Zidane. Visionnaire, déjà.
2000 : Mon frère et moi prenons le train pour Bruges. Sans billet. Le prix des places est à deux doigts de nous faire renoncer lorsqu’un gars nous propose deux places au prix d’origine. Un miracle. Djorkaeff met une volée ; Zidane un coup-franc. Après son but, il court vers notre tribune. J’ai l’impression qu’il nous regarde. A la dernière minute, Raul rate un penalty. Jour béni.
2004 : Deux jours à Lisbonne. Je ne verrai pas plus la capitale portugaise que le coup-franc de Platini en 84. Je passe 48 heures à roder autour du stade. Cette fois, j’ai des places en trop. J’en vends une à 300 euros, à un Anglais : le week-end est remboursé, ce qui rend la défaite moins rude à encaisser. D’autant qu’on ne sait jamais : il reste une minute à jouer. Et la France vient d’obtenir un coup-franc. Zidane le tire. Et marque ! La tribune des Français exulte. 30 secondes plus tard, Penalty. Zidane le tire. Et marque. La tribune des Français explose.
Renversant ! Jamais je n’ai vécu une telle ambiance dans un stade. Nous restons plus de 45 minutes dans l’enceinte après le coup de sifflet final. Ca crie, ça danse, ça chambre. Surtout quand les joueurs anglais reviennent sur la pelouse pour leur décrassage, alors que sur l’écran géant, défilent les images des buteurs français. Un pur bonheur.
Et de 2008, que restera-t-il?