Billet de blog 7 avril 2024

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Retraité de l'enseignement supérieur

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Droits et devoirs, une mise au point par des militants de l’IVV

La future loi sur la fin de vie qui conditionne l’Interruption Volontaire de Vie (IVV) à un pronostic vital à court terme, à des conditions de souffrances insupportables, sans prise en compte des souffrances psychiques et sous le contrôle du corps médical, ne répond pas à nos attentes.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le Comité National de la Résistance (CNR) rédigea, en 1944, le programme « Les jours heureux » qui visait, entre autres, à instaurer, dès la Libération, un ordre social plus juste (sécurité sociale, retraite pour tous…) et qui devint le socle de ce qu’on peut appeler « La Sociale » avec les ordonnances de 1945. Cependant, ce système plus juste et solidaire est attaqué depuis le début par les acteurs du néo-libéralisme dont l’idéologie ne connaît pas la solidarité. Place à l’individualisme, à la compétition sauvage et vive la startup nation !

La société française, fondée sur des droits, se transforme en société de devoirs, équipée d’un arsenal de contrôles et de sanctions ad hoc. Dans cette jungle, les citoyens sont considérés comme seuls responsables de leur sort et doivent se prendre en main : chômeurs, ils n’ont qu’à traverser la rue pour trouver du boulot, au RSA, il faut travailler 15 heures par semaine pour prouver sa bonne volonté...

 En revanche, bizarrement, dès l’instant où nous sommes malades, en fin de vie ou âgés, nous nous trouvons déchus de notre droit à prendre en main notre sort. Nous devenons affublés du statut de personne « fragile et vulnérable, incapable d’opérer des choix éclairés », à tel point que le public directement concerné par le projet de loi sur la fin de vie n’a jamais été consulté ni écouté.

A-t-on interrogé des personnes à l’hôpital, en soins palliatifs, en EHPAD sur ce qu’ils souhaitaient ? Non ! Seuls des représentants des soins palliatifs, des philosophes, des juristes et des médecins spécialisés qui ne représentaient qu’eux-mêmes ont été entendus !

Plus problématique encore, une session entière de la convention citoyenne sur la fin de vie a été consacrée à auditionner les représentants des religions, ce qui, on en conviendra, constitue un total mépris pour la Loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État.

Si notre association Ultime Liberté a pour objectif principal de faire évoluer le droit des personnes vers l’autodétermination : droit de disposer de sa personne, de sa vie, de son corps et donc de sa mort, où, quand et comme on veut, au moyen d’un produit létal accessible selon un protocole légal, son second objectif est de développer un réseau de solidarité entre ses adhérents, animé par une philosophie humaniste, au sein d’antennes locales.

La future loi sur la fin de vie qui conditionne l’IVV à un pronostic vital à cout ou moyen terme (sans que l'on sache ce que signifie court ou moyen), à des conditions de souffrances insupportables, sans prise en compte des souffrances psychiques et sous le contrôle du corps médical, ne nous convient donc pas et ne répond pas à la demande des 22% des conventionnels dits « universalistes » qui proposent un parcours sans condition d’accès.

Gouverner une société humaine n’autorise pas à gouverner l’intimité des vies de celles et ceux qui la constituent.

Et, puisque depuis 2002 (Loi Kouchner), il paraît que le patient est au cœur du système de santé pour en être acteur, rejoignez-nous pour faire évoluer la loi vers plus de liberté et de dignité.

Ce texte n’engage que ses 4 rédacteurs et signataires, adhérents d’Ultime Liberté et membres actifs de son Antenne Finistère.

Bruno Grall, Erick Ducret, Danielle Poirier, André Smolarz

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