Billet de blog 25 nov. 2013

geneviève Baas
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De l'Université Résistante au Forum mondial pour la démocratie

En marge du Forum, le 70e anniversaire de  la rafle de l’ « Université résistante » de Strasbourg, repliée à Clermont-Ferrand, le 25 novembre 1943. Le hasard du calendrier a fait coïncider la commémoration de l’arrestation d’étudiants et enseignants repliés à Clermont-Ferrand pendant l’occupation allemande. Le lien avec le Forum mondial pour la démocratie  peut ne pas paraître évident, et pourtant il l’est : lisez plus loin.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

En marge du Forum, le 70e anniversaire de  la rafle de l’ « Université résistante » de Strasbourg, repliée à Clermont-Ferrand, le 25 novembre 1943. Le hasard du calendrier a fait coïncider la commémoration de l’arrestation d’étudiants et enseignants repliés à Clermont-Ferrand pendant l’occupation allemande. Le lien avec le Forum mondial pour la démocratie  peut ne pas paraître évident, et pourtant il l’est : lisez plus loin.

                        En effet, alors que les autorités allemandes avaient exigé, dès 1941, que l’Université repliée de Strasbourg retourne en Alsace, celle-ci a décidé de rester et a mené une activité de résistance au sein de l’université et plus largement en Auvergne.

                       Comme l’ont rappelé successivement, lors de cette commémoration qui s’est tenue ce matin, le Préfet de la région Alsace, Stéphane Bouillon, le Recteur de l’université de Strasbourg, Jacques-Pierre Gougeon et le Président de l’Université, Alain Beretz, les enseignants et les étudiants connaissaient les risques de leur choix pour la liberté. Revenir en Alsace, c’était faire allégeance au régime nazi et à son chef, c’était faire fi des professions de la liberté de penser, de croire, de vivre. Mais rester, c’était prendre le risque d’être arrêté, torturé, déporté, assassiné.

 Et c’est ce qui se passe le 25 novembre 1943, après une première rafle quelques jours plus tôt. Ce jour- là, près de 1200 personnes, étudiants, enseignants, membres du personnel, sont arrêtées, sur dénonciation ; 400 vont être  emprisonnées, parmi lesquelles 130 seront déportées. Beaucoup mourront en déportation, d’autres dans les combats de la résistance. On estime que 139 membres de l’université de Strasbourg sont morts en captivité ou au combat, parmi lesquels : Paul Collomp, abattu dans son bureau, Jean-Paul Cauchi et Joseph Feuerstein, morts en déportation, Jean Cavaillès et Marc Bloch, morts au combat. Quelques survivront, meurtris dans leur chair par la torture, comme Jean Fischer, ou ébranlés à jamais par cette expérience des camps, comme  Bernard Adam, Marcel Fritsch ou Marc Klein .

 L’originalité de la commémoration d’aujourd’hui est qu’elle a su rassembler dans un même travail de « devoir de mémoire », des rescapés, comme François Amoudruz,  et des étudiants de Strasbourg et de Clermont-Ferrand, qui, ensemble, ont cheminé un mois durant pour comprendre ce passé ; avec François Amoudruz ils ont fait le trajet de Buchenwald, ils ont débattu sur cette expérience ; mais l’autre but de cette commémoration était aussi, après s’être penché sur le passé, de réfléchir à l’avenir. Le Président de l’université de Strasbourg, Alain Beretz, pour expliquer la démarche qui a été la sienne pour organiser cette commémoration, a cité Jean Cavailles, qui, peu de temps avant d’être fusillé, a dit : « continuez, reprenez le flambeau, n’ayez pas peur ». c’est pour que ce flambeau soit transmis qu’il a organisé ce mois de commémoration  dont le point d’orgue s’est déroulé aujourd’hui, date du 70° anniversaire de la plus grande rafle d’université de l’histoire.

 Réfléchir à l’avenir, c’est ici  se poser le problème de la démocratie et tous les intervenants l’ont souligné, tel François Amoudruz : il faut aujourd’hui être vigilants, face au danger du populisme et à la  résurgence de l’idéologie totalitaire.

 C’est ainsi que le lien se fait naturellement entre cette journée et le Forum de la démocratie. Puisse ce dernier nous donner des pistes pour l’avenir.

 Geneviève Baas 

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