Billet de blog 30 novembre 2013

geneviève Baas

Abonné·e de Mediapart

Quand les clips vidéos réconcilient les jeunes avec le politique.

Ce vendredi, les  « labs » s’interrogent sur les moyens d’envisager l’avenir, grâce au numérique. Le lab 17 s’est plus particulièrement intéressé à l’utilisation du numérique dans l’image, pour accéder à la démocratie participative. Nombreux sont ceux, et particulièrement les jeunes, qui, grâce au téléphone ou  appareil photo, prennent des photos ou des petites vidéos qui leur parlent plus que la seule écriture ou que le discours.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ce vendredi, les  « labs » s’interrogent sur les moyens d’envisager l’avenir, grâce au numérique. Le lab 17 s’est plus particulièrement intéressé à l’utilisation du numérique dans l’image, pour accéder à la démocratie participative. Nombreux sont ceux, et particulièrement les jeunes, qui, grâce au téléphone ou  appareil photo, prennent des photos ou des petites vidéos qui leur parlent plus que la seule écriture ou que le discours.

On a écouté avec intérêt les expériences de 2 présentateurs : l’un, mexicain, Aldo Arce, fondateur de « Puerta Joven », qui a lancé un programme « langues jovenos » pour intégrer les jeunes issus de milieux rural et récemment arrivés à Mexico. Alors que ces jeunes sont réduits à vivre dans des bidonvilles, faute de moyens, il s’agit de leur faire prendre en main leur avenir, avec leur langage, leurs mots, mais surtout leurs images. Ils réalisent alors  des clips-vidéos , sur les changements qu’ils souhaitent voir intervenir dans leur quotidien. Ces vidéos sont alors montrées aux autorités compétentes qui, parfois, en prennent compte pour prendre des décisions, par exemple pour l’accès à l’eau potable. Pour Aldo Arce  son programme a déjà des résultats positifs, ne serait-ce que par l’intérêt qu’il suscite auprès des jeunes défavorisés.

Une deuxième expérience nous est présentée : celle de Syhem Belkhodja, artiste tunisienne, fondatrice de l’association « Ness el Fen ». Elle fait d’abord un rapide, mais passionnant et instructif, retour en arrière, sur les événements survenus en Tunisie depuis fin 2010. Elle rappelle que, d’abord, les populations sont sorties dans la rue pour protester contre la dictature et le pouvoir policier, qui ont fait que chacun a peur de l’autre. Ce mouvement, pendant quelques semaines, a provoqué un grand espoir ;  mais rapidement une autre peur est née : ne sommes-nous pas, dit-elle, nous, les Tunisiens, manipulés par des forces extérieures, américaines, turques ou autres ; quel avenir ? comment reconstruire ? Là aussi, son association passe par les images, par des clips vidéos faits avec des jeunes et parfois avec des acteurs tunisiens. Ces clips , visibles sur le site « tunisie 4.0 », sont, par exemple, une mise en situation de scénario possible pour les années à venir: le choix de l’islamisme, ou celui des technologies, ou encore de la démocratie, ou de l’ingérence extérieure. Chaque choix est illustré par quelques situations qui mettent en avant, en quelques minutes, un aspect de l’option prise : à titre d’exemple : si le choix islamiste l’emporte, il y aura 2 facebook : un pour les garçons, un pour les filles ! en image, ça prête à sourire, mais aussi à réfléchir, ça parle plus que dans un discours. C’est tout l’intérêt de cette démarche, même si quelques intervenants en ont souligné quelques défauts et  limites. Ces clips ont eu une grande répercussion en Tunisie, en particulier chez les jeunes.  Dans le « lab », ces vidéos ont fait l’objet de quelques critiques, comme celle, pour la Tunisie, d’être trop élitiste, ou pour le Mexique, de ne pas avoir de résultats précis. Mais il n’en reste pas moins que, dans les 2 cas, ces expériences ont permis à des jeunes de s’impliquer dans la vie de leur pays, de prendre conscience de la dimension politique et c’est énorme quand on sait que chez nous , les jeunes se désintéressent de plus en plus de la politique.

Au-delà de ces projets, Syhem Belkhodja a lancé 2 appels : elle regrette que l’accès payant aux sites d’autres pays, sites d’information -comme Médiapart !- ou sites marchands – comme Amazone- ne soit pas possible aux Tunisiens dont la monnaie n’est pas convertible ; comment leur permettre cette ouverture ? Elle se dit vraiment frustrée, et on la comprend, qui pourra trouver la solution à ce problème propre à tous les pays émergents sans monnaie convertible ? Elle lance un autre appel , qui s’adresse à la France : pour elle, dans sa jeunesse- elle a une cinquantaine d’années- la France était le pays référent,  entre autres pour la culture- elle aspirait, non pas à émigrer, mais à aller y passer quelques jours ou plus. Or ce qui était possible dans sa jeunesse ne l’est plus aujourd’hui, la France a fermé ses portes aux Tunisiens, les visas sont de très courte durée- pour ce forum, elle a eu un visa de 3 jours ; elle doit retourner en Tunisie pour avoir un autre visa lui permettant d’aller intervenir à Marseille la semaine prochaine, aberration !  Elle en tire la conclusion, peut-être trop simple, que c’est pour cette raison que les jeunes Tunisiens s’éloignent de la France ; il leur est plus facile d’aller en Corée du Sud ou au Brésil, pays pour lesquels ils n’ont pas besoin de visa, alors qu’ils sont à une heure d’avion de la France.

En conclusion, ces deux  expériences ont montré combien les moyens du numérique sont divers et restent à exploiter. Le numérique par l’image est un bon exemple de la possibilité d’associer des groupes divers de la société, des générations différentes, à la vie politique. C’est une autre forme de démocratie participative à développer dans les années à venir. Alors, en avant pour le cinéma !!

Geneviève Baas

nb: les exemples-Médiapart et Amazone- sont de moi.

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