
Arnaud Dubus est un journaliste français résidant en Thaïlande depuis 26 ans. Il est entre autres le Correspondant de Libération, TV5 et RFI.
Il est aussi l'auteur de "Cambodge, La longue marche des chrétiens khmers" aux éditions CLD , "Thaïlande" aux éditions Chêne, et, dans la collection des "Guides de l'état du Monde", du guide de la Thaïlande aux éditions La Découverte
Il nous explique ici ce que représente la disparition du neuvième Roi de la dynastie Chakri, Bhumiphol Adulyadej, pour les Thaïlandais et les implications pour la monarchie dans le pays.
Elevé à l'horizon républicain, il est parfois difficile de rendre compte de l'attachement d'un peuple à un roi. Le cas de la Thaïlande ne fait pas exception.
Pourtant l'histoire du neuvième roi de la dynastie Chakri ne manque pas d'arguments pour expliquer cette adoration royale.
Tout d'abord le fait d'être l'enfant de deux esprits brillants :
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Le roi Bumiphol cultivera, tout au long de son règne, cette proximité avec les paysans thaïlandais, développant avec eux des moyens pour améliorer la productivité de leurs récoltes, loin du tumulte créé par les hommes politiques du pays. Là encore, peu de dirigeants thaïlandais, encore aujourd'hui, peuvent se réclamer de cette proximité.
Tout au long de son règne, du fait de sa grande connaissance de la géopolitique internationale, il préservera, grâce à de judicieuses alliances, son pays des guerres et massacres qui furent le sort de tous les pays voisins. Mieux, il transformera la Thaïlande en un dragon d'Asie du Sud-Est, qui affichera longtemps une croissance à deux chiffres.
C'est aussi cette paix et cette extraordianire prospérité économique qui sont à l'origine de cette gratitude extrême du peuple thaïlandais envers leur roi.
Dès lors, il est malheureux qu'au lieu d'enseigner ces simples faits, les dirigeants thaïlandais actuels aient recours à l'article 112 du Code Pénal, qui punit de 15 ans de prison toute personne considérée avoir manqué de respect, non pas au roi qui n'en a pas besoin, mais à l'institution monarchique.
A l'instar de nos lois anti-terroristes, cette loi, créée en 1908 et renforcée en 1976, sanctionne un crime sans jamais le définir...
...et surtout sans se rendre compte que c'est justement ce crime de lèse-majesté qui met en danger la monarchie.