Billet de blog 14 octobre 2024

zazaz (avatar)

zazaz

Abonné·e de Mediapart

Quand Ruffin (re)passe par chez toi

Il doit bien aimer notre coin de Bretagne, François. Il vient assez souvent même si à chaque fois, c’est tout de même à l’occasion d’une promo, d’un livre ou d’un film.

zazaz (avatar)

zazaz

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’ai un peu hésité à écrire ce billet, parce que j’avais peur d’être un peu trop acerbe et j’aime pas ça quand c’est des camarades. Mais bon, allez, je ne vais pas faire ma sainte-nitouche, vous le savez, c’est pas trop mon genre.

Donc, la scène se passe à la salle polyvalente de Dingé, petite commune bretillienne (ça veut dire Ille-et-Vilaine en Breton) de 1 600 habitants située à 30 km au nord de Rennes. J’arrive en avance, car j’aime bien sentir l’ambiance qui monte, voir les gens, les habitués, les curieux, les hésitants. À l’entrée, les jeunes militants rennais nous prennent un peu pour des ploucs et disent bonjour plutôt trois fois qu’une, tout en constatant rigolards la moyenne d’âge du public. On ne les sent pas trop à l’aise, mais heureusement, beaucoup de visiteurs semblent se connaître. Des retrouvailles, des bisous, ça se détend, un peu.

Illustration 1
© zazaz

En effet, les cheveux blancs étaient largement majoritaires

Dans la salle, ils ont prévu une trentaine de chaises, mais vu l’affluence qui grossit à vue d’œil et les guiboles fatiguées de toutes ces vieilles et vieux, les bénévoles ramènent dare-dare un max de sièges entreposés dans la remise. Vous fâchez pas, ici, on ne dit pas militant, on nomme bénévole celle ou celui qui veut bien s’y coller. On peut boire des coups, payants pour le jus de pommes et les bières locales, mais gratuits pour l’Ice tea et le Coca et aussi pour les gâteaux maison. Même le super fromager du coin est venu faire déguster ses spécialités au lait de vache, de chèvre ou de brebis, gratos avec du pain. En attendant que ça commence, un groupe assure l’ambiance musicale. On ne peut pas dire un concert, ça résonne trop, on n’entend rien dès que plus de 50 personnes sont dans la salle et causent se foutant éperdument des musiciens.

Vers 15h30, les invités sont arrivés sur la scène pour causer de leur métier. Aesh, prof en lycée technique, agriculteur et infirmière. Ça commence toujours comme ça un truc avec Ruffin. Il invite les gens de la vraie vie des durs labeurs à causer de leurs conditions. De salaires de misère, de burn-out, de batailles syndicales, de cheffes dictatrices… On écoute, on applaudit les prises de paroles, on compatit, car on est souvent mieux lotis qu’eux, retraités qu’on est (oui, ça y est, moi aussi !). Au moins, on n’a plus les chefs pour nous emmerder.
Après, le député de la 2e circo d’Ille-et-Vilaine, celle de Dingé, a pris la parole, mais j’ai presque rien compris, il mâchait ses mots, et puis en vrai, on avait surtout envie d’écouter Ruffin et sa bonne parole qui nous bercerait pour la soirée.

En 27 minutes, montre en main, François nous a torché ça comme un vrai professionnel qu’il est. Enfin presque, parce qu’il a commencé par remercier madame LE maire, il ne pouvait pas faire pire ce con ! En fait, nous a-t-il dit, il croyait venir à une kermesse. On lui avait proposé de venir à Dingé à l’occasion de la projection à Rennes de son dernier film en avant-première. Je me demande si ça n’aurait pas été un peu plus classe de faire une petite réunion à Rennes et une projection à Dingé, voire à Combourg où il y a une super salle. C’est sûr, il ne pouvait pas prévoir que 300 personnes feraient le déplacement dans cette salle polyvalente d’un bled paumé entre Rennes et Saint-Malo.

Et puis il nous a causé de la fierté bretonne, de la fierté nationale, de la fierté du travail, du rôle du travail comme mode d’intégration dans la société. Le travail socle de la société, comme un message subliminal en référence à son film « Au boulot ! ». Et il a continué. Depuis les années 80, le travail est dévalorisé, car on le considère comme un coût et non pas comme un atout. Dénonçant ceux qui ont la valeur travail à la bouche, et qui par des lois, le dévalorise. Et patati et patata.

Illustration 2

Heureusement, on a pu respirer deux secondes parce qu’il n’avait pas oublié qu’il était venu pour une kermesse et avait donc préparé des DVD à gagner avec une devinette : qui a dit « Depuis des décennies, le capital a été mieux rémunéré que le travail et la part du travail dans la production de valeurs a été réduite » ? Réponse à l’écoute ci-dessous (moi aussi je suis joueuse !)
Dans sa grande bonté, il a tenté une autre devinette pour un autre DVD, mais le public a calé et il a pu faire preuve de la qualité de son vocabulaire en nous sortant un mot qu’on était un peu trop bouseux pour le connaître et du coup, personne n’a gagné, vu que, contrairement à ce qu’il croyait, y’avait pas plein de profs dans l’assistance.

Bon, allez, je ne vous embête pas plus longtemps. Pour la suite, les dividendes, le bloc central, le front national, rassembler la gauche, Roosevelt… Je vous laisse écouter !

Bonne semaine ;)

© zazaz

Post-scriptum Cette édition « Il était une fois dans l’Ouest » ne demande qu’à accueillir vos histoires de l’Ouest, n’hésitez pas à y participer !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.