Les collectivités doivent-elles continuer d'assurer l'entretien des églises ?
Un billet satirique en réaction à l'article de la Chronique Républicaine du jeudi 07 novembre 2024 : "Une ministre présente pour la réouverture de l'église de cette petite commune d'Ille-et-Vilaine". L'occasion de s'interroger sur la séparation de l'Église et de l'État.
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Quel ne fut pas mon étonnement de voir, alors que j’allais gaiement à la pêche aux canards - ce n’est pas une attraction de kermesse au village, tas d’ignares ludophiles que vous êtes, c’est une licence poétique pour dire que j’allais chercher des articles dans la presse régionale pour alimenter mon émission de radio mensuelle – quel ne fut pas mon étonnement, disais-je avant d’être odieusement auto-circoncis … hem… avant d’être coupé par moi-même, couic ! , de lire en gros titre dans mon hebdo favori, ma source sûre, de son petit nom la Chronique Républicaine, qu’une ministre avait fait le déplacement jusqu’à Rives-du-Couesnon (35) à l’occasion de la réouverture, je vous le donne en mille, d’une église !
Pas d’une médiathèque, non non non, pas d’une école, pas d’une mairie, non, vous avez bien lu : la réouverture d’une église.
Pas dans la Revue Bigote hein, pas dans la Feuille Dévote, pas non plus dans le Bulletin de la Calotte, non, dans la Chronique RÉ-PU-BLI-CAINE !
À la vue de cette information, immédiatement mon cinquante ne fit qu’un demi-tour (parce que je n’avais plus de cent et que ce n’était pas suffisant pour faire un tour complet) : allait-on encore longtemps laisser l’État et l’Église exécuter ce pas-de-deux grotesque sous nos yeux qui certes, en ont vu des vertes et des pas mûres, mais qui préféreraient en voir des nettes et des plus sûres ?
Alors quoi ? Et la séparation de l’Église et de l’État, c’est du flanc ? et mon cul, c’est du nougat ?
Et Retailleau, c’est du poulet ???
...
Merde, quoi, ne me dîtes pas que l’État s’est encore remis avec son ex ?
Oh, vous savez bien comment ça se passe : l’État français, encore un peu bourré de la veille après une soirée trop arrosée au G7 renvoie 2-3 textos à l’Église, ils se remettent à flirtouiller, finissent par se donner rendez-vous à onze heures à la terrasse d’un troquet, juste pour boire un café en tout bien tout honneur, hein, et puis dix minutes après on se retrouve sous la couette à réarmer démographiquement alors qu’on avait dit pas de boogie-woogie avant les prières du soir !
Et c’est comme ça qu’on finit par avoir :
- la mission de Loto du patrimoine pour rénover les vieilles églises confiée à un homme, Stéphane Bern, qui a toujours l’air de passer pour le ravi de la crèche,
- Les aventures de Manu Macs avec François le Pape, en 13 tomes illustrées à la Bibliothèque rose,
- Le futur discours présidentiel sur le parvis de Notre-Dame, discours qu’il a même été question à un moment de prononcer à l’intérieur de la cathédrale (!),
(M’enfin : s’il tient tant à être au chevet d’une vieille dame qui vient de se faire ravaler la façade, qu’il aille donc prendre un verre avec une actrice connue d’un certain âge qui a fait de la chirurgie esthétique dont je tairais le nom pour ne pas faire de la peine à Madame Adjani)
- Et donc, à la venue d’une ministre pour l’inauguration d’une église.
Ce samedi 02 novembre, il y avait du beau monde pour admirer la paire de Saints (l’église Saint-Médard, de Saint-Marc-sur-Couesnon) : outre Françoise Gatel, ministre de la ruralité, ex sénatrice d’Ille-et-Vilaine, se trouvaient aussi, devant une cohorte de grenouilles de bénitiers, le député Horizons de la sixième circo Thierry Benoît, le sous-préfet d’Ille-et-Vilaine, ainsi que les élus communaux.
Autant dire une belle brochette d’élu(e)s de la République, d’agents de la fonction publique, de gens qui se doivent d’agir en fonctionnaires de l’État – de l’État, et pas de l’Église, nom de D… nom d’Elon Musk, qui est ce qui se rapproche le plus de Dieu sur Terre actuellement.
(Élu(e)s, dont le déplacement s’était probablement préalablement effectué dans une superbe voiture avec chauffeur. Et oui : on peut légitimement supposer que c’est Stéphane qui les avait emmenés dans l’auto du patrimoine, roulant à tombeau ouvert sur les routes de campagnes pour arriver à l’heure de la messe, au mépris du risque de prendre la berne.)
Je ne leur jette pas l’Abbé Pierre, mais bon.
La question que je me pose, sans la retenue, chers élu(e)s de la République, est la suivante : auriez-vous fait pareil pour un temple ? une mosquée ? une synagogue ? un gurdwara ?
Un plat de spaghetti-bolognaise de la religion pastafari ?
Non, non, non, trois fois non, déjà parce que ça rapporte beaucoup moins de voix.
Les voix du Seigneur ne sont pas si impénétrables que ça finalement.
Oooooh, je sais, je sais bien qu’il s’en trouvera parmi vous pour me dire qu’il faut bien « restaurer les Monuments Historiques » dont l’État et les collectivités sont les propriétaires depuis que la populace a honteusement foutu dehors le King au lieu d'aller voir le feu d'artifice au soir du 14 juillet 1789; pour me dire qu'il faut « garder une trace de ce glorieux passé architectural », « entretenir les édifices pour les maintenir en vie », bref, continuer à payer la maison de retraite à sa mère l’Église dont la France est, je vous le rappelle, la fille aînée.
Mais je vous pose la question, est-ce vraiment aux communes de venir boucher les trous du culte … de venir boucher les trous dans la toiture des églises, alors qu’elles n’arrivent déjà pas à colmater leurs déficits budgétaires, à combler les nids-de-poule de leurs voiries, ou à remplir de joie leurs administrés ?
Tenez, j’ai moi-même calculé, en faisant une simple opération par mon saint-esprit :
- coût total des travaux de rénovation de l'église Saint-Médard : 96 462 € HT.
- Autofinancement 36 539 €, moins 9422 € de dons privés (53 donateurs présents dans l’église).
- Intervention divine : zéros euros. Radin, va !
...
Je vous le dis, histoire de bien préciser ma pensée : je suis pour démettre l’église du milieu du village. Pour les démonter pierre à pierre, les désacraliser, et les revendre au plus offrant, qui en fera bien ce qu'il veut, je m'en moque. Voilà qui renflouerait les caisses de l’État ! Finie, la dette française ! Envolé, le déficit structurel ! comblé, le renflement brun !
Oh, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Je respecte les religions ; par exemple, j’ai tellement de respect pour la religion catholique, que je suis allé jusqu’à me faire officiellement débaptiser afin de ne plus rien avoir à voir de près ou de loin avec cette communauté - c’est une vraie info que je vous donne là, les enfants. Quand quelqu’un de sensé se décidera enfin à faire ma page Wikipédia, il pourra citer ce billet dans ses sources !
(Entre parenthèses, c’est ce qu’on appelle faire acte d’apostasie – à ne pas confondre avec mon illustre aïeul allemand de l’est Adolf Von Zantrop, qui faisait office de capo dans la Stasi).
Et puis merde, quoi, chacun est bien libre de croire, et de croire à ce qu’il veut en son for intérieur, du moment qu’il n’oblige pas les autres à croire comme lui. Même si l’on ne m’ôtera pas de l’idée qu’il est pour le moins incongru qu’en tant qu’adulte majeur et quintuplement vacciné contre le covid, on puisse encore continuer à croire au père noël en 2024 !
Néanmoins, on ne m’empêchera pas de me demander éternellement : si Dieu existe réellement, pourquoi Gaza ? Pourquoi Donald Trump ? Pourquoi le covid ? pourquoi le racisme ?
Pourquoi le chou-fleur ?
(Pourquoi le réseau social LinkedIn ? Ah si ça je sais : c’est pour nous montrer un exemple de ce qu’est l’enfer.)
Car en vérité je vous le dis, mes bien cher(e)s frères et sœurs, exception faite des jours fériés, et dans une moindre mesure, d’une réponse définitive et sécurisante face aux angoisses existentielles les plus terribles qui nous vrillent l’estomac et nous hantent tout au long de notre minuscule vie d’humain insignifiant, que peuvent bien nous apporter les religions, si ce n’est des guerres de religion ?
Et à quoi servent les guerres, à part à obtenir encore plus de jours fériés ? CQFD.
Jours fériés dont le nombre devrait en toute logique significativement augmenter au 21ème siècle compte tenu des lendemains qui chantent que nous concoctent les pires despotes de l’humanité, de Poutine à Netanyahou en passant par Donald Trump et Léa Salamé.
Donc c’est d’accord, marché conclu, on arrête et on se quitte, l’État d'un côté, l’Église de l'autre, et la raie (publique) bien au milieu ?
Quant à moi, après tout cela, si je ne peux décemment pas vous prier de recevoir mes salutations les plus cordiales, je peux néanmoins vous les adresser de bon cœur, en toute laïcité.
