L’histoire commence il y a plus de cent ans, quand un collectionneur d’espèces rares d’arbres s’est mis dans la tête de créer un parc dans sa propriété de Sens-de-Bretagne, entre Rennes et le Mont-Saint-Michel. C’est comme cela que, sur 7 000 m2, 30 espèces d’arbres et 20 sortes d’arbustes ont été plantées dans ce qui allait devenir le parc de Volvire, le paradis du village.
Les habitants passaient tous les jours devant la propriété sans se douter des trésors qu’elle abritait ni du « poumon vert » dont bénéficiait la commune, grâce à cet ancien amoureux des espèces locales comme des essences venues du bout du Monde. Cèdre de l’Atlas ou du Liban, ginkgo biloba, araucaria du Chili y côtoient depuis châtaigniers, if d’Irlande, épicéas, noyers, hêtres et autres cerisiers… En 2024, le résultat est époustouflant et on a du mal à imaginer qu’un promoteur envisage de détruire ce parc pour quelques bâtisses qui ne vaudront plus rien bien avant cent ans.

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Là où la flore se développe, la faune se déploie et ici, les chauves-souris, les hérissons, les écureuils, nombre d’oiseaux et d’espèces protégées comme la chouette hulotte et la chouette effraie, trouvent un habitat idéal pour se nourrir, se reproduire et faire vivre et évoluer cet espace naturel qu’un groupe d’habitants ne se résout pas à voir disparaître. Depuis plus d’un an, le collectif Araucaria, créé par les habitants en question, se bat pour que l’impensable ne voie pas le jour.
L’impensable, c’est donc la construction de 14 maisons individuelles dans un village qui a quasiment doublé sa population en trente ans et n’a eu de cesse de construire ou d’accorder des permis à des lotisseurs toujours plus gourmands de mètres carrés à viabiliser. Plusieurs autres projets de lotisseurs privés sont en cours et un grand plan municipal de réaménagement d’un quartier de la commune en étude depuis 2017 est prévu d’ici à 2035 environ. On peut prévoir aux alentours de 200 logements supplémentaires sur la commune dans dix ans.

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Situé sur le chemin des écoliers, à deux pas de la maison de retraite, en plein milieu du village et en face du centre culturel, le parc est l’endroit idéal pour faire se rencontrer les habitants, les enfants, les familles, les jeunes et les vieux. De nos jours, on appelle ça « faire du lien », mais je préfère dire « se faire du bien ». Odile Le Roc’h, voisine du parc, a recensé tous les arbres et se démène depuis le début pour sauver l’endroit. Elle assure les visites, anime des ateliers, crée des land’art, prépare des expositions et raconte inlassablement l’histoire des arbres, les bienfaits de la nature, les secrets des plantes et tout ce que perdrait le village si le parc venait à disparaître.
Il y a eu des articles, des reportages, des émissions de radio, mais régulièrement, des alertes à l’abattage se font entendre et le bras de fer continu. Un appel a été lancé il y a quelques jours pour financer le rachat du terrain estimé à 190 000 euros et 10 000 euros de frais. C’est pas la mer à boire à côté de tous ces milliards perdus dans la nature, ou plutôt dans le béton. Il faudrait moins d’un euro par abonné à Mediapart, ou 10% qui donneraient 10 euros, pour financer ce rachat, alors, à vot’ bon cœur m’sieurs dames, et si ça ne marche pas, vous serez remboursés !

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https://www.google.com/maps/@48.3314517,-1.5343396,295m
https://www.collectifaraucaria.fr/

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