Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.
Wittren by the troupe
Patras, porte de l'Europe...
Sur la route côtière qui traverse la ville et qui lie le vieux port au nouveau, on trouve un parking qui sépare une promenade bien soignée d’un médiocre parc d’attraction. Sur ce béton ombré de quelques arbres, des dizaines de migrants passent leur temps.
Certains d’entre eux viennent du Soudan, d’autres du Maghreb ou d’Afghanistan. Chacun a derrière lui une histoire différente. Certains fuirent la guerre, d’autres cherchent tout simplement des conditions de vie meilleures. Tous partagent l’envie de partir de la Grèce, un pays qui ne leur concède rien, sauf quelques dizaines de mètres carrés entre la route et la mer.
Presque tous ont l’envie de parler, mais beaucoup ne peuvent le faire face à la caméra. Souvent avec un sourire, ces hommes nous content les violences qu’ils subissent de la part de la police ou des groupes d’extrême droite. Abdalla, notre contact avec la communauté des migrants du nouveau port, nous raconte que, deux jours avant notre arrivée, la police a effectué une rafle obligeant les migrants à fuir et en a emprisonné plus d’une centaine. D’autres voix nous apprennent que presque toutes les nuits, la police vient les voir et prend comme excuse le contrôle des papiers, afin de les violenter et de voler leur argent et leurs téléphones.
L’unique moyen qu’ils ont pour gagner leur vie est de nettoyer les pare brises des voitures qui s’arrêtent aux carrefours du quartier, ou de récupérer les pièces des chariots à la sortie du supermarché. C’est un travail pénible, sous le soleil durant douze heures par jour, et qui ne rapporte presque rien, quelques euros par jour. C’est pour cette raison que beaucoup d’entre eux sont fatigués par manque de sommeil et de nourriture. Cette faim n’attaque pas seulement l’estomac, mais aussi l'esprit, en cassant leur lucidité et leur résistance.
Les plus engagés sont les premiers à manifester les symptômes de cette fatigue physique et mentale. Abdalla s’en aperçoit très bien. De ses discours n’émergent pas seulement une forte conscience politique, une capacité d’analyse très fine et une volonté de faire face à la situation, mais aussi une frustration latente, qui dans les moments les plus difficiles le mène à mettre en discussion toutes ses aspirations.
Sa recette est très simple : ils ne doivent plus avoir peur de la police, ils doivent l’affronter à visage découvert, en affirmant que tant que la Grèce ne leur donnera aucune alternative et ne fera rien pour leur assurer leurs droits et leur dignité, ils occuperont ce lieu. Pour Abdalla la difficulté est d’accepter de ne pas arriver, par manque de forces physiques et mentales, à regrouper ses camarades, mais pour l’instant il n’a pas d’autre choix.
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