Mardi, plus de deux cents réfugiés syriens à bord d'une embarcation ont quitté le port égyptien d'Alexandrie en direction de l'Italie afin de rejoindre leurs familles en Suède. Jusqu'ici rien de nouveau pour une Europe qui assiste en silence à cet exode, nous dit Valéria Brigida, journaliste de La Repubblica.
Puis l'impensable se produit : la garde côtière égyptienne ouvre le feu sur le bateau pour semble-t-il, empêcher les réfugiés de quitter le pays. Au final, deux syriens-palestiniens sont tués sur le coup, une femme de cinquante ans, Fadwa Taha, elle voyageait avec son fils et son petit-fils et Amr Delol, un homme de trente ans qui accompagnait sa femme enceinte et son fils. Le nombre exact des victimes reste incertain. Les survivants de la fusillade ont été transférés à Karmuz, la prison d'Alexandrie.
Ces réfugiés ont pu contacter leur famille à partir de leur téléphone mobile afin d'obtenir la protection internationale. Ils sont donc en mesure d'alerter sur leurs conditions de détention, de diffuser les vidéos et images des morts et des dizaines d'enfants emprisonnés par les autorités égyptiennes à Alexandrie. Les nouvelles ont circulé sur les réseaux sociaux puis reprises par la chaîne internationale arabe Al Qods.

Le sort de centaines de réfugiés fuyant la Syrie cherchant refuge dans les états arabes voisins inquiète le "Mouvement pour la solidarité avec les réfugiés", un réseau transnational de militants pour les droits de l'homme qui, en quelques heures, a ouvert une page Facebock dénonçant la détérioration du traitement que l’Égypte réserve aux réfugiés syriens.
En particulier, il y est fait référence à la décision prise le 8 Juillet dernier par le nouveau gouvernement égyptien qui impose aux Syriens un visa d'entrée dans le pays. Entre Juillet et Septembre, les chiffres officiels de 143 réfugiés syriens arrêtés parce que sans documents réguliers d'entrée puis déportés en Syrie, leur pays d'origine déchiré par les conflits en cours.
Depuis Juillet, des relents xénophobes sont relayés par les médias égyptiens, les télévisions. Ces mêmes réfugiés emprisonnés à Alexandrie témoignent de la violence quasi systématique des autorités égyptiennes contre les demandeurs d'asile syriens les empêchant de trouver refuge en Europe, en l’occurrence l'Italie. ICI
Selon le porte-parole du Haut Commisariat des Nations Unies pour les réfugiés, Adrian Edwards, ces départs massifs d'Egypte s'expliquent parce que les Syriens "ont vu le mois dernier que la situation avait changé, et notamment que les règles pour l'obtention des visas s'étaient durcies, cela les a donc conduits à chercher à se rendre ailleurs", a estimé M. Edwards. Il y a actuellement 80 000 réfugiés syriens enregistrés par le HCR en Egypte mais le chiffre réel serait proche de 250 000 ICI
Quelle est la stratégie de l'Europe si l’Égypte est un partenaire clé en méditerranée ? je ne peux m'empêcher de faire un parallèle avec le rôle assigné à la Libye avant la chute de son dictateur. Aujourd'hui, les réfugiés gardent leur portable, demain ils seront enterrés vivants...
Autre témoignage ICI