Billet de blog 24 août 2011

Mariethé FERRISI (avatar)

Mariethé FERRISI

Auteure de roman policier

Abonné·e de Mediapart

Immigration acte 5: "De l'autre côté" Les afghans au milieu des champs

Le groupe de migrants qui vit sur le parking n’est pas l’unique à Patras. A quelques kilomètres à l’est de cette esplanade, dissimulé au milieu de champs à coté du village de Rio, des dizaines d’afghans ont établi leur refuge.

Mariethé FERRISI (avatar)

Mariethé FERRISI

Auteure de roman policier

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le groupe de migrants qui vit sur le parking n’est pas l’unique à Patras. A quelques kilomètres à l’est de cette esplanade, dissimulé au milieu de champs à coté du village de Rio, des dizaines d’afghans ont établi leur refuge.

Al’abri de quatre murs délabrésd’un vieux hangar, ces jeunes hommes, dont l’âge moyen est très bas, ont monté leur tentes, tel un caravansérail qui les protége partiellement des attaques de la police. Deux années sont passées depuis que la police, en 2009, a attaqué et incendié l’ancien campement. La plupart des afghans qui maintenant vivent dans ce nouveau camp n’ont pas vécu ces moments là. Ils n’étaient pas encore arrivés en Grèce, peut-être qu’ils n’étaient même pas partis d’Afghanistan. Cependant, tous ont déjà connu la violence de la police et la douleur des os cassés. Akhtar a plus ou moins 25 ans et parle très bien l’anglais. Il a fuit l’Afghanistan après avoir servi l’armée et on retrouve chez lui les qualités d’un leader. Il nous parle de la guerre, de quand il s’est retrouvé dans une embuscade talibane, avec des soldats français qu’il a vu tomber en grand nombre. Il nous aide aussi à traduire les discours de ses camarades. Beaucoup parmi eux ont les bras, les jambes ou la tête bandés.

Anif est un jeune garçon. Il semble avoir 30 ans, mais n’en a que la moitié. Il parle très bien anglais et comme tous, il a envie de partir de la Grèce pour arriver dans n’importe quel état européen.Son bras plâtré est le signe le plus évident de sa dernière tentative de fuite,la semaine précédente. Après avoir réussi à se cacher dans un camion, la police en le découvrant le tabassa et le jeta sur la route du port. Hafiz a 16 ans et une jambe cassé qui est l’unique résultat de sa tentative de fuite. Il n’a pas aucune intention de rester en Grèce, mais il est obligé de choisir. En effet, s’il fait sa demande d’asile à Patras il pourra accéder aux soins gratuitement, et par conséquent toutes ses tentatives de fuite seront vaines. Ceci est le résultat de la convention de Dublin II (2003) qui oblige chaque réfugié a effectuer sa demande dans le premier pays européen rencontré et par conséquent à y vivre. De plus, s’ils tentent de quitter ce pays, ils y seront automatiquement renvoyés. Si par contre il ne fait pas sa demande, il aura la possibilité de s’en aller, mais pour sa jambe il sera obligé de payer de sa propre poche. Hafiz sait bien qu’avec la jambe cassée il sera dans tous les cas coincé. Finalement, il n’a aucun choix, mais il garde cependant son espoir derrière un timide sourire.

Written by the troupe

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.