Jusqu’à présent tout allait bien. Des taux de croissance de chiffres d’affaires positifs, des résultats nets en très forte augmentation tous les ans, etc. Jean Peyrelevade s’inquiète à juste titre du niveau des marges en diminution mais globalement allait bien pour nos chères PME si créatrices d'emplois.
Mais voilà, en juin 2003 Alan Greenspan a inité une baisse spectaculaire des taux d’intérêts aux Etats-Unis qui petit à petit est devenue une bulle de crédit comme l'analyse George Soros dans l’Express du 11/9/08 et comme on peut le lire sur certains blogs spécialisés : watchthebank.com. Une bulle dans un pays déjà très endetté (lire l’Empire des dettes aux Editions les belles lettres).
On ne racontera pas ici le début de la crise dite des Subprime qui n’est rien d’autre qu’une crise extrêmement grave du crédit. A l’été 2007, c’est le début du massacre des PME françaises.
Juillet 2007 à Juillet 2008 : la fin de la bourseLes gérants de fonds (SICAV, FCP) sont obligés de vendre une grande partie de leurs actions dans les PME cotées (moins de 1 milliard d’euros de capitalisation pour faire simple) car elles sont peu liquides (c'est à dire qu'il y a de faibles volumes).
Ces gérants (Richelieu Finance, Tocqueville, etc) sont malheureusementcontraints de vendre en même temps pour rembourser leurs clients qui ne souhaitent plus être investis en actions de PME. De ce fait, cela ferme le marché boursier dédié aux PME. Conséquence : il n’est plus possible de se financer sur les marchés en levant des fonds par introduction en bourse ou par augmentation de capital pour les PME (les valorisations sont devenues trop faibles).
Juillet 2008 à courant 2009 : les LBO pètentLes PME qui imaginent encore pouvoir tenir leurs objectifs sur l’année commencent à souffrir cette fois du ralentissement de la consommation et du dollar très faible (du fait de la crise de crédit aux Etats-Unis et de leur endettement).
Les banques françaises commencent donc à observer des "bris" de covenants, légers pour l’instant, dans le cadre de contrats de crédits. Certaines PME ne vont peut-être plus pouvoir rembourser dans les temps leurs crédits. On peut donc anticiper des provisions supplémentaires d'ici quelques semestres pour les banques qui sont en train d’essayer de se refaire en relevant leurs marges de crédit (spread).
Et qui dit crédit plus cher, dit plus de frais financiers et des difficultés à financer des projets de croissance. Beaucoup d’entreprises rachetées sous forme de LBO avec de la dette à "gogo" (pas chère) ne peuvent plus tenir les objectifs fixés par les business plan.
Parallèlement :
- Les taux remontent, c’est donc l’immobilier qui dévisse courant 2008. Chute très importantes des ventes de neuf et d’ancien (30%), faillites de certains promoteurs, crise pour le bâtiment qui va aussi subire le ralentissement. Quand le bâtiment va, tout va. Quand ce n’est plus le cas….
- Toutes les activités fortement génératrices de commissions s’arrêtent peu à peu : titrisation, produits dérivés exotiques auxquels les patrons avouent sous le manteau ne rien y comprendre, fusions et acquisitions, opérations de marché, etc
Courant 2009 à fin 2010 : les fonds de private equity saignent, la banque privée se meureQue se passe t-il chez les riches ? Pas encore touchés. Car quand va tout mal, certains sont assis sur des tas de cash gigantesques mais ne savent plus quoi en faire. Qu’ils attendent un peu, on va assister à leur descente aux enfers.
Ceux qui ont acheté trop cher (2005/2007) des entreprises avec des leviers de dette importants et de la dette pas chère ne pourront pas vendre ces mêmes sociétés à des niveaux de prix leur permettant d’afficher insolamment des taux de rendement de 15%/20% ou des multiples de sortie de 2 à 3 fois l’investissement.
Ces fameux LBO dont Mediapart dénonçait les excès qui souvent oublient les investissements à longs termes et les salariés. Qu’ils pètent ! Les financiers vont commencer à se poser des questions sur leur valeur ajoutée.
Mieux : les actionnaires de ces fonds d’investissement vont les rattraper dans l’analyse. A quoi servent-ils s’ils n’investissent plus ou que les niveaux de prix de leurs participations vont inexorablement baisser ces prochaines années. Facile de faire du 5%. En dormant ça marche aussi. Gestionnaires de fonds, voire de fonds de fonds, banquiers privés, que vont-ils faire ?
Nous avons sacrifié la jeunesse, les entrepreneurs, les investissements long termes sur l’autel de la rentabilité à court terme. Comment faire des 15% de retour sur fonds propres, etc constamment ?
Certes les armées ont laissé l’informatique et Internet devenir publics nous offrant plusieurs dizaines d’années de croissance grâce aux innovations en découlant.
Un Greespan roublard, un GEIC nous incitant à tout recycler ne pourront suffire à supporter de tels niveaux de croissance dans un contexte démographique inédit dans l’histoire de l’humanité.
Avides d’argent, nous serons probablement punis.