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Billet de blog 15 septembre 2008

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Crise financière : nos députés regardent le train dérailler

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

5 questions sur la crise financière pour nos députés.

1. Estimez-vous être suffisamment compétents pour analyser la crise financière mondiale majeure en train de se dérouler sous nos yeux ? sinon qui vous conseille ?

Soros et Greenpan qui ne sont pas des tendres sont explicites :

George Soros: "Le système financier est au bord de la rupture" (L’express du 13 septembre 2008)

Alan Greenspan : « Crise financière: la plus grave depuis un siècle » (Le Figaro du 15 septembre 2008)

Elus régionaux, cumulant parfois des mandats locaux, qu’en pensez-vous ? On attend de vous lire dans la PQR. Impact sur les PME, les collectivités publiques…

2. Que fait la commission des finances pendant ce temps ?

Elle auditionne Tapie, sur une affaire éminemment grave…Elle prends donc des cours de droit de l’Arbitrage et des cours de théâtre en direct…

3. Qu’elle est la fiabilité de l’information en provenance des Etats-Unis ?

Aucune : on rassure, puis c’est de pire en pire.

Le Nouvel Obs du 26 juin 2008 : La crise financière est derrière nous a estimé le jeudi 15 mai, DSK président du FMI.

"Il y a de bonnes raisons de penser que les institutions financières ont révélé l'essentiel (des dégâts), surtout aux Etats-Unis (...) Les pires nouvelles sont donc derrière nous", a déclaré Dominique Strauss-Kahn devant la commission des Affaires économiques du Parlement européen à Bruxelles. Le Président du FMI n’a pas vu venir la faillite de Lehman, les déboires de Merrill Lynch, c’est fâcheux pour un supposé grand économiste.

Prévoyant il ajoute tout de même : "le principal problème est le lien entre la crise financière et l'économie réelle, et ça n'est pas derrière nous", a-t-il ajouté, estimant que la crise allait encore peser sur l'activité économique pendant "plusieurs trimestres".

La Figaro du 15 septembre 2008 : Le patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a prévu au Caire un rétrécissement à venir du secteur financier mondial. Quel grand génie, on vote pour lui en 2012 ?

4. Que pensez-vous des déboires de Dexia ou de Natixis, les banques des collectivités locales ?

Voici l’analyse du bureau de recherche d’Oddo le 10 septembre 2008 sur Dexia :

Situation concurrentielle en France sur le segment municipal : la situation compétitive met le groupe en position de pouvoir répercuter la hausse du coût de funding à l’échelle du groupe. L’augmentation de tarif mise en place par Dexia (de l’ordre de 10 bp) a été suivie par les Caisse d’Epargne et le Crédit Agricole. Société Générale serait devenue moins active sur le segment du financement municipal tandis que Depfa est toujours aussi discret en ce moment. Le maintien de bonnes conditions de funding au S2 nous semble malgré tout essentiel et sera suivi de près dans la mesure où le groupe ne pourra pas répercuter indéfiniment la hausse du coût des ressources…

En jargon technique, cela veut dire que le Groupe va répercuter sur les collectivités le coût de la crise pour maintenir les dividendes offerts à ses actionnaires. D’autre part le groupe est toujours très exposé aux Etats-Unis via sa filiale FSA. Question aux députés : que fait Dexia aux Etats-Unis ? N’est-elle pas censée se concentrer sur la France ou la Belgique ?

5. Comment sanctionner les pratiques irresponsables des dirigeants et administrateurs des banques françaises ? Comment se fait-il que BNP Paribas échappe à la crise ?

Rien n’est grave pour ceux qui sont à l’abri mais l’adition sera salée pour les petits.

Des spécialistes de la finance internationale le savaient et l’écrivaient, alors deux choses :

- les administrateurs / dirigeants des banques le savaient et n’ont rien fait,

- les administrateurs / dirigeants ne le savaient pas et cela pose d’autres questions de compétences ou de pouvoir!

Qui sera responsable de la « catastrophe » à venir ?

La plupart de nos députés sont-ils capables d’anticiper ou de gérer une crise financière de cette ampleur et de mettre la pression sur les réels responsables ? On dira que c’est le système qui est responsable, mais dans ce cas qui représente le système ?

Quant à la commission des finances présidée par Didier Migaud et dont le rapporteur général est Gilles Carrez, elle semble peu armée pour nous aider. Elle pourrait se faire entendre un peu plus face aux discours des technocrates…

Il n’y a pas grand-chose non plus à attendre de la présidence. Car comme conclut Jean Peyrelevade dans son livre : nous n’avons pas besoin d’un « technicien de surface » du pouvoir d’achat comme Sarkozy mais plutôt d’un architecte avisé.

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