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Je me souviens....

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Billet de blog 4 juillet 2023

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Je suis verte de rage et aussi pour d'autres raisons que je ne maîtrise pas, j'aime bien aussi cette couleur, c'est tout.

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Je suis verte de rage et aussi pour d'autres raisons que je ne maîtrise pas, j'aime bien aussi cette couleur, c'est tout.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Fut un temps où chaque année nous nous rendions en Tunisie au joli mois de mai. Mais cette année-là, je ne sais plus pourquoi mon époux de ce moment, était parti quelques jours avant. Nous avions convenu que je le rejoindrai par le bateau mais nous n'avions pas assez de thunes pour une cabine, donc je m'accommoderai d'un siège, rembourré de cinéma ou style "grand patron", pour passer la nuit.

Départ de Cannes au petit matin, autoroutes jusqu'à Gênes, passage obligé par le pont, qui s'est effondré quelques années plus tard, pour accéder au port.

Attente habituelle sur le quai puis embarquement.

Maintenant, il faut passer 22 à 24 heures de traversée avant de débarquer, douanes et tutti quanti.

Le temps était au beau, je décide d'aller en griller une, face à la mer, sur le pont avant où trône une modeste piscine vide, décatie.

Un jeune homme Algérien, 25/30 ans, j'étais dans la quarantaine, me rejoint. Sympathiquement nous discutons, il me parle de sa réussite dans une radio à Paris, que j'agréée mais de fil en aiguille, quelque chose ne semble pas lui convenir, il insiste sur sa réussite et d'après le peu d'éléments que je lui ai fournis, il semble la comparer à la mienne peu reluisante, moi qui pourtant semble être bien née et bien partie dans la vie. Bref mon malaise s'installe. Le vent se lève, l'après-midi décline, j'ai froid, je veux rentrer à l'abri dans le bateau.

Et là je me lève, je me retourne et je m'aperçois que derrière nous il y avait des rangs d'Algériens - je suppose - assis comme au théâtre dans des transats ou comme au café du bled, place aux herbes (anciennement Jean Jaurès), et qui tranquillement nous observaient.

Je comprenais tout à coup mon malaise, j'étais en infériorité : femme, en jean's bleu, blanche, rougie par le soleil.

Je rentre et ne sais pas comment occuper mon temps, jusqu'à la nuit, jusqu'au débarquement le lendemain.

Je mange un bout, erre, vais pisser un coup, gobe ma pilule pour la nuit, essaye de m'accommoder du fauteuil de ministre flottant, tourne, vire, le sommeil ne vient pas. Je déambule jusque tard dans les couloirs. Et v'là t'y pas que je recroise le jeunot. Il s'enquière de mes nouvelles, pourquoi je ne dors pas, ceci cela. Je lui explique et il me propose de me laisser sa couchette. C'est un peu comme un train de nuit : un placard bordé de trois couchettes superposées de chaque côté. Je ne refuse pas je suis claquée. Sans me déshabillée et avec pour oreiller mon petit sac, je m'endors précipitamment.

J'ai dormi comme une Isabelle et je me suis faîte cette réflexion que ce sont mes voisins qui ont du mal dormir car dans ces conditions de grosse fatigue et de sommeil réparateur je ronfle comme une turbine 🙂.

Au lever, je recroise le jeunot et le remercie pour la bonne nuit que j'ai passée, je ne me souviens plus de comment il a passé la sienne 😳. Sans presque d'autres mots nous nous quittons.

Puis encore quelques heures avant le débarquement pour enfin passer quinze jours de vacances en famille après la douane et une heure d'autoroute.

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