C’était il y a 40 ans, (octobre 74) dans ma région ...le tournage d'un feuilleton télévisé.
Le matin nous avions eu affaire à un assistant. Le groupe d’orphelines devait remonter une rue et il fallait que l’on entende bien le bruit des sabots. La scène fut donc recommencée plusieurs fois.
A midi, nous sommes rentrées chez nous pour manger, sans quitter nos costumes, et j’ai eu droit à LA PHOTO malgré toutes mes récriminations, la bougonnerie étant une de mes spécialités à cette époque (j’avais 14 ans !)
L’après-midi se tournait une autre scène. Elle était plus compliquée, la quinzaine d’orphelines était plantée devant l’église et chantait un cantique. Il fallait faire semblant de chanter, puisque le son de toute façon serait rajouté.
Comme nous étions dans les plus grandes, avec ma copine, nous étions debout en arrière du groupe. Depuis le matin, j’avais sacrément mal au pied à cause des sabots en bois. Je m’étais dit que, pendant qu’ils nous faisaient lambiner sous le soleil sans bouger, je pouvais enlever discrètement ces foutus sabots ; ils n’allaient quand même pas filmer les pieds ! Mes copines qui étaient plus disciplinées, tentèrent de me rappeler à l’ordre, et puis, à ma grande surprise, un assistant vint me dire de remettre mes sabots. C’est à partir de là que, mon corps d’adolescente mal dans sa peau, s’est mis à me trahir, j’avais trop chaud, je ne pensais qu’à mes pieds, et je me dandinais d’un pied sur l’autre pour diminuer la douleur. C’est sûr, j’allais me trouver mal ! Du coup on me fit sortir du groupe, et c’est là que le metteur en scène vint me voir, l’air un peu pataud et embarrassé mais aussi irrité .Il était persuadé de son intuition et me demanda d’un ton qui se voulait compréhensif « t’as tes règles ? ». Je ne me souviens plus ce que j’ai dû répondre, à cette question si délicate …
Voilà comment débuta et finit ma prometteuse carrière d’actrice ! Evidemment la 1ère scène fut coupée au montage, et de la deuxième ne resta qu’un plan fugitif. Le feuilleton fut regardé en famille parce que c’était LA grande production du service public de cette année-là, ancrée dans le social, et le régional. Mon père m’appela narquoisement « l’orpheline » pendant plusieurs mois.
Je ne me souviens plus du cachet que j’ai touché, mais j’ai gardé quand même l’enveloppe qui contenait l’argent liquide, et quant au Metteur en Scène, rassurez- vous je lui ai pardonné . Depuis 40 ans il ya prescription !!!