
La tête se courbe en arrière, secouée par la peine qui l’habite. Les yeux se ferment sur l’indicible douleur. La bouche exhale sa sourde plainte. Billie Holiday chante au Downbeat, en 1947, à New York.
C’est la plus connue des photographies de William P. Gottlieb, parti rejoindre, au paradis du jazz, les plus grandes stars de la scène new-yorkaise, en 2006, à 89 ans.

De 1938 à 1958, il a été le complice des plus célèbres. Portraitiste précis, toujours attentif à construire d’eux une image vraie, il savait déclencher, sniper amical, sous le bon angle et toujours au moment idéal... pour faire vivre. C’est ainsi qu’il devint Mister Jazz. Ses plus belles cibles: Duke Ellington, Count Basie, Louis Armstrong, Ella Fitzgerald, Charlie Parker, Thelonious Monk, Dizzy Gillespie et tant d’autres, dont notre Django Reinhardt.

Off stage, souvent, quand l’ambiance était bonne et qu’ils étaient in the mood, William et ses modèles savaient se montrer facétieux. Je ne résiste pas au plaisir de vous en apporter la preuve.

Jack Lesberg, Max Kaminsky et Peanuts Huko: trois Américains, une seule contrebasse.

Shelly Manne, batteur du Big Band de Woody Herman et Stan Kenton: petit en-cas asiatique.

Buddy Morrow, tromboniste et leader du Swing Big Band en 1946: tentative d’évasion?
N’ajoutons rien, regardons. Les images de William P. Gottlieb parlent si bien de lui et de ses amis du jazz!