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Billet de blog 26 septembre 2014

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Un calcul de génie

Au cours moyen un instituteur nous avait impliqués dans un projet dingue, la fabrication d'une machine à calculer…

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Au cours moyen un instituteur nous avait impliqués dans un projet dingue, la fabrication d'une machine à calculer. Les machines à calculer venaient de faire leur apparition, elles étaient à leds, rouge sur fond sombre, intrigantes. Elles coûtaient encore très cher et les piles s'usaient très vite. Nous, on se demandait vraiment comment on serait capables d'en fabriquer une.

Le maître, c'est comme ça qu'on l'appelait, maître, a poussé sur l'estrade une table roulante. De celles qui servaient normalement à la desserte des plats entre la cuisine et la salle à manger, sauf qu'au lieu de plats apétissants le plateau inférieur était chargé de pièces mécaniques diverses prélevées sur de l'électroménager. Le cœur du dispositif, surtout, était un programmateur de machine à laver. Ça tournait en rond, avec en couronne plein de petits contacteurs en cuivre. Quelque part sûrement, une batterie ou bien de ces grosses piles pour lampes de cheminots. Et des fils un peu partout. Sur la partie supérieure, il y avait un caisson de contreplaqué non encore assemblé, destiné à servir pour la zone d'affichage. Il était ajouré d'une longue fenêtre horizontale, de sorte qu'on puisse aligner une dizaine de diapos rétro-éclairées par de petites ampoules de lampe de poche. Un système de cloison placée en diagonale derrière chaque diapo permettait de séparer deux ampoules qui illuminaient soit toute la diapo, et apparaissait alors un zéro un peu incliné en losange, soit seulement la moitié de la diapo, quand une seule ampoule était allumée, et dans le demi-losange du haut apparaissait un "un".

On n'a rien compris à toute la machinerie, ce qui ne nous a pas empêchés de peindre les diapos. On a aussi fait les petites soudures des ampoules, placé les cloisons. Quand tout a été terminé, par je ne sais plus quel moyen on donnait à la machine deux nombres préalablement convertis en base deux, et on la lançait. Dans le cliquètement du programmateur les diapos affichaient alors une série de uns et de zéros censés former la somme des deux nombres : elle additionnait en base deux.

Autant vous dire qu'à  chaque calcul on vérifiait le résultat sur un bout de papier. Et que si on tombait sur le même résultat on ne se disait pas, je ne me suis pas trompé, on se disait qu'elle avait juste. Bref par le biais de cette machine, on a tous su calculer parfaitement en base deux à la main.

Mais je ne sais plus additionner en base deux ... Non. Ce qui s'est gravé ce jour-là, c'est la démystification de la Machine et de l'Electronique, au moment même où cette dernière apparaissait dans nos vies. Nous confier la peinture des diapos, faire de nous les artificiers des uns et des zéros avec de simples ampoules et du carton, ça c'était le vrai coup de génie du pédagogue. Comme la révélation simple que tout pouvait s'expliquer.

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