Avec Denis, c’est encore un personnage de notre jeunesse qui disparaît, et le tableau qui représente notre île, autrefois hyper-réaliste s’efface peu à peu…
J’ai connu la « mère » L qui hantait le « chemin vert », le dos courbé par l’arthrose, derrière sa coiffe brodée; et sa canne qui claquait sur les cailloux. J’ai connu Loïc, le vieux calfateur à barbe banche qui claudiquait sous les coques en bois; j’ai connu Fred « le fleuriste poète » et son éternel imperméable, qui cueillait les fleurs des jardins pour les offrir aux dames de ceux d’à coté. J’ai connu Pascal C, dans sa sombre cahute à mettre des bateaux en bouteille, toujours entre deux vins, tant la mer lui donnait soif ; et Francis B toujours à maugréer contre tout le monde.
Je connaissais peu Denis.. On l’a trouvé par terre au fond de son « canot », échoué dans les rochers, mort. Je retiendrai son air taiseux, comme tous les marins; mais ouvert, et sa casquette vieux rose, toujours vissée sur la tête, dans un coin, derrière l’étal de sa femme Marianne qui vendait son poisson.
Je me souviens de ma surprise de la rencontrer au MAC à Paris, il y a quelques années, où elle n’avait évidemment pas pu le tirer.
Nous sommes arrivés à l’âge où ça tombe comme des mouches, autour de nous, et où la souffrance nous guette.
Marianne, profitons du temps qu'il nous reste.