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Je me souviens....

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Billet de blog 28 mai 2011

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Peurs d'enfant

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La semaine dernière m'est revenu un souvenir d'enfance datant du jour de la mort de Sharon Tate. Effrayante histoire, ou même l'enfant à naître n'avait pas eu sa chance.

Je ne sais comment j'avais appris ce massacre. Par la radio, le journal, des adultes qui m'en avaient parlé ?

Le soir même de cette horrible annonce nous étions partis en voiture, en famille voir un couple (d'amis?) qui habitaient une maison. Où ? Dans une propriété privée ? A la campagne ? Près d'une forêt ? Peut-être. Comme je m'étais endormi à l'arrière de la voiture, on avait jugé bon de me laisser dormir. Lorsque je me suis réveillé, j'étais seul, la nuit était profonde. Au loin il y avait les lumières de la maison dans laquelle devaient se trouver mes parents. Pour atteindre la maison, il me faudrait sortir de la voiture, seul dans la nuit épaisse, au milieu de hauts arbres noirs (des pins ?).

Je ne me revois pas ouvrir la porte de la voiture. Je ne me souviens pas du chemin parcouru. Je me rappelle seulement du cauchemar que j'ai fait (peu après ?), d'un enfant terrorisé qui se cache sous un lit, "priant les forces du vide pour devenir transparent". Je ne sais pas si ce cauchemar était lié à Sharon Tate mais le souvenir les a joint et cela est très bien ainsi.

Depuis, ce souvenir, je me suis amusé à noter quelques unes de ces terreurs. En voici une autre. Bien évidemment et fort heureusement, les distorsions intérieures provoquées par ces terreurs ne sont plus. La capacité à redonner l'importance qu'elles réclament est du ressort de chacun, pourvu qu'il décide de faire ressurgir quelques instants (est-ce souhaitable ?) l'intense, dense, floue et "noire matière" enfouie dans les profondeurs de l'enfance.

Illustration 2
Les yeux collés © 

Les yeux collés.

Je devais avoir quatre ans, pendant près d'une semaine une conjonctivite aigüe m'empêcha le matin d'ouvrir les yeux, de décoller mes paupières. Dès mon reveil, ma mère que j'appelais en hurlant venait avec un bol d'eau chaude et un gros paquet de coton. Elle s'asseyait au bord de mon lit et patiemment me nettoyait les yeux. L'eau chaude coulait le long de mes joues. Pendant tout le temps que durait "l'opération" je tentais bien sûr d'accélérer "la libération". Entre mes paupières encore partiellement collées, je revois ces visions morcellées : l'image des doigts de ma mère en gros plan tenant le coton au bord de mes yeux, plus loin, les bribes de son doux visage penché vers moi. Ai-je eu peur de devenir aveugle ? J'ai le souvenir de ce sentiment voisin.

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