« La marquise est sortie à cinq heures ». Hier c’était ma mère, Monique. Pourtant, elle n’était pas marquise. Sauf de Sévigné, s’il le faut.
Papa soignait les FFI blessés pendant les coups de mains contre les nazis dans les arrières salles de bistrot, pendant que Maman portait les messages clandestins… Ils ne se sont plus quittés,.
Enfant, j’allais souvent, en sortant de l’école de la rue Blanche, prendre mon goûter dans le salon de thé de la chocolaterie Prévost qu’elle tenait à la Chaussée d’Antin...
Une fois, elle m’avait emmené avec elle, je devais avoir une huitaine d’années, toute une après midi, coller des timbres sur un mailing. Je crois qu’il concernait le droit à la contraception. C’était au MLF ou quelque chose comme ça... 20ans avant la Loi Weil.
Pourtant, de mes souvenirs d’enfance, c’est surtout de notre grand-mère Lucienne dont je me souviens mieux... C’est elle qui s’était occupé de nous quatre quand les parents sont partis aux Etats Unis pour la bourse de papa, (j’avais 11ans); et à l’ile de B à toutes les vacances. Maman travaillait... C’était assez rare alors. Comme nous, depuis 1923, elle y avait passé une grande partie de son enfance pêché à pied, fait de la voile et la fête. Elle y avait de nombreux amis, et y restait très attachée.
Se battre pour son indépendance, c’était son truc; pourtant elle a surtout suivi Papa.. La vie est pleine de contradictions…
Elle nous a répété jusqu’à son dernier instant qu’elle avait été très heureuse avec lui….Elle n’en finit pas de le rejoindre.