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Billet de blog 8 octobre 2009

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Du racisme ordinaire en liberté (d’expression) et autres billevesées

I love the country but I can't stand the scene. Leonard Cohen« Racisme ordinaire ». Ça devrait être un oxymore. Ça ne l’a jamais été. Encore moins cette semaine, en Suisse (et ailleurs).Lundi: propagande ouvertement raciste sur une moitié de page de la Tribune de Genève.

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I love the country but I can't stand the scene.

Leonard Cohen

« Racisme ordinaire ». Ça devrait être un oxymore. Ça ne l’a jamais été. Encore moins cette semaine, en Suisse (et ailleurs).

Lundi: propagande ouvertement raciste sur une moitié de page de la Tribune de Genève. Soli Pardo, le président de l’UDC Genève, avait préparé le terrain sur son blogue, hébergé par La Tribune lui aussi, le 1er octobre[1].

Au nom de la liberté d’expression, la rédaction du journal se justifie (voir à ce sujet le billet de Guillaume Henchoz[2])et légitime la publication des phrases insultantes.

Un peu plus tard dans la semaine, une affiche de l’UDC[3],toujours elle, lance la campagne anti-minarets en Suisse –votation fédérale du29 novembre prochain- et divise. Interdite à Lausanne, Montreux, Bâle-Ville, autorisée à Genève au nom de la liberté d’expression.

D’autres arguments viennent s’ajouter à celui devenu presque caduque -tant il estutilisé à tort et à travers- de la liberté d’expression. Interdire c’est renforcer « la position des initiants par la publicité que cela leur offrirait et le rôle de victimes qu’ils pourraient endosser[4] » Et une page de journal c'est pas de la pub peut-être ?

Certes interdire n’est pas la panacée. Il faut expliquer, persuader, convaincre, mener une campagne de fond, responsabiliser l’électorat et j’en passe dans les bons sentiments. Certes Voltaire dira « "Je hais vos idées mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez les exprimer." Mais St Just tempèrera : «Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. »

Alors devant la banalisation du racisme et autres atteintes à la liberté[5]et à l’intégrité de personnes, il faut réagir. Alors oui, un journal se doit de choisir ce qu’il publie ou non, oui une ville se doit de choisir ce qu’elle met sur ses murs ou non.

Contre une époque où tout se vaut, où tout ce dit, où tout s’acquiesce dans la mollesse et l’infantilisation généralisés.

Les enfants ont besoin d’interdits, le saviez-vous ?


[1] http://bit.ly/2PmYbP

[2] http://bit.ly/11dAbB

[3] http://bit.ly/47moA5

[4] http://bit.ly/1vVOoV

[5] Relire à ce sujet l’entretien entre Antoine Perraud et Robert Damien http://bit.ly/J546r

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