Il me fallait un prétexte. L'exposition L'ange du bizarre au Musée d'Orsay (jusqu'au 9 juin 2013) me suggère de diffuser L'île des morts d'Arnold Böcklin. Ce n'est pas le plus évident de nos 23 films à montrer en petit format et surtout sans la 3D, car ce film a été conçu par Pierre Oscar Lévy spécialement pour des écrans en relief, à regarder avec des lunettes actives qui nous transforment en touristes balnéaires alors que nous sommes dans la semi-obscurité de notre salon ! L'intervention est ici minimaliste, même si cela a donné beaucoup de travail au truquiste. La barque s'avance lentement et disparaît. C'est tout. J'en ai composé la musique en jouant du frein, un instrument inventé et construit par mon camarade Bernard Vitet dans les années 70. C'est une contrebasse à tension variable. Ses micros sont des écouteurs de téléphone en bakélite que nous avions volés dans des cabines téléphoniques publiques. C'était il y a si longtemps qu'il y a prescription et nous laissions toujours le combiné principal intact pour ne récupérer que l'écouteur supplémentaire ! J'ai enregistré en une prise en faisant passer le son du frein dans un processeur d'effets, l'Eventide H3000, que j'ai programmé pour entretenir le son en produisant des harmoniques particulières. À l'origine, le film produit en 3D par Samsung Electronics France fut conçu pour être joué en boucle dans le cadre de "Révélations, une odyssée numérique dans la peinture".