Comment faire face à la montée du Front national en dépassant les vieilles recettes de la diabolisation, dont l'efficacité est de moins en moins prouvée ? Ceux qui se contentent de critiquer le FN en le renvoyant à son passé trouble sont confrontés au quotidien, sur les marchés ou en faisant du porte-à-porte, à des électeurs pour qui le FN d'il y a trente ou quarante ans semble ne plus rien avoir en commun avec celui d'aujourd'hui. Il fait moins peur, il semble inoffensif.
Face à ce défi posé par nos concitoyens qui disent ne plus croire dans le politique et hésiter entre l'abstention, le vote blanc et le vote FN -- parce qu'il faut que ça change -- il semblait important d'essayer de comprendre ce qui se passerait si le FN voulait appliquer le programme qu'il présente. Marine Le Pen se targuait en effet en juillet dernier sur les ondes de France Inter de présenter un programme cohérent et applicable. La Gauche forte a essayé de voir ce qu'il en était des prétendues solutions miracles du FN qui clame partout avoir changé. Et elle n'a pas été déçue.
Oui Marine Le Pen présente un programme économique, il faut bien l'admettre. Mais la cohérence dont la présidente du parti se vante reste, elle, bien loin d'être démontrée. Le programme du FN est un patchwork, un assemblage de mesures disparates, à géométrie variable et aux ambitions parfois opposées. C'est ce qui ressort de l'analyse présentée par Le Guide anti-FN, fruit de la réflexion que la Gauche forte mène depuis sa création.
Marine Le Pen qui prétend incarner l'avenir promet au présent, pour tout renouvellement, les recettes du passé. Quand elle dénonce le "mondialisme", sorte de concept-valise dans lequel il est facile de mettre tout ce qui est détestable pour faire la somme des mécontentements, elle refuse de prendre conscience de ce qu'est la mondialisation, c'est-à-dire un phénomène d'accroissement des échanges à l'échelle planétaire. Elle n'a pas compris que ce n'est pas la mondialisation qui est diabolique, mais bien plutôt les conséquences de la mondialisation qui peuvent être néfastes. A nous de réguler cette mondialisation. Mais Marine Le Pen, vivant encore dans les années 1950, espère tout simplement s'en abstraire. D'un coup de baguette magique ?
Car c'est bien cela que promet Marine Le Pen : l'irréalisme comme programme et l'irresponsabilité comme méthode. La crise qui touche notre pays intervient quelques années après notre entrée dans l'euro. Qu'à cela ne tienne : l'euro devient le responsable de la crise ! Notre pays ne connaissait-il pas déjà la crise avant l'euro ? Marine Le Pen confond concomitance et causalité. Que la crise qui nous touche aujourd'hui soit due à la finance dérégulée que prônait Jean-Marie Le Pen ne semble pas poser de problème à sa fille pour qui le coupable est le bureaucrate "euromondialiste" mythifié qui nous gouverne, selon elle.
Alors qu'il importe, pour sortir par le haut des difficultés que nous traversons, de réenchanter le projet européen, en proposant la construction d'un avenir solidaire aux peuples d'Europe, Marine Le Pen ne propose que retrait, destruction du lien et donc isolement.
Montant la France contre elle-même, les ouvriers contre les syndicats, les petits patrons contre les salariés qui coûtent cher -- récusant le rôle du droit de grève -- aguichant les employés du secteur privé au détriment des fonctionnaires, puis se repentant presque aussitôt, Marine Le Pen, en disant tout et son contraire, engendre de la détestation. A un projet de réussite collective elle oppose l'échec dû à l'égoïsme.
Il nous faut continuer à démonter point par point les aberrations qui parsèment les discours du Front national, avec un soucis de clarté et de rigueur, en restant vigilant sur ses évolutions. La riposte à l'imposture du non-sens est lancée et le combat sur le plan des idées contre ceux qui ont pour seul programme de détruire la France est en marche.
Vient de paraître: Le guide anti-FN de La Gauche Forte. 3€
