Plus que jamais, une Gauche forte est nécessaire.
Le rendez-vous des élections européennes et municipales approche. Avec cette échéance, il est possible de sentir poindre la vague de rejet du politique, du rejet du projet européen, du rejet de ce que le Front national appelle le « mondialisme ». La crise économique persistante, ses effets malheureux sur la paupérisation de notre société et la montée des angoisses collectives jouent un rôle non négligeable dans la banalisation des idées de l’extrême-droite.
Mais la situation économique et sociale n’explique pas tout. Des personnalités politiques entretiennent et accréditent les passions extrêmes. La logique électoraliste, la volonté d’attirer à tout prix les électeurs du Front national par des discours auxquels ils seraient susceptibles d’adhérer, a entrainé la dérive d’une partie de l’UMP dans les eaux troubles de la xénophobie. A la barre, Patrick Buisson, communiquant et conseiller de Nicolas Sarkozy. L’échec de la campagne présidentielle de 2012, où l’ancien président s’était fait le promoteur d’une France dite « forte » — alors qu’en stigmatisant la figure de l'autre, elle était une France de l’affaiblissement de la cohésion nationale — n’a pas suffisamment servi de leçon. Sur les traces de leur mentor, les ténors de l’UMP s’approprient, l’un après l’autre, les thèses de l’ancien rédacteur en chef du journal d’extrême-droite Minute.
Cette droite de plus en plus « décomplexée » n’hésite pas à adopter les codes du populisme. La « Droite forte » a organisé en juillet dernier sa Fête de la violette, fleur qui est pour Guillaume Pelletier le symbole « du ralliement des bonapartistes qui avaient un rapport direct au peuple ». En associant l’espérance de la force retrouvée du politique et celle du dépassement des « corps intermédiaires », cheval de bataille mariniste, dont Nicolas Sarkozy s’était fait le chantre pendant la campagne, la Droite forte continue de jeter des ponts vers l’extrême-droite.
C’est contre cette droite qui se dit forte que s’est créée la Gauche forte en janvier 2013, pour signifier qu’aucun mouvement politique n’avait le monopole de l’emploi de ce terme. Oui, la Gauche est forte. Forte de ses valeurs de solidarité et d’intégration, forte de sa conviction de la prééminence du politique sur l’économique.
Face à l’UMP qui mise sur un échec de notre entreprise de redressement de la France, la Gauche se doit d’être fière et vigoureuse. Fière du combat pour la justice qu’elle entreprend et vigoureuse dans la réponse au procès en illégitimité qui est entrepris à son égard.
Notre club opérationnel, profondément ancré au sein de la majorité, vise tout d’abord à mener le combat contre une certaine droite en voie de "buissonnisation". Ne la laissons pas occuper l’espace médiatique par des attaques malveillantes envers notre formation et néfastes pour la poursuite de notre projet politique ! Face aux propos inacceptables de certains élus, la Gauche forte est là pour riposter. Rendre coup par coup, renvoyer la droite à la responsabilité de son échec alors qu’elle a été incapable pendant dix ans de mener la France à bon port, telle est notre intention.
Répondre aux attaques de la Droite et affronter avec force les thèses populistes et nationalistes, promues par l’UMP "buissonisée" et le FN, passe également par un combat sur le plan des idées. Face à la critique de l’Europe, à la volonté de s’en détacher, opposons une Europe de la solidarité et de la justice sociale. La crise de légitimité que connaissent les institutions actuelles n’est pas une fatalité. Face à la critique de l’Euro, faisons de la pédagogie pour expliquer son importance politique et économique, soutien du pouvoir d’achat des ménages et message d’ouverture aux pays voisins. Notre club entend promouvoir la défense, le renforcement et la poursuite d’un projet européen vecteur de solidarité, vital pour le maintien du rang de notre pays au sein des puissances qui comptent.
La réponse au procès en illégitimité mené par la Droite passe par la réaffirmation des principes républicains auxquels nous sommes attachés. Il s’agit de ne pas céder au repli identitaire, à la critique outrancière de nos institutions, à l’instar du pouvoir judiciaire, tant décrié par l’ancienne majorité. Notre réponse, c’est le retour de la justice. Une justice qui lutte enfin efficacement contre la récidive avec une réforme pénale ambitieuse. La Gauche forte entend récuser les accusations d’angélisme qui pèsent sur nous : la préservation de la sécurité, passant par une fermeté dans la réponse policière, n’est pas la chasse gardée de la Droite.
La justice retrouvée, c’est aussi l’exemplarité transformée en norme. La lutte contre la fraude fiscale que nous menons, le combat pour la rénovation de la Ve république avec le non-cumul des mandats pour les élu-e-s, les nouvelles obligations de transparence, démontrent à quel point la Gauche sait que le XXIe siècle appelle des transformations dans l’exercice du pouvoir. La justice réhabilitée, c'est enfin une attention de chaque instant au respect du principe d'égalité territoriale, pour que les plus isolés – dans les quartiers déshérités ou en milieu rural — aient un accès égal aux services publics. La réalisation de cette justice, judiciaire, fiscale, sociale, est la meilleure façon de lutter contre l'attraction exercée par les irréalistes promesses de l'extrême-droite. Proliférant sur le terreau des mécontentements, elle est prête à tout dire, même si la réalisation de son programme plongerait le pays dans une crise irrémédiable.
En conséquence, notre pôle de proposition s'est donné pour objectif de faire émerger et défendre des idées novatrices et concrètes pour répondre aux attentes des Français et pour anticiper l’avenir, être force d’idées au service de la réussite du quinquennat. En ce sens, nous organisons régulièrement des conférences sur des thématiques variées.
La Gauche forte sait en outre que nous ne pourrons progresser que par un soutien efficace à l’action de François Hollande et du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. La division nuit à la cohérence du message, à sa force de frappe, mais aussi à l’action. Soutenir un gouvernement de gauche qui a à coeur la défense de notre modèle notre social est un impératif. Cela passe par une argumentation saine, par une présence médiatique indispensable. La politique du gouvernement est une politique d’ouverture et de dialogue, qui a pris en compte l’importance de la consultation effective des « corps intermédiaires », syndicats et organisations représentatives, pour la réussite des grands projets de réforme. La Gauche forte ne peut que s’en féliciter, alors qu’elle-même se veut attentive et accueillante à l’égard des membres de la société civile, du monde de la culture et des intellectuels qui souhaitent porter les valeurs de la Gauche et la réforme, par le dialogue.
La Gauche au pouvoir sait qu’elle a l’obligation de réussir et d’oser. Réussir parce que c’est pour cela que les Français lui ont fait confiance le 6 mai 2012, elle tire sa légitimité de cette ambition. Oser, en se confrontant aux attaques, en tenant compte de l’ensemble des préoccupations des Français et en portant fort les valeurs qui ont toujours été les nôtres : égalité, justice, solidarité, laïcité et tolérance. La Gauche forte mène ce combat avec constance et vivacité.