
Agrandissement : Illustration 1

Épicurisme
art de savourer des petits riens
de déguster la vie par petits bouts
d’être heureux de peu quand la disette sévit
le plaisir se niche partout
partout où il y a un peu de lumière
pour éclairer un coin de la nuit
Savoir aimer les
plaisirs qui ravissent l’instant
de bonheurs fugaces en suspens
chaque met chaque rire chaque caresse du soleil
est un répit magique
qui vient adoucir les tourments
car la vie est magique derrière le tragique
la vie est belle
lorsqu’on la prend humblement
Des bols et ses mains
les bols qui résonnent et ses mains qui m’entonnent
baume sur mes plaies invisibles
je vibre
je plane
apaisement sublime
je vibre
je suis ivre
d’amour
Cessez de geindre
de vous plaindre à tout bout de champ
vous préférez être assistés
pourquoi pas c’est votre droit
c’est un choix comme un autre
vous ne voulez pas vous cultiver connaître vos droits
quitte à être spoliés malmenés infantilisés
pourquoi pas c’est votre droit
mais par pitié cessez de geindre
soyez au moins digne dans votre survie
assumez votre choix
d’être assisté
plutôt que de payer le prix
de la liberté et de l’autonomie
Je tâtonne entre ciel et terre
à chercher un équilibre
afin de garder la fibre
en vivant entre paradis et enfer
Il faut aimer les mystères
pour trouver du sens à l’existence
et saisir la lumière
dans ses plus subtiles fragrances
Je ne suis rien et je suis tout
tout ce que tu veux et tout ce que je peux
j’ai tant et tout voulu ma vie durant tout
et tant que je la somme de mes vœux
arrivé au zénith de mes aveux
L’uniformité m’ennuie
j’aime la diversité une vie pimentée
imprévisible impromptue et mutine
vous vous imaginez vous
vivre sans pépin
une vie durant
mais c’est mortel !
Je me délite
je m’effrite
la cervelle confite et la raison déconfite
macérant dans une marinade de léthargie et de Mort subite
le houblon mousse dedans ma tête recuite
et les mots disjonctent dans mes synapses en fuite
je suis en orbite autour de ma ligne de conduite
réveillez-moi avant le terminus j’ai rendez-vous avec Magritte
Entre les stands animés
la foule grouille sur l’asphalte
tronches masquées
qui sillonnent les allées
environnées de senteurs alléchantes
et d’un bourdonnement continu de vie
et de voix qui voguent du regard
au-dessus des cagettes et des cageots
débordant de victuailles
c’est jour de marché
les produits s’étalent impudiques
sous un soleil méridional
il suffit de se pencher pour se régaler
Je m’accroche aux mots comme on s’accroche à un espoir ténu
lorsque la branche cassera les mots n’auront plus d’existances
les vers seront dans le fruit et les rimes
Dormir
plonger dans le néant
partir à la dérive d’une nuit-océan
dormir
porté par le temps en suspens
dans la douceur d’un sentiment d’éternité
il y a de l’invulnérabilité dans le sommeil
dormir
quelle volupté
de ne plus penser
de ne plus se démener avec ses démons diurnes
apaisement suprême que de
s’abandonner à la sagesse du temps
Je me suis vu trop beau
je me suis cru invincible
j’avais beau savoir que ça ne durerait guère
mais
je voulais encore y croire
être encore un peu le plus fort
je ne voulais pas t’infliger ma dégringolade
je ne voulais pas être une astreinte dérisoire
je ne voulais pas que tu me voies dépérir à petit feu
misérablement décrocher sous tes yeux
mais
je ne suis pas Dieu le père ni même tout à fait Saint d’Esprit
je n’ai pas le pouvoir de faire la pluie et le beau temps
mon amour que tu me touches avec ta vaillance inquiète
je croquais la vie ardemment je craque désormais l’envie sans dents
hier je suis mort avec allant demain je suis passablement vivant
tout dépend du sens du vent tout mais absolument tout
Épave
échouée dans le lit de la civière
avant d’être mise en bière blonde
je suis une épave hédoniste
échouée peut-être mais dans des plats gourmets
des mets divins avant l’heure
des agapes de bon vivant
épave avant mais pas pendant
la vie se déguste posément bercée par le chant
des oiseaux et de mon amour qui roucoule
épave mais dignement
tout est une question d’état d’esprit
même le déclin
d’un vieux parchemin émoussé par son destin
Je ne suis plus moi je ne suis pas toi
Je suis une bouffissure en fin de droits.
Je vois de moins en moins le jour
à quand la Nuit infinie ?
Enfin l’Amour !
Que j’aimerais rejoindre le cimetière des éléphants
loin des regards des inquiétudes des tourments
que je suscite dans vos cœurs impuissants
je suis trop pudique pour déchoir devant votre peine
il faut savoir humblement rejoindre la Plaine
Que j’aimerais me replier dans ma lente déclinaison
loin des oraisons et des horizons mortifères
qui jonchent les jours délétères à force de se dissoudre
dans un vide temporel de baudruche désemparée
suis-je dans la salle d’attente de mon éternité
je ne sais que dire que penser de cette vie amoindrie
J’aime ces instants doux suspendus à nous
où le crépuscule irradie le ciel qui nous habille
tout semble simple tout semble évident
je te savoure doucement pour m’imprégner de ta soie
bercé par la douceur du soir qui enveloppe
nos voies déployées en harmonie sous les étoiles
et cette quiétude et cette sérénité
l’éternité est à nous dans ces instants si doux
hors du temps qu’il est bon de s’aimer en toute liberté
viens demain est un autre jour
ce soir je me sens aimant et aimé
Lorsque seuls les matins sont accueillants
sous les arbres qui se languissent d’un peu de vent,
lorsque les oiseaux sont essoufflés dès le petit matin,
lorsque le bonheur est en chemin sous une chape de plomb,
lorsque je ne vois que toi comme seul horizon
et la réclusion dans la fraîcheur de la maison,
l’été fait son chaud sans aucune compassion.
Le ciel est torride
les bronches crament avidement
dans l’étuve vorace d’un temps
tonitruant. Respirer respirer
dans un coin ombragé de sa tête
il est des jours où il faut aller au plus pressé.
Il faut bien que les saisons s’expriment en toute liberté.
Qui a détraqué le climat ?
Je ne comprends pas ces gens qui brûlent un centre de vaccination
je ne comprends pas cette infection d’intolérance
je ne comprends pas cet aveuglement sourd cette surdité aveugle alentour
je ne comprends pas les intégrismes et les radicalités
je ne comprends pas cet autoritarisme liberticide
je ne comprends pas cette violence cette dictature des opinions
je ne comprends pas ce manque d’empathie et d’ouverture d’esprit
je ne comprends pas ces idiots utiles à l’État pour cacher son incurie
je ne comprends pas ce manque d’amour et de discernement
je ne comprends pas ce besoin d’avoir raison contre les autres
je ne comprends pas ce manque de dialogue et de solidarité
je ne comprends pas ceux qui prétendent défendre leur liberté
au mépris de celle de leur prochain l’humanisme perd-il la raison
je n’ai pas réponse à tout je ne suis sûr de rien je ne suis qu’un humain
qui cherche l’amour dans un monde en train de devenir fou
pourquoi tant de mépris d’égoïsme de virulence haineuse
pourquoi tant de poisons infertiles quelle dérision
ce virus révélateur de nos petitesses de nos angoisses et de notre déraison
alors que le mal est ailleurs il trône cyniquement dans son Olympe
bien plus viral qu’un virus fruit de l’insouciance matérialiste et
consumériste qui nous dévore dans un chacun pour soi égocentré
pourtant la vie est si belle la vie est si simple lorsqu’on ouvre
humblement les yeux sur cette Terre qui nous a tant donné
La solitude attendue comme un soulagement
les paupières closes sur un voluptueux relâchement
plus rien n’existe plus rien n’est primordial
que se fondre dans la nuit dormir avec les étoiles
délivrance des sens et de l’esprit
je ne pense plus je suis
dans l’absence de conscience
la solitude enveloppante de la nuit
douce petite mort savoureux réconfort
blotti au fond de soi dans la soie du crépuscule
dormir
Tu vas mourir
comme tout le monde
tu vas y passer
tôt ou tard tu vas y passer
et tu n’emporteras rien avec toi
alors pourquoi
pourquoi t’alourdir la vie
à thésauriser exploiter écraser
consommer consumer conspirer
pourquoi tant de cupidité de vénalité
ne vaut-il pas mieux partir sur la pointe des pieds
rempli d’amour
juste rempli d’amour et de liberté
rien ne m’appartient
toute possession est illusion
on ne possède que ce qui nous éclaire
le reste est dispersion fuite en avant
et convulsions matérialistes
vous allez mourir réveillez-vous
ne perdez pas votre humanité
elle est plus précieuse que vos sous
Je souris
pourquoi je souris
je ne sais pas pourquoi je souris
je souris
je suis heureux soudain
d’un bonheur impromptu
impromptu comme la vie
je souris
je saisis au vol le bonheur qui passe
pourquoi je souris
pour rien pour tout
le temps d’être surpris
par cet instant fugace qui me dit que je suis en vie
rien n’est plus imprévisible et libre que le bonheur
lueur insoumise qui fait scintiller les jours
Ô réseaux sociaux
confessionnaux de tous les maux
convulsifs
parvis virtuel des commérages
compulsifs
déversoir des misères humaines en peine de vie
dépotoir d’amertumes et de rancunes
où est la décence où est la dignité
déballer s’étaler se répandre se perdre
prendre à témoin à défaut de se prendre en main
devant ce mur des lamentations désincarnées
cette mort des relations incarnées
Ô réseaux sociaux
pourtant on peut y rire sourire découvrir réfléchir
rêver partager oui partager de la légèreté avec légèreté
de la liberté de l’humanité de la beauté
apporter de la lumière un peu de bonheur
dans un monde désubstantialisé mais comment assumer
ce qu’on jette en pâture à la complaisance compassée
du cortège compatissant des consolateurs du Web
la vacuité relationnelle ne fait-elle pas le miel de la superficialité
Voyager dans le silence impénétrable d’une nature
debout sous un ciel éblouissant se laisser porter par les frémissements
d’un air indolent
je flotte
flatté par la volupté du temps
d’un regard reconnaissant
le singulier est dans le pluriel la singularité dans la pluralité
de ce qui nous entoure
comment faire ressentir la profondeur du lien qui nous lie à la Terre
je suis mon propre silence
Écrire éteint
les mots atteints
d’engourdissement soudain
extraire péniblement des phrases horizontales
d’un gisement en fin d’exploitation
se contenter de quelques pépites grappillées jour après jour
par amour de la vie des mots ou des mots de la vie
il suffit de si peu pour créer du sens
Je ne sais plus le goût de ta peau
je ne sais plus le son de tes soupirs
je ne sais plus la volupté de nos émois
je ne sais plus la hardiesse de nos épopées épiques
mais je sais la lumière de notre amour
je sais la musique de tes fous rires
je sais le bonheur qui nous inspire
je sais la chaleur de tes bras
je sais le baume de tes mains sur moi
je sais que je t’aime à en mourir
Averse de mots
sur la campagne grise
il tombe des cœurs
sur cette terre insoumise
apportant un peu de lueur
à une réalité déprise
d’une certaine humanité
Soudain ce silence assourdissant
qui m’enveloppe d’une sérénité surnaturelle
Je n’entends plus rien
que le son de mes pensées sans interférence
dans la profondeur d’une nuit intemporelle
Je ne suis plus que moi