Hôpital
où t’as mal
j’ai mal à l’appétit à force de bouffer de l’informe de l’infâme et de l’infecte tambouille sans saveur ni empathie
j’ai mal à la tête à force d’halluciner de déconcerter de dépiter et de dépérir d’incohérences et de négligences médicales d’ennui et d’inappétence
j’ai mal au temps qui n’en finit plus de ne pas passer dans une supplique désespérée : ô temps suspends ton viol des heures si peu propices à l’exubérance des cœurs
j’ai mal à une cynique politique sanitaire contaminée par le capitalisme viral
j’ai mal d’être ici et pas ailleurs que dans cet
hôpital
plein de remugles insipides de petits ou grands malheurs de douleurs et d’attentes interminables
Mange et repentis-toi d’être entre mes murs si bienveillants et si malvenus
je vais te faire passer l’envie de vivre à coups de repas indigents et de doutes indigestes
ici tu n’es plus qu’un légume rance moite et suppliant ballotté par les vicissitudes tourmentées des aléas du vent et des doctes oracles curatifs
hôpital
où t’as mal
dis-moi où t’as mal et je te dirai ce qui t’attend
entre mes murs aussi blancs que ton teint