Malentendus
Tous ces malentendus qui pourrissent la vie
ces malentendus qui blessent l’amour
ces malentendus qui perturbent les jours
ces malentendus qui dénaturent les regards
ces malentendus qui dépriment l’envie
ces malentendus qui gâtent le désir
je ne suis pas toi tu n’es pas moi
je ne suis pas vous vous n’êtes pas moi
et ces malentendus qui nous éloignent parfois
parfois souvent parfois rarement
tout est une question de traduction affective
et de connexion effective dans un Babel
à l’oued asséché de malentendus
Hermana
ou
Adoption
À trois sœurs
Quand la Pachamama relie de fraternelles sororités
par-delà les océans et le temps
la Terre est une religion que l’amour embellit
d’un mystère presque lumineux surgit de l’obscurité
La vie me réjouit
lorsqu’elle a quelque chose de magique
Entendez-vous ces cœurs qui se reconnaissent ?
Ils parlent le même langage sans parler la même langue
dans un élan transcendé par les retrouvailles
J’aime leurs sourires affables
La vie est une surprise généreuse si tu oses y croire
comment ne pas l’aimer lorsqu’elle est malicieuse
Tout n’est que persévérance et opportunités
Chile
Ma douceur chilienne
mon amour universel
que la Terre enlace
ton cœur vibrant d’humanité
et que la flamme dans tes yeux lumineux
éclaire d’un jour nouveau les nuits obscurcies
par les non-dits d’un passé déchiré
ma douceur chilienne
bel amour fanal
souviens-toi que l’amour ne ment pas
il délivre les vérités cachées
Bonne nuit les petits
Je suis à bout
à bout de moi-même
je n’ai plus la force de résister
à peine la force de faire un poème
Délivrez-moi de ces hurlements criards
C’est beau un niard que c’est beau
quand ça dort dans son plumard !
Où est Bruno sa pipe et son pinard
lui au moins me parlait calmement ?
Dieu qu’il était patient le Hugo
s’il avait l’art d’être grand-père
j’ai l’art de quoi les quatre fers en l’air ?
Dire que je fais déjà papy au lit telle
une petite flaque d’envies rétrécies
Qu’ils sont beaux ces chenapans
comme des Cupidon hurlants !
Bientôt ils seront plus grands
et moi encore un peu plus rétréci
La vie est une fuite en avant
Chaos générationnel
Je suis foutu
je suis fourbu
je suis fondu
je suis mouru de la tête au cul
j’en peux plus j’en peux plus
Papy flapi sur mon lit décati
sauvez-moi de la marmaille
de ces petits oiseaux qui piaillent
à gorge déployée sans mollir
avant que je ne déraille
dans mes couches en délire
d’incontinent de l’ouï-dire
Je n’ai plus 20 ans ni toutes mes dents
mais je les aime tant les n’enfants
dormant
Pronostic vital engagé
La Terre est ronde
le monde est fou
plus rien ne tient vraiment debout
l’avenir s’essouffle sous les coups
de boutoir des « après moi le déluge »
Quand la cupidité gouverne le monde
la Terre est plate
comme l’encéphalogramme du pognon
des ronds de cuir qui creusent notre tombe
dans leur vénal jet létal
Aparté
Je suis qui je suis
pourtant tu me suis
sur mon chemin de nuits et d’envies
le temps me fuit petit à petit
le temps s’évanouit goutte-à-goutte
entre mes doigts en clé de voûte
je suis qui je suis
la vie me sourit entre les gouttes de pluie
elle me sourit tant dans son regard désarmant
je suis qui je suis
son amour me transporte vers l’éternité d’une vie
Chili, 4 septembre
Réveille-toi Peuple du bout de la Terre
la porte de la démocratie t’est grande ouverte
ne te laisse pas berner par les perfides sirènes
des idéologies de nantis et des nostalgies de la tyrannie
Réveille-toi prends la démocratie à bras-le-corps
donne une chance à la liberté devant ta porte
J’abomine la ploutocratie qui nous détruits ici
Réveille-toi Peuple du bout de la Terre
ne cède pas aux condors technocratiques
la vie est dans les mains de la Pachamama
pas dans celles qui capitulent devant le Capital
Souffrance d’amour
Ma pauvre petite misère
qui boîte plus bas que terre
ma pauvre petite misère
qui souffre l’enfer
dans son petit corps chafouin
se démenant avec entrain
toi qui ploies sous le poids de l’amour
le dos en marmelade endolorie
j’aimerais tant te choyer
de caresses de velours réconfortant
Nature à vif
Même le ciel est électrique
c’est la nuit des coups de foudre
une ivresse d’éclairs déferle
dans une obscurité grisante
les arbres dansent sous les nues
en transe éblouissements du cœur
la vie est une extase à vif
Inquiétudes
Devant ton regard déchiré
tes yeux au bord des larmes
ma fille je suis démuni
devant ton idéal effondré
de mère éprouvée
ma fille je suis démuni
l’enfantement est un labeur
souvent ingrat et ravageur
ma fille je suis démuni
devant ton désarroi en émoi
de mère débordée qui ploie sous les désenchantements
plongée dans une réalité sans concession
jalonnée de privations de frustrations de résignations
et l’idéal qui s’émiette entre les cris les pleurs les rires et les crises
ma fille je suis un père démuni
qui aimerait tant qui voudrait tant mais être parent
c’est se sentir impuissant à chaque tourment de son enfant
je t’aime tant
le plus « beau » métier du monde n’est guère le plus gratifiant
Je plane
Je suis ailleurs
dans le vide de mes pensées
là où le temps est suspendu
à une absence d’imprévus
silence infini au petit matin
le regard perdu dans le jardin
je suis ici et ailleurs aussi
je plane je flâne dans l’impensé
d’une vie traversée par son éternité
je suis ailleurs. Vous m’avez parlé ?
Larmes de sang
J’ai le cœur qui saigne des larmes de sang
c’est le temps des errances
je ne sais où je vais ni ce que je veux
je ne sais rien
je me dissous dans le Néant
d’un vide sidéré
j’ai le cœur qui saigne des larmes de vent
c’est le temps des atermoiements
je t’aime tant je t’aime tant
dans mon regard absent
dans mon cœur ardent
la vie est au-dedans
Philosophie
La Terre est une boule
pleine de drames et de maux insanes
si tu es heureux réjouis-toi
si tu es moins heureux réjouis-toi encore plus
car il y a peut-être bien pire
près de chez toi…
Superfi-ciel
La vie me fuit ou je fuis la vie ?
L’espace s’obscurcit
tout est a priori
tout est déconfit
je me sens démuni
dépourvu d’énergie
depuis que je suis cuit à l’étouffé
Les nuits rognent les jours insensiblement
heureusement l’amour l’amour
vous savez ce sentiment éternel
qui bouillonne dans les cœurs
même bringuebalants
Rêverie nocturne
Et la nuit se referme sur lui
le laissant avec ses rêves en suspens
le temps se rétrécit
l’espace se dissout
il se fond dans le décor
se glisse en lui-même
jusqu’à devenir poème
Incantation
Corps mon corps
pourquoi tu m’abandonnes
le cœur au bord de l’océan
Cœur mon cœur
pourquoi tu me délaisses
le corps au bout du néant
Chaque jour je meurs un peu plus
jusqu’à la renaissance du temps
ainsi va la vie du vivant
ainsi va le bonheur humblement
Abracadabra
Je m’écroule à peine debout
je m’enroule autour du pouls
comme un nœud croulant autour du cou
d’un vieux coulant trop recuit et mou
je meurs je meurs avec le sourire jusqu’au bout
pour faire vivre vos yeux si doux si fou
je meurs et puis je revis
dans un petit coin épanoui de paradis
je meurs et je ris indécis
demain je choisis
c’est une aventure la vie dès le premier cri
tu sais on meurt toujours en chemin
on connaît le début rarement la fin
mais ce n’est vraiment pas grave
tu sais j’ai encore faim dans mon corps chagrin
j’ai encore un peu d’appétit
entre mes doigts rabougris jusqu’à l’infini
il y a tant d’amour dans ses yeux
que j’ai envie de les bercer dans mes bras
et courir sous un soleil d’automne épris d’elle
Dépossession
Le silence est l’absence de bruit
le jour est l’absence de nuit
le soleil est l’absence de pluie
la mort est l’absence de souffle
la vie est l’absence de peur
l’amour est l’absence de solitude
Ce sont mes principes qui m’étayent
et m’aident à tenir debout ?
Je me réveille tant de fois à genoux
balbutiant mes nuits en plein jour tout en
traînant un regard poisseux et vacillant
Ô ma douce présence mon infinie présence
qui me couvre d’amour dans le berceau
de mes misérables absences aléatoires
vivre est également un purgatoire
je suis joyeux de t’aimer mon joyau d’amour
Faut-il côtoyer la mort de près pour découvrir
la vie sans fioritures ni gravité ni regrets ?
Dire simplement dire ce qui est
pour ne pas se perdre dans le superflu
l’essentiel est dans l’amour juste l’amour
l’essentiel est dans l’instant
Soudain je reprends pied entre deux absences
l’esprit fulgure le temps d’embrasser la vie
et l’amour qui la nourrit
je suis vivant !