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Le musée du Luxembourg propose, du 21 février au 21 juillet 2013, une exposition retraçant la vie et l'oeuvre de Marc Chagall, à travers une centaine de ses œuvres.
Né en 1887 à Vitebsk en Biélorussie , le peintre français Marc Chagall (de son vrai nom Moishe Zakharovich Shagalo) a traversé un siècle ébranlé par deux guerres mondiales.
L'artiste juif offre un témoignage personnel de cette époque trouble. L'exposition illustre ainsi les quatre étapes majeures de son existence qui ont fortement influencé son œuvre : la Russie en temps de guerre, l'entre-deux guerre en France, l'exil aux États-Unis, l'après-guerre et le retour en France.
Une des particularités de l'artiste est de s'affranchir des règles et des codes de la peinture de son époque. Il reste indépendant, malgré l'emprunt de certaines formes aux mouvements d'avant-garde (suprématisme, cubisme, surréalisme).
Lorsqu'il part étudier à Saint-Pétersbourg, la revue Zol toe Runo (La Toison d’Or) lui fait connaître les peintres novateurs de Paris : Van Gogh, Cézanne, Matisse et Laurec. À travers leur exemple, Chagall découvre le pouvoir expressif de la couleur (« Le Nu Rouge », 1908 ; « Le Mort », 1908).
Ses toiles témoignent par ailleurs de la fascination qu’exerçaient sur l’enfant les animaux de la ferme, présents dans une grande partie de ses œuvres.
En 1910, un mécène lui offre une bourse pour séjourner à Paris. Il y rencontre Guillaume Apollinaire qui reconnaît d’emblée le talent du jeune peintre. Chagall découvre aussi la peinture de Cézanne et les nouvelles recherches des peintres cubistes. ll retiendra certains principes de leur construction rigoureuse, sans renoncer pour autant à son imaginaire (« À la Russie, aux ânes et aux autres », 1911-1912 ; « Moi et le Village », 1911-1912).
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C’est en 1923 que Chagall quitte la Russie, pour s’installer définitivement en France. Il s’intéresse à la naissance du surréalisme, mais se heurte très vite à l’hostilité du mouvement à l’égard de tout mysticisme. Son amour pour sa femme, Bella, inspire plus que jamais son œuvre. La tonalité se fait plus claire, les contours s’assouplissent, les contrastes sont moins violents (« Ida à la fenêtre », 1924 ; « Le Rêve », 1927 ; « La tour Eiffel », 1934) .
L'engagement politique de Chagall transparaît dès la Première Guerre mondiale. Vitebsk étant une ville-garnison, le peintre assiste aux mouvements des troupes et des populations chassées des lignes de front. En ressort une série de dessins expressifs montrant soldats blessés et population fuyante.
En 1937, les autorités nazies saisissent ses œuvres et trois d'entres elles sont présentées dans l'exposition « Entartete Kunst » (« Art dégénéré »).
Même exilé aux États-Unis, en 1941, Chagall n'ignore pas le chaos qui règne sur l'Europe, la barbarie et les persécutions. Ses peintures deviennent alors plus sombres, on y voit des villages en flammes et une population ébranlée (« Obsession », 1943 ; « Crucifixion blanche », 1943).
Rentré définitivement en France en 1949, Chagall est plus serein. Ses tableaux font alors apparaître des thèmes solaires, maritimes ou mythologiques.
Ambre Blondeau* est étudiante en art et collaboratrice à la rubrique Regard de la Revue du Projet.