Du 15 février au 18 mai, la Piscine de Roubaix rend hommage à André Fougeron (1913-1998), encore assez méconnuen France.
D'abord ouvrier métallurgiste, il réalise sa première exposition en 1936 à la Maison de la Culture à Paris. Très engagé dans le Front Populaire et auprès des Républicains espagnols, il adhère au Parti communiste français (PCF) en 1939, auquel il attache une fidélité sans faille. Son engagement ne l'empêchera pas de s'intéresser à la modernité et à des artistes tels que Matisse, Picasso ou encore Courbet.
Le parcours de l'exposition suit ses engagements politiques et esthétiques.
'L'art cruel' affiche ses tentations surréalistes. Il fait partie du groupe des 'Indélicats', composé de dix-sept jeunes artistes qui apprennent la gravure au cours du soir du boulevard de Belleville et affirment leur violente contestation de la société. Ses peintures intitulées 'Intimité' dépeignent une vision moins dure du monde dans le contexte d'euphorie de la Libération avec l' évocation de scènes du quotidien. 'Les femmes d'Italie', réalisées lors de son voyage au printemps 1947, présentent une mise en scène dans une relecture de Picasso et Matisse.
Fougeron incarne également la voie du « nouveau réalisme français », et prône une vision de l'art associée au combat politique. Selon lui, « le problème essentiel en art est celui de l'affrontement avec la réalité sociale ».
Ainsi, 'Le pays des Mines' rend compte, par une sorte de reportage pictural, de la situation des travailleurs du bassin houiller. Son engagement est encore une fois présent à travers son 'Hommage à André Houllier'; militant communiste assassiné en 1948, alors qu'il collait des tracts illustrés d'une composition de Fougeron pour la défense de la paix. 'L'hommage à Courbet' est également évocateur de son combat. L'artiste se retrouvant dans cet homme autodidacte, provocateur et politiquement engagé.
Enfin, André Fougeron est aussi considéré comme 'un peintre pop', ses compositions se faisant de plus en plus graphiques et acidulées.
Personnalité marginale ayant davantage laissé le souvenir d'un homme engagé que d'un peintre reconnu, l'exposition permet de mettre en lumière la richesse de l'oeuvre artistique de Fougeron.
Sa peinture s'inscrit dans son combat pour ses convictions, dans un climat d'espérance et d'angoisse du Front Populaire avec la montée du fascisme et de la Guerre d'Espagne. Il ne faut néanmoins pas sous-estimer la performance esthétique de ce peintre d'histoire. Multipliant les références et les éléments, l'humain reste au cœur de son inspiration.