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Billet de blog 20 septembre 2013

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Les critiques de la Revue du Projet (N°25)

     Le rôle des éditions "Le temps des cerises" dans le paysage politique et poétique français, "Bonaparte est un factieux", "Désirs, répressions et liberté, dialogue avec Dany-Robert Dufour", "Robespierre, portraits croisés", "La Grange- aux-Belles Maison des syndicats" et "Claude Levis-Strauss" vu par la revue Europe... découvrez nos critiques du mois coordonnées par Marine Roussilon. 

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Le rôle des éditions "Le temps des cerises" dans le paysage politique et poétique français, "Bonaparte est un factieux", "Désirs, répressions et liberté, dialogue avec Dany-Robert Dufour", "Robespierre, portraits croisés", "La Grange- aux-Belles Maison des syndicats" et "Claude Levis-Strauss" vu par la revue Europe... découvrez nos critiques du mois coordonnées par Marine Roussilon. 

Le temps des cerises, un éditeur au cœur de la lutte 

Par Juliette Combes Latour

En octobre prochain le Temps des Cerises devrait fêter son vingtième anniversaire. Sa création en 1993, fut le fait d’une trentaine d’auteurs (dont Jorge Amado, Eugène Guillevic, Pierre Gamarra, Pierre Bourgeade, Gilles Perrault, Roger Bordier…). Ce qui a réuni ces auteurs, c’était la volonté de faire vivre une maison d’édition d’inspiration progressiste, révolutionnaire, littéraire et poétique.

Depuis, nous avons parcouru un beau chemin et constitué un fonds de près de 600 titres dans le champ de la littérature, de la poésie et des essais.

Nous avons mené un travail de réédition de textes classiques (tels Le Capital de Marx, des œuvres de Louis Aragon, de Paul Éluard, de Nazim Hikmet, de Vladimir Maïakovski, de Maxime Gorki), des inédits aussi de Robert Desnos et plus récemment de Louis Althusser et de Paul Nizan. Nous avons également soutenu de nombreux auteurs d’aujourd’hui, des économistes, des philosophes, des historiens, des romanciers, des poètes… qui ont en commun de considérer que le capitalisme n’est pas l’horizon indépassable de l’humanité.

Le chemin parcouru n’a pas été sans difficultés. La concentration croissante dans le milieu de l’édition, notamment en ce qui concerne la diffusion et la distribution du livre en librairie, menace sérieusement l’existence des maisons d’édition comme la nôtre. 20 % de la profession réalise 80 % du chiffre d’affaires, les œuvres sont traitées comme des marchandises soumises à une rentabilité immédiate et il est nécessaire de soutenir le travail des maisons d’édition militantes qui comme nous s’efforcent, bien au-delà de ces impératifs marchands, de faire vivre les livres dans la durée pour constituer un véritable fonds de la pensée critique et transformatrice.

Nous avons eu le souci constant de défendre et de promouvoir une édition indépendante, notamment par le développement de liens étroits de collaboration entre éditeurs.

Nous avons joué un rôle de premier plan dans la défense et l’organisation de l’édition indépendante, en contribuant à la création de l’association l’Autre Livre, en 2003, qui compte aujourd’hui plus de cent cinquante éditeurs.

Nous avons aussi été à l’initiative de la création d’une structure de diffusion-distribution pour les petits éditeurs. Malheureusement, cette entreprise, trop modeste, n’a pas su résoudre réellement cette question cruciale pour les éditeurs. Mais il nous semble indispensable de poursuivre ce travail pour promouvoir une autre édition et s’imposer face aux mastodontes du métier.

Dès notre création, nous avons soulevé la question de la coopération entre éditeurs pour mener à bien de grands projets comme la publication des œuvres complètes de Marx. Nous essayons, chaque fois que nous le pouvons, de favoriser les coéditions avec d’autres. Des revues, comme La Pensée ou Ecopo, des éditeurs, comme les éditions Delga dans le domaine des sciences humaines (deux titres pour l’instant : Domenico Losurdo et Annie Lacroix-Riz), des Maisons de la poésie (Anthologie de la poésie palestinienne, Les poètes et la guerre d’Algérie).

Il nous semble indispensable de continuer et de développer ces tentatives d’entraide et de soutien entre éditeurs afin que vive une édition critique, nécessaire pour penser une alternative au capitalisme.

L’année 2012 a été particulièrement difficile pour nous, dans un contexte d’aggravation de la crise. Le changement du taux de la TVA sur le livre a été un véritable coup de massue pour bon nombre de maisons, entraînant des retours massifs de la part des libraires. Nous aurions pu faire face, lutter comme nous nous sommes toujours efforcés de le faire, mais nous venons de rencontrer un sérieux incident de parcours lié à un litige prudhommal avec une ancienne salariée et associée qui pourrait nous contraindre au dépôt de bilan.

Ce serait une issue malheureuse. Pour les trois salariées, bien sûr, pour les auteurs et au-delà pour tous ceux qui sont attachés à l’existence d’une maison d’édition comme la nôtre qui contribue à faire vivre, sans dogmatisme, le marxisme, dans sa pluralité de « pensée devenue monde » comme disait Henri Lefebvre. Ce qui caractérise notre politique éditoriale, dans tous les domaines (politique, théorie mais aussi poésie et roman) c’est un fort esprit d’internationalisme et d’ouverture au monde et aux autres.

Aucun désaccord personnel ou politique ne saurait justifier la destruction de notre maison d’édition. La pérennité du Temps des Cerises, dans les circonstances présentes, dépend de la réaction de tous ceux qui se sentent concernés par son existence. Le Temps des Cerises n’a jamais été « la maison d’édition du parti », c’est une maison d’édition indépendante fondée par des intellectuels communistes ou proches du PCF. Mais si on entend « communiste » au sens du courant qui traverse la culture française, le Temps des Cerises n’a pas d’hésitation à se dire éditeur communiste. À ce titre, son existence ne peut laisser indifférents les militants et responsables du PCF.

Bonaparte est un factieux ! Rémy Cazals

Les résistants au coup d’État, Mazamet, 1851

Vendémiaire Éditions

Par Yohann Chanoir

Ce livre est l'histoire d'une résistance, d'une résistance doublement oubliée. D'une part, parce qu'elle a échoué. Et, d'autre part, parce qu'elle émanait des « petits », des « humbles », des ouvriers, elle n'a laissé guère de traces dans l'historiographie. Rémy Cazals, spécialiste connu et reconnu de la Grande Guerre, évoque donc dans ces pages la résistance au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte du 2 décembre 1851 dans la petite ville du Tarn de Mazamet. Il s'attache, par une analyse détaillée des archives, à rendre audibles les « paroles d'en bas ». Dans un essai d'histoire sociale, coutumière à l'auteur, pour laquelle il milite au sein du Collectif de recherche international et de débat sur la guerre de 1914-1918 (CRID 14-18) pour renouveler l'approche sur la Grande Guerre, l'auteur évoque d'abord le contexte social lourd des années précédant le coup d'État. La lutte contre la dégradation des salaires et des conditions de vie, le combat contre les nouvelles machines, ont développé comme un réflexe de la contestation en même temps que l'habitude de prendre la parole. Résister à Mazamet s'inscrit donc bel et bien dans une tradition. Le combat de 1851 a échoué et l'histoire de la résistance devient, hélas, celle d'une répression : internement, surveillance, proscriptions, déportations en Guyane et en Algérie qui équivalaient à une condamnation à mort sans bourreau.  Dans le tableau sordide de la terrible répression qui s'abat sur les participants, on découvre que les ouvriers du textile n'étaient pas les seuls. On rencontre aussi des notables acquis à la cause républicaine, bien que cette dernière eût fait couler, avec abondance le sang ouvrier en 1848 et supprimé rapidement le suffrage universel (masculin). Le livre montre donc que la République est une idée jamais bornée, jamais achevée, qui repose sur un projet même fruste, hier à Mazamet, plus achevé, comme aujourd'hui en France.  L'ouvrage de Rémy Cazals constitue un apport déterminant pour celles et ceux qui veulent connaître cette petite ville et une période de son histoire, mal traitée et maltraitée, tout en offrant un élément capital pour de fécondes et nouvelles comparaisons d'échelle régionale et nationale, ou pour s'inspirer quand l'idée même de résistance semble impensable.

Désirs, répressions et liberté. Dialogue avec Dany-Robert Dufour

Notes de la Fondation Gabriel Péri

Par Shirley Wirden

À l'occasion de la sortie du nouvel ouvrage de Dany- Robert Dufour : L'individu qui vient… après le libéralisme, la fondation Gabriel-Péri a fait paraître en octobre 2012 un dialogue avec l'auteur intitulé Désirs, répressions et libertés tenu le 3 mai 2012. La thèse principale du livre est que le triomphe du libéralisme économique est en lien direct avec la glorification sans fin des désirs. La méthode de l'auteur est à la fois héritière de la psychanalyse, de la philosophie politique et de la philosophie du langage. Spécialiste des processus symboliques, il souhaite réfléchir aux grands récits qui fondent notre culture.

Dany-Robert Dufour condamne avec fermeté le libéralisme économique. Selon lui, ce n'est pas seulement une doctrine économique mais bien une pensée totale destructrice. Le libéralisme s'évertue à lever tous les interdits moraux au profit de la pléonexie (le désir de vouloir toujours plus). La société de consommation au travers notamment de la publicité mais aussi de la téléréalité, exacerbe les pulsions, tente de les libérer au profit de l'achat. Or, le refoulement des pulsions par la symbolisation, l'acceptation de la contrainte pour être libre est le principe de la civilisation.

L'exhibition constante est le moyen pour passer d'une culture répressive à une culture incitative. L'auteur semble vouloir retrouver une forme de régulation en prônant l'invention d'une nouvelle forme de l'État, contre les thèses léninistes. S'il honore le programme du CNR que les gouvernements successifs tentent de détruire, il critique la tentative foucaldienne de désinstitutionalisation. Selon lui, désinstitutionalisation et dérégulation vont de pair. L'auteur prône le retour d'une certaine forme de libéralisme politique. Se défendant pourtant d'être réactionnaire, il critique dans la même logique les revendications de levée totale des interdits lors de mai 1968.

Il s'agit en fait dans son ouvrage de dénoncer la fausse équation : vices privés = vertu publique. Le libéralisme apparaît comme une religion, une promesse de la richesse infinie (théorie qui justifie en partie la théorie de la fin de l'histoire de Fukuyama). Le libéralisme veut se faire morale de l'égoïsme qui serait le seul moyen de la richesse collective. Or, l'expérience a prouvé que cela était faux : richesse personnelle oui mais crise pour les autres. Le libéralisme s'inscrit dans la ligne d'Adam Smith : l'égoïsme serait le fondement du lien social, les agents sociaux ne travaillent que par égoïsme.

Pour lui on s'est libéré de la nostalgie du désir du père jouisseur, évoqué par plusieurs psychanalystes et anthropologues comme Christian Geffrey dans le Nom du maître, de façon sauvage par une déterritorialisation aux airs deleuziens, par la marchandisation. La marchandise serait devenue le nouveau Maître.

Robespierre. Portraits croisés, Michel Biard et Philippe Bourdin (dir.)

Armand Colin, 2012.

Par Jean-Baptiste Le Cam

Ecrite dès les lendemains immédiats de la mort de l'« Incorruptible », notamment par des Conventionnels désireux de faire oublier leur propre responsabilité dans l'application des politiques répressives de 1793-1794, la légende noire de Robespierre n'a cessé d'être reprise tout au long des XIXe et XXe siècles, y compris sous la forme déguisée de vérités scientifiquement établies.  Or en ce début du XXIe siècle, elle se porte toujours à merveille et continue d'avancer masquée auprès du grand public. Ainsi, en septembre 2011, la revue Historia, qui prétend faire oeuvre de vulgarisation historique, osait consacrer un dossier à « Robespierre : le psychopathe légaliste ». Deux ans auparavant, Pierre-Yves Bournazel, conseiller municipal UMP de Paris, s'abritant sous l'autorité scientifique de François Furet, motivait son refus de voir une rue de la capitale prendre le nom de Robespierre en qualifiant ce dernier de « criminel jugé devant l'histoire » dont l'action aurait inspiré les purges de Staline. Enfin, le 23 janvier 2013, France 3 diffusait pour la troisième fois en moins d'un an une émission intitulée « Robespierre : bourreau de la Vendée ? ». On pouvait y entendre d'autoproclamés historiens n'hésitant pas à proférer les pires inepties sans le moindre fondement scientifique, faisant de Robespierre un « tyran », un « dictateur », qui aurait été le principal « inspirateur » des massacres de Vendée, lesquels préfigureraient les « Einsatzgruppen » nazis. Robespierre n'est plus seulement le précurseur du stalinisme mais aussi un Hitler avant l'heure !

Dès lors, dans ce contexte où les fables, les caricatures, les anachronismes et autres raccourcis aberrants sur l'action de Robespierre peuvent s'appuyer sur d'importants relais médiatiques et politiques, la publication de Robespierre. Portraits croisés. est particulièrement bienvenue. En quinze articles synthétiques, clairs et donc parfaitement accessibles à un public large, dix-sept historiens spécialistes de la Révolution française et issus de différentes universités, dressent des portraits thématiques, nuancés et, surtout, contextualisés de l'action et des positions de Robespierre en tant qu'avocat, militant, député ou membre du Comité de Salut Public. Plusieurs articles font un sort à l'image du Robespierre tyran sanguinaire, inspirateur et unique responsable des violences commises sous la Terreur. Ils montrent ainsi qu'elle relève de la caricature et absolument pas d'une vérité scientifiquement établie, tout en soulignant que relayer cette fable peut être un moyen redoutablement efficace pour discréditer des pans entiers de l'expérience révolutionnaire, voire toute idée et tout projet de transformation profonde de la société. Cet ouvrage nous rappelle par ailleurs que Robespierre est un homme de son temps, que ses combats et son action politiques sont partagés par d'autres que lui et ne peuvent se comprendre si on les sort de leur contexte, qu'il s'agisse de défendre l'accès à la citoyenneté politique des libres de couleur, de lutter contre la pauvreté et la misère ou de mettre en oeuvre une dictature provisoire sans dictateur au nom de la défense de la République.

La grange-aux-Belles Maison des syndicats, Danielle Tartakowsky, Joël Biard 

Éditions Créaphis, 2012

Par Nina Léger

Retracer toute l'expérience de la CGT depuis 1906 dans le but de se loger et de se financer : c'est là l'objet du livre de Danielle Tartakowsky et de Joël Biard. Une des conditions de l'émancipation des travailleurs, c'est un syndicalisme indépendant. L'expérience de la Bourse du travail, sous autorité du préfet, a été de ce point de vue peu concluante pour la CGT, exclue en 1906. La commission désignée pour trouver une solution de relogement va louer une usine désaffectée sise au 33 de la rue de la Grange-Aux-Belles. Les travaux – considérables – à peine terminés, la propriétaire meurt : l'immeuble doit être vendu. La CGT contourne la loi de 1884 interdisant l'accès à la propriété aux syndicats en créant une société en nom collectif, et c'est ainsi qu'en novembre 1907, la CGT devient propriétaire. De l'expulsion de la CGT de la Bourse à la construction de la Bourse du travail de Montreuil en 1989, l'idée d'une construction ambitieuse, d'un espace où l'on est « chez soi », polyvalent, lieu de culture et de lutte, de travail et de loisir est récurrente. Les différents achats sont toujours pensés comme provisoires dans l'attente de cette construction désirée mais hypothétique.

La constitution en juin 1914 d'une société anonyme dont les actionnaires sont des délégués des syndicats marque la fin de l'amateurisme qui prévalait auparavant. La bonne gestion du patrimoine durant la guerre, associée à la forte syndicalisation des années 1920 vont permettre d'acheter d'autres bâtiments dont le 211, rue LaFayette, mais aussi ce qu'on appelle alors « le triangle sacré » : l'angle de l'avenue Mathurin Moreau et du boulevard de la Villette où on trouve aujourd'hui le siège du PCF. Les auteurs, à partir de sources très majoritairement administratives, nous montrent comment se traduisent les ambitions, les oppositions et les luttes d'influences politiques dans la gestion pratique d'un patrimoine constitué de haute lutte. Si l'on devine ce que pouvait être ce « triangle sacré » où se trouvaient le PCF, des syndicats, la Ligue contre l'oppression coloniale et l'impérialisme, puis, pendant les années fastes du syndicalisme que furent celles de l'après 1936, toute la nébuleuse antifasciste ; on aspire, une fois l'ouvrage fermé, à en savoir plus sur les modes d'occupation des lieux. Les auteurs en conviennent par ailleurs, et disent leur déception de ne pas avoir trouvé d'autres types de sources. Ils l'expliquent notamment par le caractère provisoire de la Maison des syndicats. Voici un ouvrage qui permet de découvrir un aspect méconnu du syndicalisme et qui, après avoir ouvert une voie, appelle à s'y engouffrer pour creuser encore la recherche.

« Claude Levi-Strauss » 

Europe, n°1005-1006

Par Victor Thimonier

Il est toujours délicat d'écrire sur Claude Lévi-Strauss, pourtant on ne s'en prive pas. La revue Europe tente dans ce numéro une mise à plat des nombreux ouvrages qui sont sortis, des nombreuses déclarations qui ont été faites depuis le décès de l'ethnologue en 2009. Les nombreux essais que contient la revue permettent de recentrer la pensée de Levi-Strauss dans le monde d'aujourd'hui qu'il considérait à la fin de sa vie, avec le regard pessimiste de celui qui n'a pas réussi à se faire entendre comme il l'espérait. L'article de Wiktor Stockzowski, est particulièrement instructif, il remet les pendules à l'heure sur l'épineuse question du socialisme de l'ethnologue. C'est toutes ses déclarations d'admiration à la pensée de Marx qui sont ici démantelées. Wiktor Stockzowski rattache la pensée de Lévi-Strauss au « révisionnisme » marxiste d'Henri De Man, figure ambiguë des années 1920, à la fois président du Parti ouvrier belge (POB) et collaborateur en 1940, tout en donnant à comprendre le développement de la pensée humaniste de l'ethnologue à partir de cette influence originelle. C'est bien à l'exégèse d'une œuvre qu'on se livre ici. Un long entretien avec l'anthropologue Carlo Severi entre parfois en contradiction avec l'article de Wiktor Stockzowski, en particulier sur la question du marxisme de jeunesse, mais cet entretien permet aussi de reformuler le rôle de l'anthropologie comme acte permettant de « subsumer l'ensemble des sciences sociales ». On remarquera dans ce numéro que le débat sur l'œuvre protéiforme de l'ethnologue n'a pas fini de s’alimenter. Enfin, il est fait une large place à la théorie esthétique du structuralisme, au travers notamment d'une analyse d'un tableau de Poussin par Lucien Scubla. Ici c'est bien l'anthropologie structurale qui se livre au jeu de l'analyse de tableau, bien qu'on y soit habitué par Jean-Louis Schefer et autres, l'exercice est toujours étonnant. On notera aussi l'intérêt des pages créations de la revue qui ne cessent d'étonner à chaque numéro. La nouvelle de Marc Pondruel, Le vieux taxi anglais du Boulevard Beaumarchais, est une ode à l'imagination. C'est l'esprit qui s’emballe à partir d'une chose vue, pour donner libre cours à son désir d'histoire.

La Revue du projet, n° 25

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