Avant d’être l’auteur du « Cheval d’orgueil » en 1974, témoignage vendu à plus d’un million d’exemplaires, Pierre Jakez Hélias, né en 1914, fut un professeur de lettres attaché à la culture française et l’initiateur d’une redécouverte de la culture bretonne. Il fut aussi un militant de la Ligue de l’enseignement. Durant une bonne vingtaine d’années, il a œuvré avec Robert Lafont au sein d’une commission des arts et traditions populaires crée par et pour Paul Delarue. Le Centenaire Lafont est l’occasion de revisiter son œuvre.
Mannaig Thomas est maîtresse de conférences en littérature bretonne au Centre de Recherche Bretonne et Celtique - Université de Brest. Elle est co-directrice de l'éclairant « Ecrire le pays natal. La littérature du proche en France » (Honoré Champion), de la subtile analyse d'artistes bretons « Dire la Bretagne ». Elle est l’autrice de « Pierre-Jakez Hélias et Le Cheval d'orgueil. Le regard d'un enfant, l'œil d'un peintre » (Emgleo Breiz) et a supervisé l’édition critique du « Théâtre social » (CRBC) de Pierre-Jakez Hélias. Elle nous en propose ci-dessous un portrait dans un grand article "Mes deux péchés mignons, ou la double vie de Pierre-Jakez Hélias"qui commence ainsi:
En 1954, Pierre-Jakez Hélias devient le président de la commission folklore de la Ligue de l’enseignement. Son nom est proposé par l’ancien président, le spécialiste des contes Paul Delarue. Professeur à l’école Normale de Quimper et membre de la Ligue de l’enseignement depuis la Libération, Pierre-Jakez Hélias a pris, en 1948, la direction des Grandes Fêtes de Cornouaille. L’ensemble de ces activités l’a poussé à réfléchir aux questions de folklore, à la définition du terme lui-même (dans "Le quêteur de mémoire") et lui a permis de réaliser des travaux sur la culture populaire de Bretagne. Entre autres activités dans le cadre de cette commission, Pierre-Jakez Hélias organisera des stages partout en France dont certains en Bretagne et en breton dans le cadre des activités de l’association Ar Falz (La faucille) une association d’instituteurs laïques.
En 1966, alors qu’il reçoit médaille de la Ligue de l’enseignement, Pierre-Jakez Hélias déclare à un journaliste de Ouest France: « Ce que j’ai fait dans le cadre de la Ligue, c’est avec plaisir que je l’ai fait, dit-il, je me demande si je ne dois pas remercier toutes les associations dans lesquelles j’ai œuvré avec joie, d’avoir pu me permettre de me livrer à mes deux péchés mignons que sont mon amour du théâtre, prolongement naturel de mon métier de professeur de français et mon amour d’un folklore qui est celui de mes aïeux ».
Ces « deux péchés mignons », le théâtre et le folklore, comme une illustration de deux aspects de sa vie : son métier et son milieu d’origine. Hélias exprime dans cette phrase l’orientation de ses intérêts et de ses réflexions à partir du milieu des années 60 et dont l’un des aboutissements le plus marquant sera la publication du Cheval d’orgueil en 1975...
Le texte intégral de Mannaig Thomas:
Mes deux péchés mignons, ou la double vie de Pierre-Jakez HéliasDe 1991 à 1995, Pierre Jakes Hélias s'est confié à Nicole Le Garrec sur sa vie, celle de ses proches, sa patrie, pour aboutir à la réalisation d'un véritable testament oral. Nicole et Félix Le Garrec ont réalisé, depuis les années 1970 jusqu'au début des années 2000, des documentaires (diaporamas, films, photos) en Bretagne, notamment Plogoff des pierres contre des fusils, mais également en Roumanie, Mali...
Mannaig Thomas, à l'occasion de la parution de son livre "Pierre-Jakez Hélias et le cheval d'orgueil, le regard d'un enfant, l'oeil d'un peintre" (Emgleo Breiz) réponds aux questions lors d'un échange organisé par la librairie Dialogues à Brest: