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Le titre du dernier livre de David Corman est explicite : « Temps de cerveau libéré : en finir avec la publicité » Publié par les Editions Les Petits Matins, cette analyse est à la fois brève et incisive. David Corman a été secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts de 2016 à 2019. Depuis cette date il est député européen récemment réélu. Dans « Ce que nous sommes. Repères écologistes » (Les Petits Matins ), détaille les motifs de ses engagements. Fils d’un couple d’instituteurs, il sait « l’écologie commence à l’école ». Il accompagne la « génération climat » qui doit créer une véritable nouvelle civilisation. Il s’agit d’un combat politique, culturel et même spirituel, écrit-il tout en se déclarant athée. Parmi ses auteurs de référence se trouvent Bruno Latour, Michel Serres, Stéphane Hessel, André Gorz…

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« Ce que nous vendons à Coca-Cola, c'est du temps de cerveau humain disponible ». Cette déclaration faite en 2004 par Patrick Le Lay, alors PDG de TF1, est restée dans les mémoires. David Corman souligne que « la force de frappe de l’empire publicitaire constitue un obstacle majeur à la remise en cause du modèle dominant » Ce consumérisme exacerbé doit faire l’objet d’une régulation volontariste au niveau européen nous dit l’auteur. Il consacre son premier chapitre à l’analyse de « l’industrialisation des désirs » prônée par le célèbre Edward Bernays dans son livre « Propaganda. Comment manipuler l’opinion en démocratie ».
« Tant par sa forme que par les messages qu’elle véhicule, la publicité reproduit les rapports de domination qui sont à l’œuvre dans le monde » souligne David Corman. L’Autorité de régulation professionnelle de la publicité, instance gérée par les annonceurs eux-mêmes, est censée garantir une certaine déontologie. Ce qui n’empêche pas les publicitaires de conforter les stéréotypes les plus éculés. Notamment sur les ménagères de moins de 50 ans, ou sur les hommes noirs et les femmes blondes qui relèvent du « colorisme » dénoncé par de nombreux auteurs dont Pap Ndiaye. La publicité réduit le citoyen au rôle de consommateur passif relève l’auteur qui va jusqu’à dénoncer « la violation de notre intimité et de nos droits fondamentaux ».
David Corman ne se borne pas à un constat désabusé. Il propose neuf chantiers de régulation pouvant être mis en œuvre au niveau européen. : interdictions sectorielles (comme celles existant sur le tabac et l’alcool), refus de l’écoblanchiment mensonger, diminution du volume publicitaire, dénoncer l’obsolescence programmée, mettre fin au ciblage (collecte des données en fonction des achats), lutter contre la reproduction des discriminations, mettre fin au monopole des multinationales sur l’exposition publicitaire, garantir une information intègre et mettre fin à l’autorégulation qui échoue à protéger et à informer les citoyens/consommateurs et à préserver les écosystèmes et le climat. Une série de propositions concrètes pour rendre la pub moins intrusive et moins invasive…