
Vivien Soldé a soutenu sa thèse en décembre 2022 à l’Université de Reims Champagne-Ardenne. Il est désormais docteur en Sciences de l’éducation et de la formation et en Sciences de l’information et de la communication. Le titre de sa thèse est « Le cinéma dans l’éducation populaire en France : Étude comparative des réseaux confessionnels et laïques de la Libération aux années 1980 ». Elle est intégralement en accès libre. Elle a été soutenue sous la direction de Françoise Laot , professeure d'université à l'Université Paris 8 Vincennes Saint-Denis, et de Pascal Laborderie, maître de conférences à l’Université de Reims Champagne-Ardenne, auteur notamment de « La Ligue de l’enseignement et le cinéma. Une histoire de l’éducation à l’image (1945-1989) » . Vivien Soldé a notamment conçu avec la Ligue de l’enseignement une exposition inspirée par l’ouvrage collectif « Les ciné-clubs à l’affiche ».

Vivien Soldé s’est investi sur le champ de l’éducation populaire cinématographique. Il précise : "par « éducation cinématographique », nous n’entendons pas l’instruction par le cinéma, c’est-à-dire l’utilisation de films dits « éducatifs » ayant pour but de transmettre des savoirs précis (géographie, histoire, sciences…). L’éducation cinématographique dépasse la simple éducation à l’image et au langage cinématographique. Elle est notamment un moyen de transmettre des idées politiques, des valeurs, des visions du monde, des manières de regarder, afin d’éduquer le citoyen et de construire une culture à la fois esthétique et politique chez le spectateur". Le champ de l’éducation populaire cinématographique est constitué d’environ une dizaine de fédérations qui seront reconnues officiellement par le Centre National de la Cinématographie (depuis 2009 Centre national du cinéma et de l’image animée) et le bureau de la Jeunesse et des Sports. Il s’agit d’une recherche comparative sur les identités des fédérations. Les appartenances confessionnelles sont affirmées. La Fédération loisirs et culture cinématographique (Flecc) et la Fédération des associations des ciné-clubs (Fac) sont catholiques. Film et vie est protestante. Film et famille est chrétienne, alliant protestants et catholiques.

Concernant les réseaux laïques, la définition est plus difficile à arrêter. Une fédération se réclame d’emblée de la militance laïque : l’Union française des œuvres du cinéma éducateur laïque (Ufocel), affiliée à la Ligue de l’enseignement. C’est moins net pour d’autres. Certaines sont très proches de mouvements politiques comme la Fédération française des ciné-clubs (FFCC) qui naît sous l’égide communiste. D’autres se veulent apartisanes, apolitiques et/ou non confessionnelles. Toutes ces fédérations n’étaient pas exclusivement réservées aux ciné-clubs et aux spectateurs se considérant de la même obédience. Elles rivalisaient pour influencer les publics les plus divers. Mais les luttes communes étaient nombreuses (loi du non-commercial, reconnaissance du « modèle ciné-club », valorisation d’œuvres de qualité...).

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L’analyse de Vivien Soldé se compose de trois parties. La première consiste en une recherche institutionnelle afin d’interroger la réalité structurelle du clivage. La seconde propose de s’attarder plus précisément sur les discours éducatifs dans un enjeu d’étude des distinctions (au sens de Pierre Bourdieu). La troisième présente les positionnements et évolutions des fédérations sur les questions liées à la censure. Ce sujet est le plus clivant entre les réseaux laïques et confessionnels. S’ils tombent d’accord pour dire que le cinéma peut avoir une influence néfaste, en particulier sur la jeunesse, les méthodes mises en place pour contrer ses effets négatifs ne sont pas les mêmes. Elles ont généralement pour but d’influencer la censure institutionnelle, y compris en participant aux structures de contrôle. La polémique la plus marquante est celle qui s’est développée en 1966 autour du film de Jacques Rivette : « Suzanne Simonin, la Religieuse de Diderot ». Vivien Soldé y consacre une douzaine de pages. Les polémiques ultérieures, décrites avec précision, portent sur l’érotisme au cinéma. Une des nombreuses facettes de la grande aventure du cinéma au sein de l’éducation populaire…
La photo des couvertures de revues et la photo des enfants prise Rue Juliette Récamier, au siège de la Ligue de l'enseignement, sont dues à l'excellente Encyclopédie dl'histoire numérique de l'Europe, dans un article de Vivien Soldé intitulé "Les mouvements ciné-clubs en France".
Pascal Laborderie est un des deux directeurs qui ont accompagné Vivien Soldé dans l’élaboration de sa thèse. Il est maître de conférences habilité à diriger des recherches en sciences de l'information et de la communication, auteur de "Education populaire, laïcité et cinéma. Une médiation culturelle en mouvement" L'Harmattan; "Le Cinéma éducateur laïque" L’Harmattan et coordinateur de "La Ligue de l’enseignement et le cinéma. Une histoire de l’éducation à l’image (1945-1989)" .
Pascal Laborderie est intervenu lors des Rencontres laïques « Laïcité et cinéma » organisées par la Ligue de l’enseignement le 8 décembre 2022 :